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MOSSADEGH Muhammad Hedayat (1881-1967)

Homme politique iranien.

La carrière de Muhammad Hedayat Mossadegh est exemplaire par sa longévité, la diversité des responsabilités assumées mais aussi, et surtout, par sa clairvoyance politique incontestable. Très tôt conscient que l’ingérence des puissances étrangères - britannique essentiellement - entrave le développement de son pays, ce juriste francophone adopte une ligne nationaliste dont il ne déviera pas. Successivement ministre de la Justice, des Finances et des Affaires étrangères entre 1921 et 1923, il n’hésitera pas, devenu député, à s’opposer à la destitution de la dynastie des Kadjars par Reza Chah Pahlavi, ce qui lui vaudra l’emprisonnement puis l’assignation à la résidence surveillée jusqu’en 1941.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la question du pétrole devient centrale en Iran, les Britanniques voulant proroger l’accord de 1933 qui leur octroie la mainmise sur l’or noir iranien. Cette volonté va se heurter à l’intransigeance de M. H. Mossadegh qui, ayant créé un parti politique, le Front national, est de nouveau élu député après une campagne électorale centrée sur la nationalisation du pétrole. La décision de mettre en œuvre celle-ci est votée le 15 mars 1951 et M. H. Mossadegh est nommé Premier ministre. C’est la première fois qu’un pays du tiers monde ose s’en prendre aux intérêts d’une puissance impérialiste ; la réaction de Londres est immédiate : l’Iran est placé sous embargo économique. La production de pétrole iranien passe de 30 millions de tonnes en 1951 à un million en 1953…

En juillet 1952, confronté au refus du chah de lui confier le ministère de la Guerre, M. H. Mossadegh démissionne. Mais devant l’explosion du mécontentement populaire, le chah est obligé de le rappeler. Face aux intrigues de la cour, aux manœuvres anglo-américaines, à la prise de distance des propriétaires fonciers et des bazari (commerçants), à la défection de l’aile religieuse du gouvernement et surtout à l’aggravation des privations de la population, le Premier ministre perd peu à peu ses soutiens. Il reste impuissant devant les deux coups d’État fomentés successivement par la CIA (Central Intelligence Agency, États-Unis) en août 1953. M. H. Mossadegh est condamné à trois ans de prison et finit sa vie en résidence surveillée.

Malgré son échec, le mouvement national lancé par M. H. Mossadegh a ressemblé à une révolution par son ampleur et par les changements politiques qu’il a entraînés. Il a permis à la nation iranienne de prendre conscience de ses droits et de se sentir pour la première fois, depuis une longue période, solidaire de son gouvernement.

Mossadegh, Muhammad Hidayat (Téhéran 1881 -id. 1967); Premier ministre de l’Iran [1951-1953].

M. suit des études universitaires en Europe avant de devenir haut fonctionnaire et plusieurs fois ministre à partir de 1921. Réformiste, il admire la Turquie kémaliste, ce qui lui vaut d’être emprisonné par Reza Shah jusqu’en 1941. Il dirige le Front national hostile à toute aliénation de l’Iran à une puissance étrangère et favorable à un développement autonome du pays. Élu député, il s’oppose ainsi à l’octroi de concessions pétrolières à l’URSS en 1946. Maîtriser la principale ressource économique de l’Iran l’amène à plaider en faveur de la nationalisation de l'Anglo-Iranian Oil Company qui exploite le pétrole iranien. Premier ministre à partir de mars 1951, il parvient à faire voter la loi de nationalisation avec le soutien des communistes du parti Toudeh, provoquant de vives protestations de la part de la Grande-Bretagne. Soutenu par une opinion publique anglophobe, il doit faire face aux pressions britanniques et aux intrigues des États-Unis qui cherchent à le renverser. Avec l’appui des militaires du général Zahédi, ces derniers parviennent à le chasser en août 1953, installant au profit du shah un régime répressif qui leur est acquis. Emprisonné jusqu’en 1956, M. a inspiré d’autres tentatives de contrôle des richesses nationales, comme celles de Nasser, et a nourri une postérité politique en la personne de Chapour Bakhtiar.

Bibliographie : M. Mozafari, L’Iran, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1978 ; J.-P. Derrienic, Le Moyen-Orient au xxe siècle, 1980, p. 143 sqq.

MOSSADEGH, Mohammad HE-DAYAT, dit (Téhéran, 1881-id., 1967). Homme politique iranien. Il se fit, en pleine guerre froide, le défenseur d'une politique d'indépendance à l'égard des deux blocs mais échoua dans sa politique. Issu d'un milieu aisé, élevé en Occident, docteur en droit, il devint ministre des Finances (1921) puis ministre des Affaires étrangères (1923-1925). Réélu député en 1944, il fonda le Front national, allié au grand parti de gauche Toudeh. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il fit échouer un projet de concessions pétrolières à l'URSS et, nommé Premier ministre du général Zahedi en 1951, il fit voter la nationalisation de la plus grande société pétrolière britannique, l'Anglo-Iranian Oil Company. Cependant, les représailles économiques (boycott du pétrole iranien nationalisé) et les difficultés intérieures provoquèrent le renversement de Mossadegh par le coup d'État militaire, soutenu par les Américains (1953). Mohammad Reza rétablit peu à peu une monarchie absolue. Mossadegh, après avoir été emprisonné, vécut dans la retraite jusqu'à sa mort.

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