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MARC AURÈLE (121-180)




MARC AURÈLE (121-180)
Cet empereur romain dont tout le règne fut occupé par la guerre contre les Barbares réalisa d'une certaine manière l'idéal du philosophe-roi. Non qu’il appliquât une doctrine dans son gouvernement, mais il sut affronter les dures nécessités de sa charge avec l'égalité d'âme d'un disciple d'Épictète. « La guerre, la cour, le théâtre le fatiguent également, et pourtant il fait bien tout ce qu'il fait, car il le fait par devoir », écrit Renan. L'empereur assiégé rejoint ici l’esclave maltraité, et tous deux se retirent dans la citadelle intérieure de leur libre jugement.
Marc Aurèle
Empereur romain, adepte du stoïcisme (121-180). Ses Pensées pour moi-même (publiées pour la première fois en 1599), rédigées en grec, sans doute vers la fin de sa vie, constituent le dernier grand ouvrage du stoïcisme antique, mais n'étaient pas destinées à la publication.
♦ Après un premier livre où Marc Aurèle remercie ceux qui l'ont intellectuellement formé et aidé à lire Épictète, les sujets abordés, sans trop d’ordre systématique, dans les onze livres suivants sont assez divers, mais constituent un exposé du stoïcisme particulièrement centré sur l’attitude morale. Teintées de pessimisme, les Pensées montrent une grande indifférence à l'égard des vanités terrestres, mais aussi une compassion certaine envers tout le genre humain, même dans ses pires représentants.
♦ C'est lorsqu'elle aborde les rapports entre l'âme et le corps que la méditation privée du philosophe atteint une incontestable élévation : admettant que « toute partie de (s)on être se verra assigner une autre place par transformation en une autre partie de l'univers et ainsi de suite à l'infini », Marc Aurèle insiste sur le rattachement de l'individu à l'ensemble de l'univers, qui donne seul un sens à la vie. « Je sais, écrit-il, que j'ai deux patries, Rome, en tant que je suis Marc Aurèle, et le monde, en tant que je suis homme. » La sagesse humaine est dans la participation à cette nature universelle, et la mort elle-même doit dès lors être conçue comme le retour inéluctable au grand Tout.
MARC AURÈLE, empereur romain et philosophe stoïcien (Rome 121-Vin-dobona 180). Il étudie la rhétorique grecque et latine avec Fronton, revêt, en 133, le manteau de philosophe. Adopté par Antonin (138) sur l'ordre de l'empereur Hadrien, il devient empereur en 161. « Comme empereur, disait-il, je suis le premier à Rome; comme homme, je suis l'égal de chacun dans le monde. » Il est l'auteur d'un ouvrage intitulé A soi-même, traduit sous le titre de Pensées de Marc Aurèle, qui retient l'aspect moral du stoïcisme : la pratique de la tempérance, la douceur, la bonté, l'effort vers la perfection.




