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MARX (vie et oeuvre)

VIE

La révolution industrielle, au début du XIXe siècle, suscite l'apparition de la classe ouvrière. Et c'est pour un groupe d'ouvriers révolutionnaires de Belgique que Marx et Engels écriront le "Manifeste du parti communiste".

Formation philosophique

OEUVRES

Critique de la philosophie du droit de Hegel (1844)
Pour l'idéalisme hégélien, l'État serait la manifestation concrète de l'Esprit absolu. Marx entend «remettre sur les pieds» cette philosophie en montrant, au contraire, que les productions de l'Esprit - religions, lois, morale - découlent des conditions économiques et politiques concrètes.

Misère de la philosophie (1847)
Il s'agit d'une critique de l'économie politique de Joseph Proudhon, lequel, dans un ouvrage intitulé "Philosophie de la misère", renvoyait dos à dos les économistes et les socialistes utopistes et tentait une analyse économique de la société qui s'opposait aux thèses de Marx.

Manifeste du parti communiste (1848)
Ce petit livre, rédigé conjointement avec Engels, est l'ouvrage le plus accessible de Marx. Il résume les thèses principales du marxisme: l'histoire de la société est l'histoire de la lutte des classes, celle-ci ne prendra fin qu'avec la prise du pouvoir par le prolétariat et la constitution d'une «société sans classes» communiste.

Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte (1852)
Tirant les conséquences du coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte, Marx déduit que le prolétariat ne doit pas seulement s'emparer de la machine de l'État, mais la détruire.

Le Capital (1867, 1885 et 1894)
C'est l'ouvrage fondamental de Marx. Seul le premier livre fut publié de son vivant. Marx critique les économistes anglais (Smith et Ricardo) pour faire une lecture révolutionnaire du capitalisme. Selon lui, les propriétaires des moyens de production s'enrichissent en exploitant les ouvriers, qui seuls travaillent réellement. Mais ce système, qui entraîne l'appauvrissement croissant des masses, porte en lui les germes de sa propre destruction.

L'idéologie allemande (1932, posth.)
Rédigé en 1846, cet ouvrage est une critique de la philosophie post-hégélienne. Il contient les fondements philosophiques du marxisme et du matérialisme historique: ce sont les rapports économiques qui déterminent toute l'histoire et la culture.

EPOQUE


Le prolétariat
Le début du XIXe siècle connaît de grands bouleversements sociaux à cause de la révolution industrielle. Les progrès de l'industrie créent une nouvelle classe sociale, les ouvriers. Ceux-ci sont à la merci des patrons qui les exploitent pour maximiser leurs profits. Il n'existe pratiquement pas de législation sociale: le nombre d'heures de travail n'est pas limité, le travail des enfants n'est pas interdit, il n'y a pas de vacances, pas d'assurances, etc. Le lot des paysans sous l'Ancien Régime est de loin préférable à celui de ce prolétariat urbain qui ne possède rien.

Le socialisme
Cette situation inhumaine suscite l'opposition d'une minorité de philosophes et d'activistes radicaux, inspirés notamment par l'exemple de la Révolution française. Ils s'opposent en bloc aux valeurs d'une société qui rend possible une telle injustice: religion, argent, propriété, etc. Différents courants coexistent. Certains réclament simplement l'amélioration de la situation des ouvriers par une répartition plus équitable des ressources, d'autres l'abolition pure et simple de la propriété privée et l'insurrection armée contre le pouvoir «bourgeois».

APPORTS

Aucun philosophe n'a eu autant d'influence politique dans l'histoire que Marx. Les régimes communistes du XXe siècle se sont réclamés de lui, de même que quantité d'intellectuels des pays démocratiques, séduits par sa critique du pouvoir économique.

La critique du capitalisme. Marx critique le capitalisme à une époque où le pouvoir économique traite les ouvriers de manière particulièrement inhumaine. Grâce aux garde-fous de la législation sociale, le capitalisme apparaît aujourd'hui comme tolérable, même si certains penseurs (néo-marxistes) estiment que les rapports de domination se sont déplacés sur l'axe Nord-Sud.

