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Monologue (nom masc.)

monologue, discours d’une personne qui parle seule.
L’enfant jeune, sans camarade, monologue en jouant, s’adressant aux personnes imaginaires de son champ ludique. Lorsque ce comportement se retrouve à l’âge adulte, il a une signification pathologique.


Monologue (nom masc.)
Le mot monologue appartient d’abord au vocabulaire du théâtre : il désigne une scène dans laquelle un personnage parle seul, pour lui-même ou pour les spectateurs. Par extension, un monologue est un long discours qui accapare la parole et ne laisse pas aux autres le loisir de s’exprimer.
Exemple
Phèdre. — Il sort. Quelle nouvelle a frappé mon oreille ? Quel feu mal étouffé dans mon cœur se réveille ? Quel coup de foudre, ô Ciel ! et quel funeste avis ! Je volais toute entière au secours de son fils; Et m’arrachant des bras d’Œnone épouvantée, Je cédais au remords dont j’étais tourmentée. Qui sait même où m’allait porter ce repentir ? Peut-être à m’accuser j’aurais pu consentir; Peut-être, si la voix ne m'eût été coupée, L’affreuse vérité me serait échappée. Hippolyte est sensible, et ne sent rien pour moi! Aricie a son cœur! Aricie a sa foi! Ah, Dieux! Lorsqu’à mes vœux l'ingrat inexorable S’armait d’un œil si fier, d’un front si redoutable, Je pensais qu'à l’amour son cœur toujours fermé Fût contre tout mon sexe également armé. Une autre cependant a fléchi son audace ; Devant ses yeux cruels une autre a trouvé grâce. Peut-être a-t-il un cœur facile à s’attendrir. Je suis le seul objet qu’il ne saurait souffrir; Et je me chargerais du soin de le défendre ?
Jean Racine, Phèdre, acte IV, sc. 5.)
Commentaire
Le monologue de théâtre traduit généralement le paroxysme d’une situation dramatique. Très intense sur le plan émotionnel, il permet au héros d’exprimer ses sentiments profonds dans l’absolu de sa solitude. Par sa valeur descriptive, il interrompt le rythme de l'intrigue, laissant place à une réflexion ou à un exposé qui aboutit souvent à une décision. Lorsque le monologue met à découvert les travers d’un personnage, il peut produire un effet comique. Le procédé est d’ailleurs largement utilisé par les auteurs de farces et de comédies.
♦ monologue intérieur
Discours à la première personne, dans lequel un personnage pense tout haut, au gré de sa conscience.
Exemple
Je suis dans la chambre de ma mère. C’est moi qui y vis maintenant. Je ne sais pas comment j’y suis arrivé. Dans une ambulance peut-être, un véhicule quelconque certainement. On m’a aidé. Seul je ne serais pas arrivé. (Samuel Beckett, Molloy.)
Commentaire
Le monologue intérieur saisit la pensée à sa source, avant qu’elle ait subi les transformations liées à la communication pour autrui. Son organisation ne suit donc pas la logique habituelle; elle obéit plutôt aux caprices de la conscience. Le monologue intérieur, qui se présente comme une parole authentique et confidentielle, se démarque du monologue, plus construit et plus ciblé.
MONOLOGUE, n. m. (du grec monos, «seul» et logos, « parole»).
1° Au théâtre, dans un moment crucial, scène au cours de laquelle le personnage, seul, exprime à voix haute ce qu’il pense et ressent. Le personnage parle comme s’il était seul face à lui-même, mais c’est bien sûr une convention qui permet à l’auteur de faire connaître aux spectateurs les états d’âme, les conflits intérieurs ou les intentions secrètes qui animent le protagoniste. On peut citer comme exemple la méditation de Hamlet, « To be or not to be, that is the question», ou bien, dans le genre comique, le discours fou d’Harpagon dépossédé de sa cassette. Le monologue se distingue de la tirade (long discours ininterrompu, mais adressé à des interlocuteurs) et de l’aparté (courte réplique que le personnage s’adresse à lui-même sans être entendu de ses partenaires, mais perçu par le public). La plupart des monologues sont particulièrement soignés par les auteurs, constituant ce qu’on appelle des «morceaux de bravoure» dans lesquels les comédiens exercent pleinement leur talent.
2° Dans la vie courante, on appelle souvent monologue un long discours d’une personne qui ne laisse pas parler ses interlocuteurs (et a tendance à s’écouter parler). Mais le mot s’emploie aussi, de façon conforme à l’étymologie, pour évoquer le comportement de quelqu’un qui se parle à soi-même, qui pense à voix haute (dans la solitude, ou en déambulant sur le trottoir). Voir Monologue intérieur et Soliloque.