Marc Aurèle, Marcus Aurelius (121-180) ; empereur romain [161-180].
Il naît à Rome d’une famille qui comptait des deux côtés des consuls, qui venait (côté paternel) de Bétique et était apparentée à la famille de Trajan et à celle d’Hadrien. De l’enfance et de la formation de M. Annius Verus, trois caractères sont à retenir. Très tôt, Hadrien le remarque et lui accorde des distinctions exceptionnelles, étant donné son âge. À quinze ans, il est fiancé à la fille du successeur éphémère que fut Aelius César ; à dix-huit ans, il est adopté par Antonin. Il sait donc qu’il deviendra un jour le maître de l’Empire. Ensuite, dès son enfance, il est éduqué comme un prince. Parmi ses maîtres, Fronton (M. Cornélius Fronto) lui enseigne la rhétorique latine. Il restera au service de M. jusqu’à sa mort (166 ? 167 ?) et échangera avec son élève une Correspondance dont l’essentiel nous est parvenu. Autres professeurs, tous deux philosophes : Junius Rusticus, Appollonios de Chalcédoine. Ce sont eux qui révèlent au jeune homme le stoïcisme. Toute sa vie, il reste fidèle à cette philosophie, pratique des exercices spirituels qu’il consigne à partir de 171 dans un recueil écrit pour lui-même auquel la tradition a donné le nom de Pensées. Écrit en grec, cet ouvrage est le dernier grand témoignage du stoïcisme antique. Enfin, pendant le règne d’Antoine, M. effectue un cursus accéléré : questeur en 139, consul en 140, peu avant ses dix-neuf ans. En 145, il épouse Faustine, la fille d’Antonin le Pieux. Il en aura treize ou quatorze enfants. Associé au gouvernement de l’Empire dès 147, rarement un prince n’avait été aussi bien préparé à la théorie du pouvoir. Il lui manquait la pratique : aucun commandement militaire, aucune tournée dans les provinces, aucun gouvernement provincial. A cette tâche, il s’épuisera : sur dix-neuf années de règne, il connut dix-sept ans de campagne. À la mort d’Antonin (7 mars 161), M. devient empereur. Il associe immédiatement à l’Empire Lucius Verus, son frère d’adoption, sur un pied d’égalité, avec les mêmes titres, à l’exception du grand pontificat. Pour la première fois, il y avait à la tête de l’Empire une collégialité. Pour concrétiser l’harmonie entre les deux empereurs, M. donna à Lucius Verus sa fille Lucilla comme épouse. Dès 161, sur tous les fronts, les guerres réapparaissent. En Bretagne, c’est une simple agitation, en Rhénanie et en Germanie supérieure, une incursion des Chattes, tandis qu’en Orient, le roi des Parthes Vologèse III déclenche une double offensive contre l’Arménie et contre la Syrie. La campagne (161-166) commence par un désastre pour l’armée romaine, mais grâce à de remarquables généraux, tel Avidius Cassius, un Syrien, les armées romaines reprennent l’avantage, récupèrent l’Arménie et envahissent même la Mésopotamie où elles créent un protectorat, et pénètrent jusqu’en Médie. En 166, une paix est conclue avec les Parthes et un grand commandement militaire est confié à Avidius Cassius. D’Orient, les vainqueurs rapportent la peste. Pendant quinze ans, elle ravage l’Empire. A peine terminées les cérémonies célébrant le triomphe sur les Parthes (166), il faut gagner le front danubien où des peuples germaniques (Marcomans, Quades, Suèves) et un peuple sarmate (Jazyges) menacent l’Italie du Nord. Les opérations militaires, mal connues dans leurs détails, se regroupent en deux épisodes séparés par une période d’accalmie précaire (printemps 175-automne 177). Les premières guerres sont marquées par le décès de Lucius Verus (la peste l’emporte au début de l’année 169), par la présence de M. sur le Danube d’où il lance de profondes incursions contre les peuples barbares. Si les années 169-170 furent difficiles (levée de troupes comprenant des brigands et des esclaves, vente aux enchères de la vaisselle impériale, raid barbare sur Eleusis), en 175 M. touche au succès. C’est alors qu’il apprend que le gouverneur de Syrie, Avidius Cassius, s’est proclamé empereur et que les provinces d’Orient se sont ralliées à lui. L’assassinat de l’usurpateur n’empêche pas M. de faire un voyage dans les provinces orientales, accompagné de Faustine qui meurt en Cilicie (175 ou 176) et de leur fils Commode. Tous deux sont initiés aux mystères d’Éleusis à l’automne 176. L’année suivante, Commode est co-empereur. Avec lui, M. regagne pendant l’été 178 le front danubien où la situation s’est dégradée. Des actions militaires en profondeur couronnées de succès et une politique complexe destinée à préparer l’annexion de nouvelles provinces et à faciliter une romanisation des peuples barbares, sont interrompues par la mort de M. (17 mars 180) sur le Danube, près de Sirmium ou près de Vienne. Si ces guerres ont un dénouement heureux, leur durée, leur répétition, la peste créent une certaine anxiété populaire dont la manifestation la plus élémentaire en est des persécutions contre les chrétiens, rendus responsables de la colère des dieux. Ainsi l’apologiste Justin à Rome (167 ?), les martyrs de Lyon en 177 (dont Potin, Blandine) et les premiers martyrs africains à Scillium, en Numidie (180). Cependant les forces vives de l’Empire restent intactes, ou presque, malgré un affaiblissement démographique. L’administration est renforcée, la législation impériale connaît une expansion importante, un état civil est mis en place, les talents nouveaux (Pertinax, Pompeianus) sont encouragés et une expérience de collégialité impériale a été tentée.

Bibliographie : Marc Aurèle, Les Pensées ; P. Grimai, Marc Aurèle, 1991 ; P. Hadot, La Citadelle intérieure, 1992.


Empereur et philosophe romain de l’école stoïcienne (121-180). • Dernier représentant du stoïcisme antique, l’empereur Marc Aurèle conçoit la pratique de la philosophie comme un lucide examen de conscience. • Pour lui, comme pour Épictète, il n’y a qu’un seul Dieu répandu partout, et une seule raison commune à tous les êtres intelligents. Dépositaires, au même titre que moi, du logos universel, les hommes sont à la fois mes frères et mes égaux. • Pour vivre conformément à la nature, il faut accepter le lot que nous a réservé la Providence et rester indifférent à tout ce qui n’est pas de notre ressort. La mort, notamment, n’a plus rien d’effroyable quand on l’envisage comme le retour de la matière au grand Tout. Principales œuvres : Pensées pour moi-même (170-180).

MARC AURÈLE (Rome, 121-Vindo-bona, 180 ap. J.-C.). Empereur et philosophe romain de la dynastie des Antonins, il régna de 161 à 180 ap. J.-C. Adopté par l'empereur Antonin le Pieux dont il épousa la fille Faustine la Jeune, il régna de concert avec son frère adoptif Lucius Verus de 161 à la mort de celui-ci en 169 et consacra une partie de son règne à lutter contre les Barbares, Parthes en Orient et Germains en Occident. À l'intérieur, il dut faire face en Syrie à la rébellion du gouverneur Avidius Cassius ; il assainit les finances, rendit la justice plus humaine mais fut particulièrement sévère à l'égard des chrétiens. Philosophe stoïcien, c'est à la fin de sa vie qu'il rédigea ses Pensées, écrites en grec, dernier grand témoignage sur le stoïcisme antique. Il eut pour successeur son fils Commode.