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Mohammed Dib

Né en 1920 à Tlemcem (Algérie), Mohammed Dib, après ses études secondaires, exerce divers métiers : instituteur, dessinateur, tisserand, journaliste, comptable. En 1952, il publie son premier roman, la Grande Maison. Il vit en France depuis 1959. En 1952, avec la Grande Maison, Mohammed Dib fut l’un des premiers écrivains à parler de la réalité algérienne dans ses profondeurs et depuis ses profondeurs. Ce qu’il décrit, ce n’est point comme Camus ou Roblès la société pied-noir et ces grandes cités où toutes le populations se croisent et cohabitent, c’est le monde d’une famille musulmane habitant une maison, un quartier où la tradition est demeurée intacte, même si l’on y a adopté artificiellement certaines modes européennes et si l’on y subit le poids de la colonisation. Dans ce roman comme dans les suivants : l’incendie et le Métier à tisser, Dib donne la parole aux siens moins par souci de revendication politique immédiate que pour faire connaître ce qu’ils sont, pour témoigner d’une civilisation et de ses formes, d’une culture ancestrale et d’une humanité profonde. Avec Un été africain et Qui se souvient de la mer, plus encore avec la Danse du roi, publié six ans après l’indépendance de l’Algérie, mais encore hanté par le souvenir des djebels et de la violence, son art à la fois s’affine et s’actualise : même si demeure au premier plan le souci de montrer la vérité des personnages et la permanence d’une civilisation, le récit est traversé par l’histoire comme la tradition soumise à la pierre de touche de l’événement. Et si dans Habel, son dernier roman, il abandonne les rivages de l’Algérie, c’est pour dire sous forme d’une parabole où jouent l’amour, la folie et la mort la condition de l’exilé qui est expérience radicale de l’absurde et de l’étrangeté. Mais n’écrit-il pas dans les beaux poèmes d'Omneros : « ...exil / étranges bords n 'ayant cure de rien ». ► Bibliographie
Romans : Aux éditions du Seuil : la Grande Maison, prix Fénéon, 1952 ; l'incendie, 1954 ; le Métier à tisser, 1957 ; Un été africain, 1959 ; Qui se souvient de la mer, 1962 ; Cours sur la rive sauvage, 1964 ; la Danse du roi, 1968 ; Dieu en Barbarie, 1970 ; le Maître de chasse, 1973 ; Habel, 1977. Nouvelles : Au café, Gallimard, 1955 ; le Talisman, Seuil, 1966 ; Poèmes : Ombre gardienne, Gallimard, 1960 ; Formulaires, Seuil, 1970 ; Omneros, Seuil, 1975.