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Marc Cholodenko

Marc Cholodenko est né le 11 février 1950. Il vit à Paris. Il a publié trois recueils de poèmes et deux romans, dont l’un, les Etats du désert, a obtenu le prix Médicis en 1976. C’est par la poésie que Marc Cholodenko a fait son entrée — une entrée remarquée — dans la littérature. Parcs, le Prince et surtout Cent Chants à l’adresse de ses frères ont révélé une écriture poétique d’une grande sensualité et riche de promesses. Mais c’est dans le roman, paradoxalement, que Marc Cholodenko les a tenues. Après le mini-scandale de l’érotique et anecdotique Roi des fées, les Etats du désert, histoire d’amour touffue et volontairement écrite dans une langue classique aux ondulations proustiennes, a enthousiasmé à juste titre la critique littéraire même la plus férue de modernité : le récit des aventures de Shad et Hélène s’imposait à la fois comme un grand roman traditionnel et comme la satire de cette tradition, l’auteur usant, poussant les procédés romanesques classiques jusqu’à exprimer le ridicule protocolaire de l’écriture bourgeoise. L’entreprise n’est pas si rare dans la littérature contemporaine mais, à la différence de nombreux jeunes romanciers, Marc Cholodenko s’est refusé à utiliser les moyens faciles de l’humour et de la dérision. Il s’est au contraire savamment retranché du récit : si le narrateur au début paraît bien être Marc Cholodenko, l’auteur laisse subtilement le roman lui échapper lorsque Shad, le personnage masculin, se pique de vouloir à son tour écrire le roman de ses aventures avec Hélène. Les Etats du désert se termine ainsi sur le brouillon des Etats du désert, le roman s’achève sur son propre projet, autant dire sur sa propre illusion, dans un raccourci d’abréviations où l’on peut reconnaître l’histoire qui vient de se jouer. Le roman est ainsi renvoyé à ce qu’il n’a jamais cessé d’être, à ce que tout roman ne cesse jamais d’être : une apparence de vie, des mots d’encre sur des rames de papier, un misérable petit tas de fantasmes. « ...Si bien que les états illusoirement successifs du désert sont comme ceux de notre vie où le désir et l’amour nous sont donnés pour vent et pour lumière. » Beau et poétique pari : la littérature ne vaut rien, mais rien ne vaut la littérature...

► Bibliographie

Poésie : Parcs, le Prince et Cent Chants à l'adresse de ses frères. les trois recueils chez Flamarion. Romans : le Roi des fées, Christian Bourgois, les États du désert, Flammarion, 1976.

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