Databac

MAIMONIDE (Moïse)

MAIMONIDE (Moïse), en hébreu Rabbi Mosheh ben Maymon, théologien et médecin espagnol (Cordoue 1135 - Le Caire 1204). Il naquit dans une famille juive obligée par des persécutions à une conversion apparente à l’islam. Il étudia avec des maîtres arabes qui, au temps d’Averroès, lui enseignèrent la philosophie d’Aristote, la théologie et la médecine. Il quitta l’Espagne pour Fès, puis l’Orient, où il devint médecin de Saladin, sultan d'Égypte, et mourut après avoir écrit un grand nombre d’ouvrages de médecine, de philosophie et de théologie qui ont eu une certaine influence sur le monde médiéval et la scolastique. Son Mishna Torah, qui constitue le code législatif, et le Guide des égarés font autorité dans le judaïsme dont il condensa la doctrine en treize articles de foi qui sont réunis sous le nom de «Credo de Maimonide».
Philosophe et médecin juif. Né à Cordoue, il étudie la Bible et le Talmud avec son père, en même temps qu'il mène des études scientifiques. Sa famille doit quitter l'Espagne et émigre finalement en Égypte (1165), où Maimonide rédige ses principaux ouvrages.
♦ Il publie très tôt un Traité de logique qui reste une référence majeure pour les jeunes philosophes juifs jusqu'au début des temps modernes. Mais c'est avec le Sefer ha-modda'(achevé en 1168) qu'il inaugure la série de ses commentaires fondamentaux de la Loi juive, qui se poursuit avec le Livre des Commandements et la Mishneh Torah (ou « Répétition de la Loi », 1178), où Maimonide approfondit l'étude des fondements théologiques et philosophiques du judaïsme.
♦ Le Guide des égarés, rédigé en arabe et traduit en hébreu du vivant de son auteur, continue l'interprétation de nombreux passages de la Bible, mais aborde aussi de multiples problèmes de morale, de psychologie, de philosophie de la nature et de métaphysique. Cependant, son enjeu principal semble être d'analyser le rôle de la loi divine dans un contexte politique. Maïmonide y affirme la solidarité nécessaire de la Loi divine et de la connaissance rationnelle : l'une ordonne d'aimer Dieu, mais on ne le connaîtra qu'en étudiant sa création, et donc en passant par les sciences naturelles. Complémentairement, la science et la philosophie enseignent que la véritable perfection humaine est dans l'esprit, mais l'excellence de ce dernier ne pourra être atteinte que dans une communauté politique organisée selon la loi divine, qui se soucie, non seulement des biens matériels, mais aussi ou surtout des biens spirituels. Le Guide des égarés affirme un intellectualisme sans faille. Il est d'autre part rédigé comme un puzzle complexe, afin qu'en soient écartés les lecteurs sans esprit scientifique ; la présence de points de vue contradictoires fait par exemple appel à des connaissances en logique, seules capables de décider de la véritable position de l'auteur. Sa complexité a suscité des interprétations multiples, et l'ouvrage a exercé une influence sur la pensée juive jusqu'à Spinoza.
MAIMONIDE Moïse (Rabbi Mosheh ben Maimon, appelé par les écrivains occidentaux du Moyen Age Ramban). Médecin, théologien et philosophe juif d’Espagne. Né à Cordoue, la vieille capitale de l’Andalousie, le 30 mars 1135, mort à Fostat, près du Caire, le 13 décembre 1204. Son père lui avait transmis un grand amour de la science, et l’initia à l’étude de la littérature talmudique. Après que Cordoue eut été conquise par les Almohades (1148), Moïse Maimonide dut, pour éviter la conversion à l’islamisme ou la peine de mort, suivre sa famille, dans une vie errante et douloureuse qui le mena tout d’abord à travers l’Espagne, puis à Fez où l’atteignirent encore les persécutions. D’aucuns prétendent qu’il aurait feint de se convertir à l’islamisme, mais lorsque Maimonide rapporte les péripéties de son voyage sur mer, il affirme qu'il a pu « se sauver de l’apostasie ». Du Maroc, il se rendit en Palestine, puis en Egypte. Il resta quelque temps à Alexandrie, puis s’installa définitivement à Fostat. La mort de son frère David, qui avait péri dans un naufrage en mer des Indes et avec qui disparaissait toute la fortune de la famille, contraignit Maimonide à se consacrer à l’exercice de la médecine afin de pourvoir non seulement à ses propres besoins mais aussi à ceux de la veuve de son frère et de la fille de celui-ci. La réputation qu’il sut très vite s’acquérir appela sur lui l’attention de la cour, et lui permit de se concilier les bonnes grâces du sultan Saladin et celles de la bonne société du Caire qui lui demanda ses secours; de sorte qu’en 1200, il était devenu le médecin personnel du fils de