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MÉLANCOLIE

MÉLANCOLIE, n.f. (gr. mélankholia «humeur noire», «atrabile»). On y rattachait les états suivants : ♦ 1° Trouble mental où le sujet est envahi par une tristesse insurmontable, allant jusqu’à la dépression. Synonyme : «neurasthénie», «pessimisme». ♦ 2° Sens psychologique ancien. Caractère qui serait travaillé par la «bile noire», sombre et concentré, par exemple Alceste (le Misanthrope ou l'Atrabilaire amoureux, de Molière). ♦ 3° Sens littéraire. Tristesse floue, «vague à l'âme», où le sujet se complaît.

mélancolie, tristesse vague. — La mélancolie, avec toutes les aspirations qu'elle porte en elle, désignait, chez les philosophes romantiques allemands (Schelling, Schlegel), le sentiment authentique de l'existence humaine comme désir d'infini (Sehn-sucht). En psychologie, la mélancolie désigne un état morbide de tristesse et de dépression, propre aux caractères cyclothymiques; elle frapperait environ 1 p. 100 de la population, ce qui rend le cas très fréquent; elle touche l'individu entre trente et quarante ans, et se trouve liée à une perturbation de la région du centre de l'encéphale, dont l'origine est le plus souvent héréditaire. Le malade se sent alors indigne, coupable de toutes les fautes et exige un châtiment sévère. L'évolution de la maladie s'étend sur quatre à huit mois; le risque élevé de suicide requiert un traitement rapide, qui peut aller de l'analyse psychologique à l'intervention de la psychochirurgie (consistant en un sectionnement des fibres nerveuses qui unissent le thalamus à l'écorce cérébrale du lobe frontal, ou lobotomie frontale), en passant par l'usage de stimulants chimiques.

Mélancolie Ce thème a eu la même fortune que la peinture de la sensibilité. 1 Jusqu’en 1750, il apparaît peu : Du Bellay, Les Regrets. 2 Rousseau fait découvrir le charme de la mélancolie : Julie ou la Nouvelle Héloïse, Les Confessions, Les Rêveries du promeneur solitaire. Elle est typiquement romantique : «C’est le bonheur d’être triste» (Hugo). Chateaubriand, René; Senancour, Oberman; Lamartine, Méditations poétiques; Hugo, Les Feuilles d’automne, Les Contemplations; Nerval, Sylvie; Fromentin, Dominique; Flaubert, L’Éducation sentimentale. Mais elle prend aisément une forme maladive : cf. Mal du siècle, Ennui, Spleen. 3 Les symbolistes expriment de nouvelles nuances de la mélancolie : Verlaine, Poèmes saturniens, Les Fêtes galantes, Romances sans paroles; Laforgue, Les Complaintes ; Valéry, Album de vers anciens; Apollinaire, Alcools.

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