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Mot-valise (nom masc.)

Mot-valise (nom masc.)
La rencontre de deux mots peut aboutir à la formation d’un seul mot, nouveau dans la langue, que l’on appelle mot-valise.
Exemples
1. D’égal à égal, de façon toute famillionnaire. (Sigmund Freud, le Mot d'esprit dans ses rapports avec l'inconscient.)
2. Camembour: style de blague que l'on aime bien faire entre la poire et le fromage. (Alain Finkielkraut, Ralentir: mots-valises!) 3. Watermanie. (Publicité Waterman.)
Commentaire
Le mot-valise est la plupart du temps le résultat d’un lapsus. Freud étudia longuement la part que l’inconscient prenait à sa formation, entre autres dans son commentaire de la plaisanterie de Heine, disant que son banquier l’avait traité de « façon toute famillionnaire » (ex. 1). Parfois aussi, on trouve des mots-valises dans des écrits littéraires : on doit alors les considérer comme des néologismes destinés à provoquer le rire ou la réflexion (ex. 2). Enfin, les mots-valises rencontrent un grand succès auprès des publicitaires (ex. 3). Dans tous les cas, leur richesse de sens produit un effet choc.
MOT-VALISE nom masc. — Mot formé de la combinaison d’éléments empruntés à d’autres mots.
ETYM. : de « mot » et « valise », peut-être par allusion à l’entassement des choses dans une valise. Pour définir l’exotisme du roman de Flaubert Salambô qui se déroule à Carthage, le critique Sainte-Beuve avait, par exemple, eu recours au mot-valise « carthaginoiserie » formé à partir d’éléments empruntés au mot « carthaginois » et au mot « chinoiserie ». Le procédé appartient à la langue courante (exemple : motel), mais il a été utilisé essentiellement par des auteurs de langue anglaise : Lewis Carroll et surtout James Joyce qui, dans Finnegans Wake, a eu recours à cette technique tout au long de son roman. Chaque mot, ou presque, est de ce fait à lire comme l’emboîtement de plusieurs mots empruntés à deux langues très diverses. On donnera ici deux exemples simples et connus empruntés au texte de Joyce : « Sansglorians » est un mot-valise qui peut se lire comme la combinaison de « sans » et de « gloire », mais aussi de « sang » et de « gloire » ou encore de « sanglot » et de « riant ». De même « Forsin » peut signifier aussi bien « pour le péché » (For/sin) que prévu » (« foreseen »). On voit que le mot-valise, par la condensation à laquelle il se livre, oblige le lecteur à un décryptage qui révèle des significations quelquefois multiples. Le mot-valise s’apparente de ce fait au jeu de mots et au lapsus.


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