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Marcel Bisiaux

Né en 1922, Marcel Bisiaux fut après la guerre l’animateur de la revue 84 à laquelle collaboraient Antonin Artaud, Henri Thomas , Arthur Adamov, André Dhôtel. Il est actuellement journaliste. Marcel Bisiaux est de ces écrivains assez rares qui semblent être d’une limpidité parfaite, mais dont la transparence ouvre sur des abîmes. Il dit lés choses les plus simples, sans appuyer, ou bien il entre dans le rêve d’un pas superbement naturel, mais au terme du récit on sait, sans qu’on puisse dire à partir de quel moment, on l’a su, que ce quotidien était inquiétant ou que ce rêve éclairait la réalité. Dans les nouvelles des Pas contés, son premier livre, tout commençait d’une manière rassurante, dans une fête ou sur un chemin ; mais dans la fête à l’ami rêvé se substituait un visage de nabot, et sur le chemin, l’ange castrateur n’était pas la créature la plus insolite. Soudain, dans ces textes proches d’Artaud ou de Michaux , le fantastique était là. Ensuite, s’il fut moins apparent, il ne cessa de courir en filigrane dans tous les livres de Bisiaux, de Jeanne à Lise nue, donnant une coloration singulière aux jeux du désir et de l’amour, de l’inquiétude et de la quête, mais aussi aux lieux, rues de Paris inventoriées dans de multiples errances ou minuscule île de l’Atlantique, décor dans Lise nue pour un amour impossible qu’il faudrait arracher au silence. La clé de cette œuvre à l’écriture précise, vibrante, toujours laissant entrevoir ce qui n’est pas dit est sans doute les Petites Choses. Là le narrateur connaît quelques aventures ; mais celles-ci en un sens sont ordinaires. Ce qui est fabuleux, c’est le quotidien dans lequel elles s’inscrivent, tout ce réseau de gestes élémentaires d’objets sans importance apparente qui ont pouvoir de révélateurs. A partir d’eux un savoir du monde peut se constituer. Ce que dit le narrateur de son attention au réel et de son projet d’écrivain définit l’art de Bisiaux : « Inventer, revoir à ma façon les moments de la journée ; remodeler, arranger l’écho sur moi des gestes des autres. Trouver tout à coup l’heureuse solution de faits remués, jusqu’alors sans liens, et soudain vivants d’une nouvelle nécessité, venue de moi et que j’ignorais. » ► Bibliographie

Contes : Les pas contés, Gallimard, coll. Métamorphoses, 1948 ; l'Oeil de la tempête, Gallimard, 1953 ; Romans : chez Gallimard : Jeanne, 1951 ; les Petites Choses, 1954 ; les Fiancés, 1964 ; chez Pierre Bel fond : Lise nue, 1973.

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