Databac

LÉVY-BRUHL (Lucien)

LÉVY-BRUHL (Lucien). Sociologue français (1857-1939). Il a d'abord opposé la mentalité rationnelle à une prétendue mentalité primitive ; mais, en partie en raison des critiques faites par Bergson, il a admis un fond commun chez tous les êtres humains.

D'abord auteur d'importants ouvrages d'histoire de la philosophie, il se rallie dans la seconde moitié de sa carrière à l'Ecole française de sociologie. Annonçant les recherches de l'Ecole culturaliste américaine, il détache la morale de tout lien métaphysique et en fait une science des mœurs qui obéit aux normes toutes relatives de chaque groupe socio-historique. Lévy-Bruhl est alors conduit à définir une mentalité primitive, prélogique - elle ignore notre conception de la contradiction -et mystique dans la mesure où, dominée par la loi de participation, elle admet que les êtres sont à la fois eux-mêmes et autre chose qu’eux-mêmes. La thèse qui se dégage de ces travaux, ruinant l'idée d'une nature humaine universelle, a été partiellement remise en question par l’auteur à la fin de sa vie.

Œuvres principales : La Morale et la science des mœurs (1903) ; Les Fonctions mentales dans les sociétés inférieures (1910) ; La Mentalité primitive (1922) ; L'Âme primitive (1927) ; Cahiers (1949).

LÉVY - BRUHL (Lucien), sociologue français (Paris 1857-id. 1939). Il est célèbre par ses travaux sur la Mentalité primitive (1922) des sociétés africaines ou australiennes non évoluées. En fait, la notion de « mentalité primitive » a aujourd'hui totalement disparu des registres de la sociologie, qui étudie, de façon plus compréhensive et sans les juger, la diversité des cultures humaines. Lévi-Strauss parlera d'une pensée spontanée ou « sauvage », et non plus d'une forme de pensée primitive. On lui doit en outre : l'Allemagne depuis Leibniz (1890), la Philosophie de Jacobi (1894), la Philosophie d'Auguste Comte (1900), la Morale et la science des mœurs (1903).

Lévy-Bruhl, Lucien

(1857-1939)

Philosophe et sociologue français qui s’attacha, à partir des données ethnographiques disponibles à son époque (en particulier sur les sociétés australiennes), à la définition et à la caractérisation de la « mentalité primitive », s’efforçant de faire le départ entre pensée cartésienne et pensée « prélogique ». Principales publications : Les fonctions mentales dans les sociétés inférieures, 1910 ; La mentalité primitive, 1922 ; L'âme primitive, 1927 ; Le surnaturel et la nature dans la mentalité primitive, 1931 ; La mythologie primitive, 1935 ; L'expérience mystique et les symboles chez les primitifs, 1938.

LEVY-BRUHL Lucien. Philosophe français. Né le 10 avril 1857 à Paris où il mourut le 13 mars 1939. Après des études secondaires faites au lycée Charlemagne, il fut reçu à l’Êcole Normale Supérieure second de sa promotion (le premier étant Salomon Reinach). Reçu, en 1879, premier à l’agrégation de philosophie, Lévy-Bruhl se consacra, en premier lieu, aux problèmes de morale et d'histoire de la philosophie. Ayant été fortement influencé par Emile Durkheim, il n’en poursuivit pas moins ses études de sociologie dans une voie toute personnelle. Il avait publié, en 1884, deux thèses de doctorat : l’une sur L’Idée de la responsabilité, l’autre sur L'Idée de Dieu dans Sénèque; puis, en 1890, il se tourna vers la philosophie de Leibniz à laquelle, après la guerre de 1914, il consacra une série de cours à l’École Normale Supérieure. La pensée allemande l’attirait, ainsi qu’en témoignent deux de ses ouvrages : L’Allemagne depuis Leibniz (1890) et La Philosophie de Jacobi (1894). Comme Rauh et comme Gustave Belot, il était surtout préoccupé d’isoler la morale de la métaphysique, en la ramenant à une expérience de nature à fournir des règles objectives de conduite. Il dépassa ses contemporains, en la matière, parce qu’il n'hésita pas un instant, dans La Morale et la science des mœurs (1903), à soutenir l’existence de faits moraux régis par des lois aussi absolues que celles auxquelles sont soumis les phénomènes physiques et biologiques, de sorte que la morale ne lui apparaissait plus comme une science normative, dont le but est d'individualiser les impératifs auxquels tous les hommes sont assujettis, mais comme un art du comportement, « un art pratique, rationnel », dépendant d’une branche de la sociologie : la science des moeurs. Ces mœurs étant différentes suivant l’époque considérée ou la latitude, Lévy-Bruhl en déduisait sa fameuse formule, qui fit, à l’époque, beaucoup de bruit : « Il n’y a pas et ne peut y avoir de morale théorique. » Lévy-Bruhl, du reste, ne devait pas tarder à considérer un autre problème, celui des racines sociales de la raison. Dans une série de solides études, Émile Durkheim avait mis l’accent sur la sociabilité de l’homme : l’homme est un animal raisonnable parce qu’il vit en société, parce qu’il forge des concepts, généraux en tant que collectifs, parce que, contraint de communiquer ses idées à d’autres hommes, il faut qu’il analyse sa pensée et qu’il la décompose. Pour quelle raison, alors, ne pas affirmer, dans ce cas, que la structure du groupe détermine la structure même de la pensée ? De telle sorte qu’à la mentalité de l'homme civilisé correspondra la cohésion logique d’un esprit sensible à toute contradiction et soumise au principe de la raison suffisante (Leibniz avait examiné le même concept), tandis qu’à la mentalité du primitif correspondra un esprit qui accepte l’absurde et découvre parmi les êtres et les choses des participations mystérieuses. Cette distinction, exposée dans Les Fonctions mentales dans les sociétés inférieures , dont la première édition date de 1910, est justifiée par un grand nombre de faits soigneusement recueillis et interprétés avec une extrême finesse; elle sera précisée dans plusieurs autres ouvrages parmi lesquels citons : La Mentalité primitive (1922) et La Mythologie primitive (1925). Lévy-Bruhl y étudie les mythes, qu’il rattache au concept de « participation » dont il examine les différents aspects. Toutefois, il n’était pas complètement satisfait de son interprétation d’un nombre toujours plus élevé d’expériences; la préoccupation de l’objectivité qui transparaissait, dès 1900, dans l’œuvre où il avait professé son admiration pour le chef de l’école positiviste (La Philosophie d’Auguste Comte), le pousse à soumettre à un examen et à une critique des plus serrés le concept même de « participation ». Dans ses Carnets (posthumes), publiés en 1949, il semble moins soucieux d’opposer les deux formes de mentalité que de découvrir entre elles des analogies, des points de contact. A la mort de Théodule Ribot, il assuma la direction de la très importante Revue philosophique et la conserva jusqu’à sa mort. Professeur à la Sorbonne, directeur de 1 ’École Normale Supérieure, il a exercé sur la jeunesse française une très profonde influence.

Liens utiles