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LOMBROSO Cesare

LOMBROSO Cesare. Médecin et criminaliste italien. Né le 16 novembre 1835 à Vérone, mort à Turin le 9 octobre 1909. A quinze ans, il donnait la preuve d’une précoce maturité d’esprit en publiant un Essai d’études sur la république romaine [1850] dans lequel il s’aidait des indications données par les ruines de Vérone pour établir la différence existant entre la civilisation romaine et les coutumes modernes. Mais il devait donner la mesure de son génie dans une étude sur l’anthropologie. En 1855, il fit paraître un essai sur La Folie de Cardan montrant par là combien il s’intéressait à la psychiatrie, clé de son œuvre. En 1856, il passa les examens de doctorat en médecine à Pavie, avec une thèse intitulée Recherches sur le crétinisme en Lombardie, qui fut publiée en 1858; l’année suivante, il fut nommé officiellement médecin de l’armée piémontaise et professeur chargé des cours de médecine légale et de psychiatrie à l’Université de Pavie. Il publia différents ouvrages relatifs à cette même science, ce qui lui valut le poste de directeur de l’asile d’aliénés de Pavie. Des recherches qu’il fit sur le génie — Génie et folie [1864] — il passa à des travaux sur L’Homme criminel (1876) et sur les causes d’une maladie fort répandue à l’époque dans les campagnes vénitiennes et lombardes, la pellagre — Études cliniques et expériences sur la nature et la thérapeutique de la pellagre [1872]. Après la chaire de Pavie, il obtint, en 1876, la chaire de médecine légale à Turin, puis la chaire de psychiatrie (1896) et d’anthropologie criminelle (1905) qu’il conserva jusqu’à sa mort. Les années au cours desquelles Lombroso déploya le maximum d’activité furent celles qu’il passa à combattre la pellagre, et à débarrasser le pays de ce fléau. Recherches, études, vulgarisation scientifique, tel fut le plus clair de la vie de Lombroso, qui confia des ouvrages et des articles aux revues et aux journaux et dont l’ensemble des productions s’élève à environ quatre cent cinquante. Outre ses travaux concernant le problème du génie — L’Homme de génie (1864) — celui de la délinquance — La Femme criminelle et la prostituée (1893), et de la pellagre, Lombroso écrivit également sur les maladies mentales, sur le goitre lié au crétinisme, sur les différences entre L’Homme blanc et l'homme de couleur , sur la thérapeutique clinique, etc. Ce qui demeure de cette œuvre considérable et si diverse, cinquante ans après la mort de l’auteur, tient beaucoup plus aux idées défendues par Lombroso qu’aux données scientifiques sur quoi ces mêmes idées s’appuyaient. Il devina les relations qui existent entre la personnalité de l'homme de génie et sa production, les rapports entre la constitution physique et psychique du criminel, l’atmosphère dans laquelle celui-ci a été élevé, et le délit commis; il découvrit que la pellagre avait son origine dans l’ingestion quotidienne du maïs, et que le goitre lié au crétinisme dépendait de certaines conditions de vie, mais en exagérant la portée de ses thèses, il lui arriva de se nuire à lui-même. Sa théorie sur le génie n’est plus reconnue comme valable de nos jours, et l’on a abandonné l’idée que le criminel doit avoir, dès sa naissance, des caractères anthropologiques proches de ceux qu’on trouve chez les sauvages, en même temps que des impulsions à forme épileptique, tendant à lui faire accomplir l’acte criminel. Aux congrès internationaux d’anthropologie criminelle, qui ont eu lieu, en 1892, à Bruxelles et, en 1905 à Turin, la théorie de Lombroso sur les rapports entre la dégénérescence du délinquant, la forme de son crâne et l’asymétrie de ses lobes cervicaux, était rejetée, tandis que Pighini démontrait la part importante qu’avait dans la criminalité une maladie mentale, la schizophrénie. Quant à la pellagre, on a renoncé a croire qu’elle provenait, ainsi que l’affirmait Lombroso, des poisons contenus dans le maïs gâté : cette maladie vient de ce que le maïs, utilisé exclusivement, est incapable d’apporter à l’organisme les vitamines P. P. nécessaires. On a démontré également que les pouvoirs créateurs du génie, et la délinquance, ne pouvaient découler de syndromes épileptiformes, et ceci à la suite des découvertes faites sur les fondements anatomiques et pathologiques de l’épilepsie. Il faut toutefois reconnaître que Lombroso a eu le grand mérite d’instituer ce qu’on appelle l’anthropologie criminelle, qui a bouleversé le droit pénal, permis d’instituer des asiles de fous criminels, et de tenir compte après examen de l’état mental des accusés.

♦ « Cesare Lombroso fut, en partie, victime d'un préjugé qui est, en même temps, une des plus grandes faiblesses de la pensée contemporaine, à savoir de l'opinion erronée suivant laquelle les sciences de l'homme doivent se mettre à l'école des sciences de la matière et leur emprunter leur méthode de recherches et même leur critère de la vérité. » G. Ferrero.

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