MONOLOGUE INTÉRIEUR. 1° Longue suite de pensées incessantes qui se déroulent comme un monologue, un soliloque intérieur, dans la conscience d’une personne.
2° Dans la littérature romanesque, technique par laquelle le romancier, au lieu d’analyser les états successifs de la conscience de son personnage en parlant de lui à la troisième personne (en gardant sa distance de narrateur), nous fait entrer directement dans le flux d’impressions et de pensées qui se déroulent dans la conscience du personnage, avec leur spontanéité et leur désordre apparent de paroles inachevées, dites à la première personne du singulier. Le fait de faire monologuer le personnage, au cours d’un récit, est ancien. Stendhal y recourt lorsqu’il écrit par exemple : «Le comte était amoureux. Si la duchesse part, je la suis, se disait-il ; mais voudra-t-elle de moi à sa suite ? Voilà la question». Mais la technique du monologue intérieur va plus loin : elle ne fait pas la distinction entre le cours du récit et la subite plongée dans le for intérieur du personnage; et, d’autre part, elle ne fait pas parler celui-ci en phrases bien léchées et en quelque sorte «écrites» : on a droit au contraire à un flux verbal, au fil des associations d’idées du héros. C’est James Joyce qui a véritablement mis au point ce procédé (Ulysse, 1922).
MONOLOGUE nom masc. - 1. Scène théâtrale au cours de laquelle un personnage parle seul de manière à faire connaître au spectateur ses idées ou ses sentiments. 2. Texte bref, souvent comique, devant être dit par un seul acteur. ÉTYM. : du grec mono - « un » et logos = « discours ». Le monologue — au premier sens - est un des éléments essentiels du texte théâtral. Dans la mesure où le théâtre est un art du dialogue et de l’action, le monologue pourrait être considéré comme antithéâtral : il rompt avec les conventions et les règles, puisqu’il constitue une parenthèse dans l’action et que l’acteur, au mépris de la vraisemblance, se met à parler seul et à voix haute, suspendant ainsi le dialogue avec les autres protagonistes de la pièce. Parenthèse dans l’action, suspension du dialogue, le monologue est cependant indispensable dans nombre de pièces. Il permet essentiellement au spectateur de prendre connaissance de ce qui ne peut lui être montré directement sur la scène : les conflits intérieurs des personnages, leurs sentiments cachés, les convictions dont l’exposition ne pourrait se faire sous forme dialoguée. Certains monologues comptent parmi les passages les plus célèbres du répertoire théâtral, ceux qui fournissent aux acteurs l’occasion de donner toute la mesure de leur talent : le monologue de Rodrigue dans Le Cid, celui d’Harpagon dans L'Avare, celui d’Hamlet ou de Macbeth chez Shakespeare. Parmi les exemples de monologues — au second sens —, on peut citer Les Méfaits du tabac de Tchékhov.
MONOLOGUE INTÉRIEUR - Technique romanesque qui consiste à donner l’impression au lecteur que l’auteur retranscrit directement sur la page les pensées de son personnage. Le monologue intérieur, en principe, se veut le reflet direct du flux des pensées, des émotions, des images qui existe en permanence en nous. Il n’en est bien entendu que la reconstitution dans la mesure où le texte ne se contente pas d’enregistrer une réalité extérieure à lui, mais en est la « construction » littéraire. Cependant, le monologue cherche à donner au lecteur une impression de spontanéité, d’immédiateté : il joue donc, alors même qu’il est très minutieusement écrit, à feindre le désordre, l’inachèvement, la maladresse, l’incohérence. On fait d’ordinaire remonter la technique du « monologue intérieur » à un romancier aujourd’hui bien oublié, Édouard Dujardin, et à son roman Les lauriers sont coupés (1888). Le véritable inventeur en est cependant le romancier irlandais James Joyce qui, dans Ulysse (1922), a recours à de nombreuses reprises à cette technique. L’exemple le plus achevé et le plus significatif est sans doute à chercher dans les dernières pages de ce livre où Joyce, dans un flux de mots sans ponctuation, retranscrit les pensées nocturnes de son héroïne, Molly Bloom, qui, à mi-chemin entre le sommeil et la veille, évoque dans un désordre apparent sa vie quotidienne, ses désirs et ses souvenirs. Le monologue intérieur, depuis Joyce, est devenu une des techniques romanesques de prédilection de la littérature d’avant-garde. On en trouvera des illustrations chez Virginia Woolf (Mrs Dalloway, 1925), William Faulkner (Le Bruit et la Fureur, 1929) et dans les romans de Claude Simon.
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