MÉSOPOTAMIE
Nom d'origine grecque, signifiant « le Pays entre les fleuves », donné au bassin du Tigre et de l'Euphrate, en Asie occidentale. La Mésopotamie constitue une vaste plaine (environ 140 000 km2) s'inclinant doucement vers le golfe Persique, entourée à l'E. par les monts du Zagros (Iran occidental), au N. par les monts d'Arménie, au N.-O. par le plateau d'Asie Mineure, à l'O. par le désert de Syrie, au S. par le désert d'Arabie. À la haute Mésopotamie, région assez sèche et steppique, s'oppose géographiquement la basse Mésopotamie, qui, environ 5 000 ans avant le début de notre ère, était encore une plaine chaude et marécageuse, d'une fécondité exubérante. À chaque printemps, de mars à mai, la basse Mésopotamie était inondée par les crues du Tigre et de l'Euphrate ; cette donnée géographique a favorisé le développement de civilisations agricoles au prix de grands travaux pour endiguer les fleuves, drainer les terres et canaliser les eaux. Entourées de presque tous les côtés par des pays arides, les plaines mésopotamiennes ont attiré les montagnards de l'Est et du Nord, aussi bien que les nomades du désert. Par ailleurs, la Mésopotamie communique aisément, par la Syrie du Nord, avec la Méditerranée et l'Égypte ; elle devait donc être, pendant de longs siècles, une voie de passage pour les migrations et les échanges en provenance de l'Asie centrale par le plateau iranien ou de l'Europe centrale et orientale par le plateau d'Asie Mineure. Des origines à la chute de l'Assyrie De l'Empire néobabylonien à la conquête arabe Des origines à la chute de l'Assyrie Au paléolithique, entre - 60 000/- 25 000, des néandertaliens ont vécu dans la grotte de Shanidar, au N. de l'Irak. Aux VIIIe et VIIe millénaires commença en haute Mésopotamie la néolithisation qui a laissé ses principaux vestiges à Muallafat, Jarmo et Mureybet. À partir du IVe millénaire, qui vit l'apparition du cuivre, on distingue quatre centres de civilisations successives : Hassouna, Samarra et tell Halaf au N., El-Obeid au S. À la fin du IVe millénaire s'épanouit la civilisation d'Ourouk, avec le début de la civilisation urbaine qui a gagné le bassin mésopotamien et le plateau iranien. À ce moment la basse Mésopotamie était occupée par un peuple d'origine inconnue, les Sumériens, qui fondèrent de petites cités-États : Ourouk, Our, Kish, Eridou, Lagash, etc. La première dynastie d'Our aurait été fondée vers 2560 av. J.-C. Puis les Sumériens d'Ourouk, conduits par Lougalzagesi, soumirent Lagash et fondèrent un Empire sumérien (vers 2340). Mais, dès cette époque, des populations de langue sémitique, installées depuis longtemps en Mésopotamie centrale et méridionale, avaient pris une place de plus en plus importante au sein de la société sumérienne. Sous Sargon l'Ancien, ces Sémites imposèrent leur autorité et fondèrent l'empire d'Akkad (vers 2316), qui s'étendit du golfe Persique à la Méditerranée ; mais il dura un siècle à peine et s'effondra sous les coups des Gouti, montagnards descendus du Zagros. Les Sumériens reprirent alors la primauté avec Goudéa, prince de Lagash (vers 2141/22 av. J.-C.), et Our-nammou, fondateur de la IIIe dynastie d'Our (vers 2112/2095 av. J.-C.). Mais, au tournant du millénaire, la Mésopotamie subit les raids des Élamites du Sud iranien (v. ÉLAM), et une nouvelle population de langue sémitique, les Amorrites, mit un terme définitif aux cités-États sumériennes. Comme les Akkadins, ils adoptèrent l'écriture cunéiforme, créée par les Sumériens, pour noter leur propre langue. Au début du IIe millénaire, l'essor du premier Empire assyrien (v. ASSYRIE) fut brisé par la Ire dynastie de Babylone, qui atteignit son apogée sous Hammourabi (vers 1792/50 av. J.