Saladin, qui avait succédé à son père. On dit qu’il refusa l’invitation de Richard Cœur de Lion, lequel, se trouvant en Palestine à la tête de la Troisième Croisade, aurait désiré que Maimonide acceptât de la suivre. Ce fut en Égypte que Maimonide acheva (1168) un commentaire en arabe à la Mishna, le code de la tradition hébraïque, commentaire qu’il avait commencé en Espagne, et qu’il avait continué pendant ses pérégrinations et son séjour à Fez, bien qu'il n eût point à sa portée tous les matériaux et documents nécessaires. Il l’intitula Siraj [Lumière ou Luminaire] parce qu’il devait donner des éclaircissements sur le droit d’Israël qui formait une sorte de bloc compact. Le commentaire était écrit en arabe, langue en usage chez les Hébreux placés sous la domination mahométane; Maimonide pensait ainsi rendre son œuvre intelligible à n’importe quel lecteur. A peine fut-il installé à Fostat, où l’avait déjà précédé sa réputation, qu’il fut élu président du Conseil des rabbins. Ce conseil était le tribunal de la communauté hébraïque, et c’était à lui qu’on demandait la solution de tous les problèmes religieux. En 1172, le savant recevait le titre et la dignité de « Nag-ghid », par lequel on lui confiait la direction suprême de la vie morale et religieuse des Hébreux placés sous le sceptre du sultan d’Égypte. Cette haute charge lui apparut comme « un mal plus que comme un bien », car elle imposait au titulaire une fatigue énorme et de grandes tribulations, de sorte que Maimonide ne songea qu’à s’en défaire, et qu’en 1185 il la confia à son élève Sar Salom. Il se consacra alors entièrement à la communauté, en tant que rabbin et professeur, formant de jeunes disciples et leur enseignant non seulement la doctrine d’Israël, mais encore les sciences et la philosophie, cherchant à élever le niveau spirituel et moral de la masse en prêchant publiquement le jour du sabbat. Il se servit de l’influence qu’il avait à la cour pour protéger ses coreligionnaires, dont la société musulmane violait fréquemment les droits; après que Jérusalem eut été conquise par Saladin, il obtint pour les Hébreux le droit de s’installer à Jérusalem, et dans toute la Palestine en général, et d’y construire des synagogues et des écoles. Quant aux pauvres Hébreux du Yémen, en butte, dans le même temps, au fanatisme musulman et à la prédication messianique d’un visionnaire juif, il réussit, grâce à son Epître aux Yéménites, traduite en hébreu par Ibn Tibbon sous le titre ’Igghéreth Teman, à leur redonner la foi en Dieu et en la Torah et le courage, afin qu’ils pussent attendre sans révolte une époque moins troublée. Son intense activité lui permit d’achever (1180), après un travail ininterrompu qui dura dix ans, son grand ouvrage de droit rituel, Seconde Loi [Mishné-Torah], dont les quinze volumes furent traduits dernièrement en anglais et publiés par les soins de l’Université de Yale. Dans cette œuvre on trouve, condensée avec un ordre et une clarté admirables, toute la tradition d’Israël, toutes les normes de sa vie individuelle, familiale et sociale. Personnellement, Maimonide vivait une existence heureuse avec sa seconde femme, son fils Abram, et son disciple préféré, Josef ben Jehuda ibn Aknin, pour lequel il écrivit et auquel il dédia sa plus grande œuvre philosophique, intitulée Guide des égarés, terminée en 1190. Entre 1191 et 1192, il écrivit en arabe le Discours sur la résurrection des morts [traduit en hébreu par Ibn Tibbon sous le titre Ma ’amar Tekhiyot ha-Metim] pour se défendre contre une accusation lancée contre lui, et selon laquelle il n’eût point cru à ce dogme. Pendant les dernières années de sa vie, Maimonide fut frappé de malheurs domestiques : une de ses filles mourut en bas âge, et son fils Abram resta pendant plusieurs jours entre la vie et la mort. Ces tourments, les luttes menées tant contre l’Islam que contre les Hébreux qui attaquaient son système philosophique, une continuelle tension d’esprit, les fatigues que lui apportait l’exercice de la médecine — dans ce domaine aussi il laissa différents traités, dont les Principes de la santé physique et morale de l’homme — furent cause qu’il ne put se relever d’une grave maladie. Il fut enseveli, selon son désir, a Tibériade.


MAIMONIDE, Moïse (Cordoue, v. 1135-Fustat, 1204). Médecin juif à la cour de Saladin en Égypte, il est surtout célèbre comme théologien et philosophe. Disciple d'Averroès, ses principaux ouvrages sont un abrégé du Talmud (Mishne Tora) et le Guide des égarés écrit en arabe et traduit en hébreu qui tente de concilier les connaissances scientifiques et la Bible.