Le père de la révolution. Relu par Lénine, Marx a inspiré la révolution russe et toutes les révolutions suivantes qui se sont réclamées du communisme . Les approuverait-il aujourd'hui? Il est évident que, dans son esprit, la révolution prolétarienne devait aboutir à la libération des hommes, et non servir de prétexte aux pires des régimes totalitaires.


Postérité-actualité. A la fin du XXe siècle, avec la chute de l'empire soviétique, les régimes se réclamant du marxisme sont à bout de souffle, tandis que le capitalisme, dont Marx prédisait la fin, n'a jamais été aussi florissant. Il semble évident que la théorie marxiste de la fin de l'histoire était erronée. Toute théorie «prophétique» de ce genre n'est-elle pas utopique et vouée à l'échec ? Toutefois, sa critique du capital et son refus de voir l'homme asservi au pouvoir économique sont toujours actuels. Débarrassé de la récupération politique dont il a fait l'objet, le marxisme peut toujours être un instrument efficace d'analyse et de critique.

CITATION A RETENIR

« Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde: ce qui compte, c’est de le transformer. »

À l’inverse des philosophies qu’il qualifie d’idéalistes, la pensée de Marx se donne comme tournée vers le réel et le concret. Pensée de la pratique, c’est-à-dire des diverses formes de l'activité humaine, elle est aussi une pensée pratique, engagée dans l’action transformatrice de la réalité.

Agir sur le réel suppose d’abord qu'on en ait une claire conscience et, en conséquence, une critique radicale de tout ce qui peut faire obstacle à cette prise de conscience (idéologie , morales, métaphysiques, religions, etc.). On ne doit pas prendre pour point de départ de l'analyse du réel les représentations que les hommes s'en font, il faut au contraire partir « des hommes dans leur activité réelle » et non de « leurs spéculations ». Car « c’est là où cesse la spéculation, c'est dans la vie réelle que commence […] la science réelle, positive, l’exposé de l’activité pratique, du processus de développement pratique des hommes ». Ce ne sont donc pas les idées que les hommes s’en font qui expliquent la réalité, mais bien plutôt cette dernière qui s’exprime en elles. « Ce n'est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience. » On comprend alors l’importance de la critique des représentations abstraites qui détournent l'homme de la considération des conditions concrètes et historiquement déterminées de son existence.

Reprenant, en l'affinant, la critique de la religion que L. Feuerbach avait entreprise dans L'Essence du christianisme , Marx souligne que c'est « l’homme qui fait la religion et non pas la religion qui fait l'homme ». La conscience religieuse tend ainsi à masquer aux yeux de l'homme la réalité et les conditions de son existence concrète : « La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur […]. Elle est l’opium du peuple. » Elle est une illusion dont il faut se déprendre, car « l'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire est l'exigence que formule son bonheur réel ». La critique des idéologies et des religions ne suffit pas, il faut aussi montrer en quoi elles sont des produits déterminés d’une réalité dont le fond caché est l’ensemble des rapport sociaux. Faire la genèse des formes d’aliénation revient à comprendre leur enracinement dans le mode de production de la société qui les a engendrées. D’où l’importance que revêt l’entreprise d’une économie politique ayant pour but de dégager les lois du développement de la civilisation industrielle. Dans "Le Capital", Marx met en lumière les contradictions internes du capitalisme : chômage, concentration capitalistique, etc.

On y trouve aussi une analyse du caractère fétiche de la marchandise, qui, en envisageant d’expliquer la valeur marchande d’un produit du travail par une relation à sa valeur d’usage fait perdre de vue le fait que la valeur est d’abord un rapport social caché sous l’enveloppe des choses. C’est en revêtant la forme même d’une marchandise, dans son devenir marchandise, que le produit du travail prend un caractère énigmatique.

Le développement du machinisme ruine à terme le capital et produit les crises économiques. De cette analyse, Marx dégage une certaine conception de l’histoire et du sens de l’histoire : « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours, n’ a été que l’histoire de la lutte des classes. » Les classes sociales sont un effet de la division du travail. Elles morcellent la société en groupes d’individus attachés aux mêmes tâches, soucieux de défendre les mêmes intérêts et ayant les mêmes besoins : ceux-ci prennent alors conscience de ce qui les unit. Ainsi naît la conscience de classe ou sentiment d’appartenance à un groupe social déterminé. Comme telle, la conscience de classe aveugle l’individu qui ne lit plus la réalité mais n’en perçoit que ce que sa situation sociale lui permet, voire lui dicte de voir. Il faut donc libérer à terme l’individu de son aliénation à une classe sociale par la disparition des classes sociales : la révolution a pour fonction, dans des conditions socio-historiques de développement données, de hâter ce processus de dissolution de la société de classe et d’aider à l’acheminement nécessaire de la société sans classe.