-C.). De son uvre administrative et juridique survit notamment le recueil juridique dit Code de Hammourabi. Mais ce premier royaume de Babylone n'eut, lui aussi, qu'une existence éphémère, car tous les rapports de forces en Mésopotamie furent de nouveau bouleversés par l'essor de peuples nouveaux. Au début du XVIe s., les Hittites, dont le centre de puissance se trouvait en Asie Mineure, s'emparèrent de Babylone, où, vers 1570, les Kassites fondèrent une nouvelle dynastie. Peu après, les Hourrites fondèrent en haute Mésopotamie le royaume du Mitanni, qui étendit son emprise sur l'Assyrie. Au XVIe s. av. J.-C., Égyptiens, Mitanniens et Hittites luttaient pour la domination de la Syrie du Nord. Après plus d'un siècle de guerres, le plus grand des souverains hittites, Souppilouliouma, saccagea les capitales du Mitanni (vers 1342/41 av. J.-C.) et s'assura le contrôle de la Syrie du Nord par la prise de Karkhémish, sur l'Euphrate (vers 1328). Mais les Hittites furent bientôt menacés par l'ascension de l'Assyrie. Dégagés de la tutelle de Babylone au milieu du XIVe s., les Assyriens, sous le règne d'Assouroubalit Ier (vers 1366/30 av. J.-C.), réduisirent le Mitanni. Après une période d'effacement, l'Assyrie, nation essentiellement guerrière, reprit son essor, après avoir résisté pendant des siècles aux invasions des Araméens, (XIe-IXe s. av. J.-C.). L'Empire assyrien atteignit son apogée au VIIe s., sous Assourbanipal (vers 668/26 av. J.-C.) : il couvrait alors tout le « Croissant fertile », du golfe Persique à Thèbes, dans la vallée du Nil, et englobait toute la Mésopotamie, la Syrie et la Palestine. Mais l'Assyrie, ébranlée à l'extérieur par les attaques des Élamites et des Scythes, fut ruinée définitivement par la coalition des Babyloniens et des Mèdes d'Iran (prise de Ninive, 612 av. J.-C.). Succédant à l'hégémonie assyrienne, l'Empire néobabylonien (v. BABYLONE) de Nabuchodonosor (604/562 av. J.-C.) s'étendit à son tour sur l'ensemble du Croissant fertile sauf l'Égypte, et il donna à Babylone, dont il rebâtit temples, monuments et remparts, un prestige universel. Mais dès 539, il fut conquis par Cyrus, roi des Perses. La Mésopotamie devint alors, pendant deux siècles, une satrapie de l'Empire perse. Voir PERSE. De l'Empire néobabylonien à la conquête arabe Occupée par Alexandre le Grand après la bataille d'Arbèles (331 av. J.-C.), elle entra dans le monde hellénistique et fut incluse dans l'empire des Séleucides. Ceux-ci travaillèrent à l'hellénisation de la région en créant de nombreuses villes (Séleucie sur le Tigre, Édesse, Doura Europos...). Mais les Séleucides furent chassés de Mésopotamie par les Parthes, une première fois en 141 av. J.-C., puis définitivement en 126 av. J.-C. Romains et Parthes se firent face sur l'Euphrate dès 92 av. J.-C. La première tentative romaine pour dépasser cette limite et annexer la Mésopotamie aboutit au désastre de Crassus à Carrhae (53 av. J.-C.), et Auguste se contenta sagement de la frontière de l'Euphrate. En 115 de notre ère, Trajan occupa la Mésopotamie, mais elle fut abandonnée deux ans plus tard par Hadrien. Désormais, du IIe au VIe s. apr. J.-C., la Mésopotamie est un enjeu entre l'Empire romain puis byzantin, d'une part et les Empires parthe puis sassanide, d'autre part. Au VIIe s., la conquête arabe l'emporte : l'histoire de la Mésopotamie, qui devint, au VIIIe s., le centre de l'Empire abbasside, se confond dès lors avec celle de l'Irak. MÉSOPOTAMIE. Région située en Asie occidentale entre le Tigre et l'Euphrate. Elle fut entre le VIe et le Ier millénaire av. J.-C. un brillant foyer de civilisation. Voir Akkadiens, Assyriens, Babyloniens, Sumériens.