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MARCEL (Gabriel)

MARCEL (Gabriel). Philosophe français (1889-1973), agrégé de philosophie, homme de théâtre, musicien. Il analysa avec finesse et profondeur les aspects essentiels de l'existence humaine (la vie familiale, par exemple) jusque dans leurs dimensions religieuses (le mystère de l'espérance). Il fut tenu pour un «existentialiste chrétien», du fait que ses travaux, très concrets, n'ont jamais pris la forme systématique. Il a souligné l'importance du mystère (ontologique et religieux).
 Philosophe, journaliste et dramaturge français. Ennemi de toute pensée systématique, il trouve son inspiration chez Pascal et Kierkegaard, devenant le principal représentant en France de l'« existentialisme chrétien » (expression qu'il rejette). Refusant d'expliquer l'homme comme une chose, il dénonce les démarches (science, technocratie) qui tentent de l'utiliser comme un objet. Posé devant moi, l'objet est étudié du dehors et constitue un problème ; au contraire, le sujet dans son existence personnelle est irréductible au problème et à l’avoir : relevant de l'être, il nous introduit dans le domaine du mystère, qui n'est pas l'inconnaissable, face négative du problématique, mais qui, en revanche, place l'individu responsable en présence de lui-même. Le mystère forme la dimension métaphysique de l'être et donne un sens à la foi et à la liberté.
Œuvres philosophiques principales : Journal métaphysique ; Etre et avoir (1935) ; Du refus à l’invocation (1940) ; Homo viator (1944) ; Le Mystère de l’être (1952).


MARCEL (Gabriel), philosophe et écrivain français (Paris 1889 -id. 1973). Il se rattache au courant de l'existentialisme, c'est-à-dire à une philosophie fondée sur la description des situations et des sentiments humains; il lui imprime un caractère chrétien qui le rapproche de Kierkegaard et de Jaspers. La réflexion de G. Marcel porte avant tout sur les rapports humains (où la notion fondamentale est celle de la « fidélité ») et sur la notion d'autrui, qui mène à celle de Dieu. On lui doit des essais philosophiques : Existence et Objectivité (1914), Journal métaphysique (1914-1923), Etre et avoir (1918-1933), Du refus à l'invocation (1940), Homo viator (1944), la Métaphysique de Royce (1945), et des pièces de théâtre dont : Un homme de Dieu (1925), le Chemin de crête (1936), Rome n'est plus dans Rome (1951), les Cœurs avides (1953).


Philosophe et auteur dramatique français (1889-1973).
• Figure marquante de l’existentialisme chrétien, Gabriel Marcel soutient que l’être ne peut être détaché de la réalité humaine dans laquelle il s’incarne. Ainsi le mystère (irréductible à tout contenu de pensée) précède toujours le problème (objectivation inadéquate du vécu). • L’homme peut exister selon deux modes différents : celui de l'avoir privilégie l’appropriation et la domination, tandis que celui de Vôtre se réalise dans une ouverture généreuse aux autres et au divin.
Principales œuvres : Journal métaphysique (1927), Être et Avoir (1935), Homo viator (1944).


MARCEL Gabriel. Philosophe et dramaturge français. Né et mort à Paris : 7 décembre 1889-8 octobre 1973. Fils d’un diplomate qui fut directeur des Beaux-Arts sous la IIIe République, il restera un fervent admirateur de la peinture et un grand amateur de musique. Agrégé de philosophie à l’âge de vingt et un ans, il enseigne aux Lycées de Vendôme, de Sens et Condorcet à Paris entre 1911 et 1922. Il entre dans la carrière littéraire, en qualité de lecteur chez Grasset et chez Plon. Il dirigera dans cette dernière maison d’édition la collection « Feux croisés » où se trouveront réunis de remarquables auteurs étrangers. En même temps, il poursuivra ses études philosophiques, se montrant notamment intéressé par le problème de la mort, lui qui a été orphelin de mère à quatre ans, et qui fut chargé, pendant la guerre de 1914-1918, de rechercher les disparus. Inspiré par la dialectique hégélienne, influencé par le spiritualisme de Bergson et le rationalisme de Brunschwicg, il finit par se convertir au christianisme en 1929, et il élabore ce qu’on a appelé un peu rapidement un « existentialisme chrétien ». Il se montre hanté par la précarité de toute liberté et il est convaincu que seule la fraternité entre les hommes peut sauver le monde : pensée tout à fait socratique, qu’il exprime dans une série d’œuvres diverses, d’ordre métaphysique, tels le Journal métaphysique (1928), Etre et Avoir (1935), Du refus à l'invocation (1940), Homo viator (1945), Le Mystère de l’Etre (1951), Théâtre de religion (1959), Présence et immortalité (1959), La Dignité humaine (1964), Paix sur la terre (1965), Essai de philosophie concrète (1967). Critique dramatique aux Nouvelles Littéraires et membre de l’institut, il a donné au théâtre des pièces où il montre la difficulté, voire l’échec de toute communication : Un homme de Dieu (1929), Le Chemin de Crête (1936), Rome n'est plus dans Rome (1951). Parce qu’elle s’est exercée dans plusieurs registres, sans oublier le domaine artistique, la pensée de Gabriel Marcel rejoint l’humanisme mais en même temps, par sa lucidité, elle ne s’abstrait pas des réalités du monde. A travers ses écrits, Gabriel Marcel a montré à maintes reprises qu’il savait prendre position sur les grandes options de son temps et que son pessimisme actif, qu’on lui a parfois reproché, n’était jamais l’alibi d’une quelconque démission. Selon lui, l’homme devrait trouver ce qu’il appelle « une sagesse tragique ».


