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Magie - Schelling

Magie

• Pouvoir de s’engager dans toutes les figures sans demeurer en aucune.

•• Ce terme dont Schelling souligne qu’il vient du persan, langue que l’hypothèse alors émise de l’indo-européen permettait d’apparenter à l’allemand, est posé par Schelling comme tout à fait identique à l’allemand Macht (puissance), et apparenté au verbe mögen, pensé comme signifiant indissociablement : vouloir-pouvoir-aimer à, le pouvoir n’étant jamais que vouloir au repos. « Magique » est donc tout aussi bien la Möglichkeit (possibilité), cette « fée » ou « sorcière » dont parlera Kierkegaard, c’est-à-dire la puissance (au sens, cette fois, de Potenz et non plus seulement de Macht). Schelling joue sur le double sens, courant et étymologique, de magie = Zauber (charme, sortilège, enchantement) et magie = Macht, puissance.

••• Le sens spéculatif du terme n’exclut pas son sens courant — Schelling note en ce sens que « la croyance à la magie est, à ce qu’il semble, aussi vieille que l’humanité elle-même » (Phil. Rév., II, 217-8) — mais l’approfondit en y voyant un trait foncier du vouloir, comme pouvoir de faire advenir, ou surgir comme par enchantement, ce qui sans lui ne serait pas. À la magie peut être encore associée la Maya indienne (en allemand Maja, mais Schelling écrit aussi Magia pour forcer le rapprochement), possibilité originelle ou archi-possibilité {Urmöglichkeit), voire omni-possibilité (Allmöglichkeit). La Leçon XXI de la Philosophie de la Mythologie (XII, 482) pose l’équivalence : Maja = Magie = Möglichkeit, possibilité. Tout pouvoir est magique, ce qu’au fond masque et révèle tout à la fois la croyance superstitieuse en des « pouvoirs magiques », dans l’énigme que la volonté est à elle-même. Le terme « magie » fait signe en ce sens moins vers la grande loi d’airain de la réalisation de tous les possibles que vers la possibilisation de tous les réels. Il s’agit bien d’un rapport entre des modalités.

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