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NAVIRE (étymologie)

NAVIRE: avec navire, nous rencontrons un mot dont l'origine remonte très haut et dont la famille est très vaste. Navire vient d'un mot bas latin navilium. d'introduction tardive et savante, qui est passé par les formes navilie et navirie (le second i ne constitue pas une syllabe : il intervient comme un yod qui mouille la consonne précédente). Navilium nous fait remonter au latin classique navigium et celui-ci au verbe navigare. Navigare est fait lui-même sur le mot classique navis (navire) qui reprend le grec naus (même sens) et nous conduit plus loin encore, jusqu'au sanskrit nâus. Chez ces lointains ancêtres, nous découvrons le vocabulaire suivant. Une naumachie est un combat sur l'eau (latin naumachia. sur le grec naus = «navire» et makhè = «combat»). Nausée (mal de mer) vient, par le latin nausea. du grec nautia (même sens), sur naus. Nausea g donné en ancien français le doublet noise, demeuré dans notre expression chercher noise à quelqu'un. Nausée a comme dérivés nauséeux et nauséabond. Le grec naus a donné dans cette langue nautès puis nautilos et nautikos (matelot) devenu en latin nauticus et en français l'adjectif nautique {mille nautique : mesure de longueur marine de 1 852 mètres) avec les dérivés motonau-tique, motonautisme. L'équivalent latin du grec nautès est le mot nauta que nous retrouvons en composition dans des mots français comme astronaute, cosmonaute (radicaux: astre ou kosmos = «univers»). Nauta a donné nauto (génitif : nautonis) en latin populaire, ce qui a amené la création en provençal des mots nauton et nautonier (encore en usage, par exemple pour désigner le dieu Charon, « nautonier des Enfers » : il fait traverser aux âmes le fleuve des Enfers). Restons désormais chez les descendants directs de nos mots latins. Nous y trouvons en premier lieu le verbe naviguer, doublet savant de nager, et, sur naviguer : navigable, navigabilité, navigant, navigation, navigateur. Navis a donné l'adjectif navalis. d'où le français naval; il a encore donné le diminutif navicula => navicule (dérivé : naviculaire) et un autre diminutif navicella => nacelle. Sur l'accusatif de navis. le cas régime nave(m) (le v devenu final par la chute du e passe à f). l'ancien français a fabriqué la forme nef qui désigne ce qu'on appelle encore le «vaisseau» d'une église (compris entre le portail et le chœur). Son diminutif navette désigne encore la petite pièce de bois en forme de bateau que le tisserand déplace dans un mouvement alternatif. Ce mouvement d'aller et retour est à l'origine de l'expression faire la navette et du substantif navette au sens de «véhicule (éventuellement spatial) qui fait les liaisons en multipliant les allers et retours ». La contraction du mot navica (venu de navis) a donné en latin populaire nauca, devenu en français le mot noue (angle rentrant formé par la rencontre de deux combles). La noue ressemble au creux de la coque d'un navire. On voit combien la forme du bateau a inspiré de termes employés par analogie. Enfin, en composition, navis, avec le verbe frangere (briser), aboutit au substantif naufragium, d'où le français naufrage, par adaptation savante (dérivés : naufrager, naufrageur).

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