Gabriel Marcel : un Socrate chrétien

Orphelin de mère à quatre ans, Gabriel Marcel (1889-1973) tâte quelque temps de l’enseignement philosophique qu’il aban­donne assez tôt pour la carrière des lettres. Il aura auparavant traversé la guerre dans la fonction assez insolite de recherche des disparus. Puis il travaille chez Grasset comme directeur de la célèbre collection « Feux croisés », il écrit lui-même pour le théâtre des pièces qui connaissent le succès : Un homme de Dieu
(1929), Le Chemin de Dieu (1929), Le Chemin de crête (1936) , Rome n ’est plus dans Rome (1951). Bien qu’il ne dédaigne pas le théâtre comique, ces pièces-là mettent plutôt en scène des personnages ayant du mal à communiquer, dans des situations de crise morale. Il sera critique dramatique aux Nouvelles littéraires. Il n’a pas abandonné la philosophie, notamment avec un Journal méta­ physique, d’un ton nouveau dans la discipline (1928). Mais l’évé­nement majeur de sa biographie intellectuelle est sa conversion au christianisme en 1929. L’inspiration générale de ses livres peut se trouver dans deux titres de 1954 et 1955 : Le Déclin de la Sagesse et L’Homme problématique. Il avait déjà, à cette date, publié une œuvre importante, dont le retentissement dépassait la sphère universitaire : Etre et Avoir (1935), Du refus à l’invocation (1940), Homo viator (1945), Essai de philosophie concrète (1967).
Dans ce dernier texte, il prend position face aux courants philo­sophiques de l’après-guerre. En effet, paradoxalement, le chris­tianisme de Marcel va lui servir à prendre de la distance par rapport à la philosophie chrétienne de son temps, comme au rationalisme, anticipant l’intérêt pour le concret, « la morsure du réel ». Si bien qu’on se demandera à son propos s’il est plus existentialiste ou plus chrétien, alors qu’il fait voir plutôt, que dans son cas au moins, existentialiste et chrétien font pléonasme.
Pourtant, « pour protester contre l’affreux vocable d’existentia­liste dont on voulait l’affubler, s’il lui fallait absolument une éti­ quette, c’est celle de néosocratisme ou de socratisme chrétien
qu’(il) adopterait en fin de compte ». Pour étonnant qu’il soit, l’assemblage n’est pas nouveau et renvoie assez directement à Kierkegaard, usant du paradoxe pour raviver la foi. Cette décou­verte de Kierkegaard le rapproche de son condisciple Jean Wahl, moins chrétien toutefois, mais qui au même moment fait beau­ coup pour renouveler la philosophie universitaire.
Pourtant, le concept le plus populaire de Marcel sera celui de mystère, bien sûr profondément chrétien et peut-être en partie puisé chez Péguy, mais habilement converti à la philosophie. Est mystère tout problème qui englobe dans sa position et son aporie les conditions ou le sujet de son énonciation. Sans y faire atten­tion, Marcel rejoint là une des plus fameuses difficultés logiques du siècle, liée au nom de Gôdel, à propos de l’auto-implication de la démonstration en arithmétique. Mais il l’applique à la méta­ physique, qu’il bouleverse de fond en comble, de manière plus profonde que la vieille critique kantienne, teintée d’agnosti­cisme. La métaphysique n ’est plus cette vieille maîtresse qu’on ne se résout pas à quitter, mais elle sourd au cœur le plus intime de la vie, comme une épreuve ontologique qu’on ne peut mettre à distance par la réflexion ni évacuer par une solution bien trou­vée, comme un problème pratique ou théorique. L’exemple par excellence de mystère, c’est l’expérience d’être-moi, déjà thème central chez Kierkegaard. Marcel ne va pas seulement l’envisager sous l’angle de la fidélité, du pêché ou de la grâce, mais dans la résonance neuve d’une impasse ontologique.
Cependant, l’ingéniosité spéculative de Marcel va s’illustrer surtout dans sa reprise du thème de l’incarnation, si spécifique au christianisme, pour y fonder ses plus remarquables analyses de la présence au monde du sujet par l’implication du corps propre. Il croisait par là les travaux des phénoménologues, Merleau-Ponty, par exemple, sur ces questions. Si bien qu’on ne saurait dire s’il faut voir dans le christianisme une phénoménolo­gie qui s’ignore, ou dans la phénoménologie un christianisme rentré ou honteux !
Toujours est-il que Marcel allait représenter après Bergson et en même temps que Sartre un type de philosophe rencontrant un succès public et une audience internationale, qu’il allait faire fructifier à travers le monde, comme ambassadeur de la pensée française, en fils de diplomate qu’il était.
Mais cette imprégnation en profondeur du christianisme allait se manifester aussi dans des expériences intellectuelles plus hétérodoxes et disparates, relevant pourtant peu ou prou, mais plu­ tôt prou, de la philosophie : Mounier, Weil, Teilhard de Chardin.