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LIÈGE (étymologie)

LIÈGE est un nom tiré de l'adjectif du latin populaire levius, fait sur levis (léger). L'è ouvert accentué est suivi d'un yod combiné avec v pour former une entrave. Devant cette entrave, è s'est diphtongué en iè comme s'il était libre (voir ferus => fier). Quant au mot léger, il vient de leviarius (latin populaire). Nom dérivé : légèreté. Le verbe alléger, vient du verbe bas latin alle-viare.



Ville de Belgique, chef-lieu de la province de Liège, au confluent de la Meuse et de l'Ourthe. Liège (en lat. Leodum ou Leodicum), qui n'était au VIIe s. qu'une villa mérovingienne, doit son existence à st Hubert, évêque de Tongres-Maastricht qui, vers 720, y transféra son siège épiscopal. Sous les évêques Notker et Otbert (1092/1117) furent posées les bases de la puissance temporelle des princes-évêques de Liège, dont la souveraineté s'étendit sur l'Hesbaye (1040), le Franchimont (1048), Bouillon (1095), le Condroz, les comtés de Looz (Limbourg) et de Hoorn. Les évêques de Liège maintinrent jalousement leur indépendance en face des empereurs germaniques. Dès le XIIe s., Liège était une ville puissante où s'était constituée une bourgeoisie active, à laquelle le prince-évêque Albert De Cuyck dut concéder une charte communale en 1198. En 1253, Henri de Dinant prit la tête d'un mouvement populaire contre la tutelle des évêques, qui échoua (1255). Cependant, les gens de métier réussissaient, en 1303, à obtenir la parité avec les grands, alliés de l'évêque, dans le Conseil des jurés ; puis, lors de la « Male Saint-Martin » (3 août 1312), ils firent échouer une tentative de réaction patricienne. Par la paix de Fexhe (1316), le prince-évêque Adolphe de La Marck dut partager le pouvoir avec les représentants du pays et, en 1343, il se laissa arracher la création du tribunal des Vingt-Deux, composé de bourgeois et de chanoines, contre les abus des échevins et des fonctionnaires princiers. Mais la prospérité de la ville, encore accrue à partir du XIVe s. par le développement de l'exploitation des mines de charbon, suscita les convoitises de la maison de Bourgogne. La tyrannie de Jean de Bavière, beau-frère de Jean sans Peur, imposé en 1389 comme évêque, entraîna une révolte des Liégeois, écrasée à Othée (1408). De nouveaux troubles éclatèrent sous le règne aussi détestable de Louis de Bourbon (1456/82), neveu de Philippe le Bon : conduits par Raes De Heers, les Liégeois se soulevèrent de nouveau mais commirent la faute de s'allier à Louis XI, qui les abandonna ; en 1465, ils durent signer la paix de Saint-Trond, qui rétablissait Louis de Bourbon comme prince-évêque et nommait Philippe le Bon mambour, c'est-à-dire gouverneur de Liège. Raes De Heers reprit aussitôt l'agitation, toujours encouragé par les promesses de Louis XI : Charles le Téméraire répliqua par le massacre et la destruction de Dinant (27 août 1466), battit les Liégeois à Brusthem (28 oct. 1467) et enleva à Liège ses franchises et privilèges. En 1468, Louis XI trahit les Liégeois une nouvelle fois (entrevue de Péronne) et vint même assiéger Liège en compagnie de Charles le Téméraire, qui rasa complètement la ville (oct. 1468). La principauté fut annexée à la Bourgogne, mais, après la disparition du Téméraire, son gendre, Maximilien, dut reconnaître l'indépendance de la principauté de Liège (1492). À partir de 1580, le siège épiscopal de Liège échut à la maison de Bavière, qui fournit cinq princes-évêques à la principauté. Étrangers à leurs sujets, résidant le plus souvent en Allemagne, les Bavière se heurtèrent à l'opposition populaire des grignoux, menés par le bourgmestre Sébastien La Ruelle ; abandonnés par Louis XIV, les grignoux furent finalement vaincus en 1684. Dès la fin du XVIIe s., la vallée de la Meuse et la région de Liège devinrent un des champs de bataille de la France et de ses rivaux hollandais et allemands. La ville fut assiégée par Boufflers (1691) et par Marlborough (1702). Au cours du XVIIIe s., la culture française rayonna profondément en pays liégeois et une grande partie du patriciat fut conquise aux idées libérales des encyclopédistes. Au lendemain de la prise de la Bastille, les patriotes liégeois chassèrent le prince-évêque (26 août 1789), qui fut déclaré déchu (17 avr. 1790), mais les armées de l'empereur Léopold II rétablirent dès janv. 1791 l'évêque Constantin de Hoensbroeck. Prise par les Français en nov. 1792, reconquise un instant par les Autrichiens, définitivement occupée par Jourdan en 1794, Liège vota sa réunion à la France. Le territoire de l'ancien évêché fut réparti entre les départements de l'Ourthe (chef-lieu Liège), de la Meuse-Inférieure et de Sambre-et-Meuse. La principauté ne fut pas rétablie par les traités de 1815 et son territoire fut intégré au royaume de Hollande, puis à la Belgique (1830).

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