MYSTERE (étymologie)
, par le latin mysterium, vient du grec mustèrion. Au pluriel, mustèria désignait les cérémonies secrètes célébrées en Grèce, à Eleusis, en l'honneur de la déesse Déméter. Le mot vient du verbe muein = «se fermer; être fermé; clore» et plus particulièrement «clore ses lèvres». Racine mu = «mouvoir, bouger». L'initié aux mystères, le myste (grec mustès) devait «clore ses lèvres». Le mot a peut-être été employé par antiphrase (sens contraire de ce que sa racine exprime initialement). Le mot mystère, transposition savante, a été repris en particulier par la religion chrétienne avant de trouver le sens neutre de «chose cachée». Par confusion avec ministerium (voir métier) on a appelé mystère, au Moyen Age, une représentation théâtrale. Dérivé : mystérieux. Signalons parmi les mots de la famille le terme mystagogue, sur le verbe mystagôgos (agein = conduire), qui désigne celui «qui conduit les initiés» (mystes : voir ci-dessus). D'où le mot mystago-gie = «initiation aux mystères». Avec un élément emprunté aux verbes en -fier a été créé le verbe mystifier = « tromper quelqu'un en abusant de sa crédulité». Il ne faut pas confondre ce verbe avec le verbe mythifier = «élever à la hauteur d'un mythe»). Sur mystifier ont été créés mystificateur, mystification, démystifier. Enfin l'adjectif (et nom) mystique (relatif aux mystères) est venu, par le latin mysticus, du grec mustikos. Mystique a pris un sens particulier par son usage dans le vocabulaire chrétien : « qui se complaît dans la méditation des mystères et plus généralement dans la réflexion religieuse transcendante». D'où mysticisme et mysticité. MYSTERE nom masc. - Forme dramatique propre à la littérature médiévale empruntant en général ses sujets à la Bible et mettant en scène le plus souvent la création de l’homme, sa chute et sa rédemption. ÉTYM. : du grec mustèrion de mustès - « initié ». Dans le sens étudié ici de « représentation dramatique », une autre étymologie fait remonter le mot au latin ministerium - « office ». Se déroulant sur plusieurs jours, nécessitant des moyens considérables - acteurs, décors, costumes -, véritables fêtes populaires dans lesquelles se marquait la cohésion de la société médiévale, les mystères constituaient les plus ambitieux des spectacles du Moyen Âge. Toujours d’inspiration religieuse, leurs sujets étaient divers, mais tournaient dans la plupart des cas autour de la vie du Christ dont la naissance, la résurrection et surtout la Passion constituaient les temps forts du spectacle. Parmi les grands mystères dont nous avons conservé les textes, il faut citer Le Mystère de la Passion d’Arnoul Gréban et la Passion d'Arras d’Eustache Marcadé. Le genre se développa au XIVe siècle et surtout au XVe siècle, mais connut à la Renaissance un déclin rapide et important. Sa nature religieuse fut altérée et l’idée même de mettre en scène le texte biblique fut considérée soit comme impie soit comme incompatible avec le nouvel esprit du temps. Les mystères furent interdits en 1548 par le Parlement de Paris. —> Miracle