Textes importants de Marx

MARX (Karl) : 1818-1883 Philosophe et théoricien de l'économie politique allemand. Né à Trèves, il étudia le droit et la philosophie dans les universités de Bonn et de Berlin. Il soutint sa thèse de doctorat en 1841 à Iéna. En 1842, il dirige la Gazette rhénane, qui est interdite en 1843. Il se rend alors à Paris, où il lance les Annales Franco-allemandes et se lie avec Engels. Expulsé de France en 1845, il s'installe en Belgique où il écrit avec Engels le Manifeste du parti communiste (1848). Chassé de Belgique, il retourne à Paris, puis s'établit à Londres (1849) où il mourut. Empruntant à Hegel sa dialectique mais rejetant son idéalisme, Marx fonde le matérialisme dialectique. Le mouvement des choses, de l'histoire, n'est plus considéré comme une expression du mouvement de l'Idée, mais la pensée devient le reflet du mouvement réel des choses. C'est le « mode de production » qui détermine la vie sociale, politique et culturelle, lequel est fonction des « forces productives » (forces de travail, techniques, etc.) et des « rapports de production » (division du travail, appropriation des moyens de production, etc.). Toute société comprend ainsi une infrastructure (les forces de production), une structure (les rapports de production) et enfin une superstructure juridique et économique (droit, État) et idéologique (morale, religion). Les rapports de production sont le plus souvent des rapports de domination et la lutte des classes (lesquelles sont liées à des phases historiquement déterminées de production) forme le moteur d'une Histoire qui tend vers une société sans classes (le communisme).

Philosophe allemand et théoricien du socialisme (matérialisme historique), né à Trèves en 1818 et mort à Londres en 1883. Fondateur et chef de la 1ère Internationale en 1864. Né dans une famille d'origine juive qui s'était convertie au protestantisme, il fait des études de droit et de philosophie. Il lit Hegel, dont il critiquera la conception idéaliste de la philosophie de l'histoire, puis Feuerbach dont il s'inspirera pour critiquer la religion et constituer son matérialisme. Devenu directeur de la gazette rhénane en 1842, il doit quitter l'Allemagne en 1843 suite à l'interdiction de ce journal. Il se rend à Paris où il se lie avec Engels. Expulsé de France en 1845, il s'installe à Bruxelles où il écrira, en collaboration avec Engels, la "Sainte Famille" et l'Idéologie allemande, puis, seul, le "Manifeste du parti communiste". Expulsé de Belgique en 1848, il retourne à Paris, avant de se rendre à Londres où il vivra désormais avec sa femme et ses enfants. Il y rédigera, dans des conditions matérielles difficiles, plusieurs ouvrages de critique historique et économique, dont le Capital. Selon Marx, la production économique et les rapports sociaux de production (classes sociales) constituent le principe réel de toute société. Lorsque les rapports sociaux de production entravent celle-ci au lieu de favoriser son essor, c'est-à-dire lorsque les rapports de classes ne correspondent plus à la réalité économique de la production, survient une crise ou révolution ("la révolution est l'accoucheuse de toute vieille société qui en porte une nouvelle dans son sein"). La lutte des classes (bourgeoisie contre aristocratie, prolétariat contre bourgeoisie, etc.) est le moteur de l'Histoire. Les classes exploitées (laborieuses) ne renversent les classes "dominantes" qui détiennent le capital que lorsque les conditions évolutives de la production leur confèrent un rôle prépondérant. A terme, le prolétariat international (contemporain du grand capital) aurait dû, selon Marx, s'emparer du pouvoir, notamment à l'occasion des grandes crises économiques, constituer ainsi la "dictature du prolétariat", avant d'abolir toute classe ainsi que l'Etat (émanation de la classe dominante), et d'aboutir au communisme. 




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