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MYTHE (étymologie)

MYTHE vient du grec muthos (parole; récit; légende). C'est le sens de « légende » qui est passé en français. Mots de la famille : mythique, mythographe, mythologie (ensemble de mythes propres à un peuple), mythologique. La mythomanie est un «déséquilibre psychique qui pousse au mensonge, à la simulation». Celui qui en souffre est mythomane. Le verbe mythifier, fabriqué comme les verbes en -fier, signifie «fabriquer des mythes» (des inventions) ou « élever à la hauteur d'un mythe », c'est-à-dire « transformer en fait ou en personnage digne de la légende (avec parfois l'idée de tromperie)». Mais ne pas confondre avec mystifier.
MYTHE nom masc. - 1. Récit fabuleux qui, dans une société donnée, traduit une certaine vision du monde et de la réalité commune aux individus. 2. Récit poétique traduisant sous forme imagée une doctrine ou une idée philosophique. 3. Représentation collective déformée d’une idée ou d’une réalité.
ÉTYM. : du grec muthos = « récit », « fable ».
Au premier sens, on parle du mythe d’Œdipe, du mythe d’Orphée mais aussi de celui de Tristan et Yseut ou de Faust. Le mythe est un récit légendaire qui peut appartenir de manière anonyme à la culture d’une société ou avoir été forgé par un écrivain ou un artiste, mais qui a toujours pris une dimension collective en laquelle les individus se reconnaissent. Sous forme de récit, le mythe porte avec lui une certaine conception du monde, des lois que l’individu doit accepter, du fonctionnement de la société. Considéré autrefois comme une chimère, une fable que la science et la raison se devaient de dissiper, le mythe est aujourd’hui l’objet d’une grande attention de la part des ethnologues, des anthropologues et des philosophes (Eliade, Lévi-Strauss, Girard) qui cherchent soit à en étudier la structure soit à en comprendre la fonction sociale. La littérature moderne a également trouvé dans le mythe une source essentielle d’inspiration. Romanciers, poètes et dramaturges contemporains se sont approprié certains des mythes les plus célèbres de l’humanité pour en donner comme de nouvelles versions littéraires. C’est le cas, par exemple, de Joyce (Ulysse), d’Anouilh (Antigone) de Cocteau (Orphée), de Pierre Emmanuel (Tombeau d’Orphée) ou, plus près de nous, de Michel Tournier (Le Roi des Aulnes, Les Météores). Au deuxième sens, le terme sert à désigner un récit comme celui auquel Platon a recours dans le livre VII de La République et qui lui permet d’expliquer ce qu’est le monde des Idées : on parle du mythe de la caverne. Au troisième sens, le terme est plus difficile à cerner. On parlera de mythe chaque fois qu’une image cohérente et importante s’est constituée dans l’imaginaire collectif d’une société qui vise à donner une grandeur presque fabuleuse et surnaturelle à une réalité. On dira par exemple que, de Napoléon à de Gaulle en passant par Pétain, l’imaginaire politique français semble dominé par le mythe du sauveur ou de l’homme providentiel. C’est un peu dans cette perspective que Barthes, dans son ouvrage Mythologies, a défini le mythe. Celui-ci est pour lui une parole mystificatrice qui vise à présenter comme naturelle et donc nécessaire une réalité qui est en fait le produit historique de l’idéologie petite-bourgeoise qui domine la France des années 50. Barthes analyse ainsi le langage de la publicité et de la presse en montrant que derrière les images qui nous sont présentées se dissimule en fait tout un discours qui est celui de la « doxa », de l’opinion commune, de l’idéologie.