Databac

LÉVI-STRAUSS (Claude)

Lévi-Strauss, Claude
Cet ethnologue et philosophe français né en 1908 à Bruxelles a développé le structuralisme en anthropologie. Il a appliqué cette méthode d’analyse avec un succès particulier aux systèmes de parenté et à l’étude des mythes. Mais il en a également démontré la fécondité dans le traitement d’autres problèmes qui retiennent actuellement l’attention des ethnologues les plus novateurs, ceux qui se regroupent sous le nom d’ethnoscience par exemple. C’est au Brésil que se situent les recherches de terrain que Lévi-Strauss fit tout au début de sa carrière, notamment chez les Indiens Nambikwara (1938).
Principales publications : La vie familiale et sociale des Indiens Nambikwara, 1948 ; Les structures élémentaires de la parenté, 1949 ; Anthropologie structurale, 1958; Race et histoire, i960; Le totémisme aujourd'hui, 1962 ; La pensée sauvage, 1962 ; Mythologiques 1 : Le cru et le cuit, 1964 ; Mythologiques 2 : Du miel aux cendres, 1967 ; Mythologiques 3: L'origine des manières de table, 1968; Mythologiques 4: L'homme nu, 1971.
LÉVI-STRAUSS (Claude). Ethnologue français. Il a commencé par étudier les indiens Nambikwara (Brésil), puis les structures de la parenté (l'inceste étant prohibé selon des modes différents). Il a repris l'étude du totémisme puis a généralisé l'analyse de la pensée sous sa forme première, « sauvage ». Contre la subjectivité, il a souligné l'importance des structures, surtout matérielles, d'où son classement parmi les structuralistes.
Homme de science et essayiste, né à Bruxelles. L’ethnologue et le sociologue ne sont malheureusement pas de notre ressort ; mais relevons ici 1° qu’il est l’un des initiateurs du structuralisme, tendance opposée, comme il l’a dit lui-même dès 1952 (dans Race et histoire), à une observation morcelante et morcelée, et qui implique, sur le plan de la conscience professionnelle, en quelque sorte, une curiosité (plus que de surface) pour les « sciences humaines » voisines ; 2° et que, surtout, cet « homme de science » possède un don peu commun de narrateur (Tristes tropiques, 1955, en grande partie autobiographique). Mieux encore, dans ses ouvrages ultérieurs, très étendus (et très accessibles), il accumule des bonheurs d’expression constants, qui sont d’un véritable poète. Ainsi, dans La Pensée sauvage (1962, dont le titre même est un double «jeu sur les mots », bien dans sa manière) ; ou plus tard, dans La Potière jalouse (1985). Dès 1962, d’ailleurs, dans L’Homme, revue d’anthropologie, il donnait, avec Roman Jakobson, un modèle « exemplaire » de pluridisciplinarité, par l’analyse structurale du sonnet de Baudelaire, Les Chats.
Lévi-Strauss
♦ (Claude, né en 1908.) Ethnologue français. S'inspirant notamment des méthodes de la linguistique (il collabore avec Roman Jakobson), il fonde l'ethnologie structurale, « exploitation systématique des oppositions binaires » (nu/vêtu, cru/cuit), qui a pour but de déceler, en deçà des phénomènes de surface qui diversifient les cultures, les schémas sous-jacents qui les informent. A partir de faits relevant de la sexualité, des relations de parenté, de l'art ou de la cuisine tels qu'ils sont quotidiennement vécus et observables, il s’agit de saisir le réseau de relations - éventuellement transposables par l'ethnologue en termes mathématiques - qui fonde leur sens global. Ce type de recherches oppose franchement le culturel au naturel (Lévi-Strauss saluant en Rousseau le premier philosophe qui a su penser cette opposition) et confère au premier une prédominance complète.
♦ Dans l'optique de Lévi-Strauss, le structuralisme - dont il fut, bien contre son gré, un des hérauts - « tend vers l'objectivité en envisageant de préférence des phénomènes qui s'élaborent en dehors des illusions de la pensée consciente, et pour lesquels il est possible de ne retenir qu'un nombre relativement restreint de variables capables d’expliquer les formes diverses que les mêmes phénomènes revêtent dans les sociétés différentes ». Ses travaux ont été contestés pour diverses raisons. G. Gurvitch leur reproche d'aboutir à une définition universelle de l'être humain en postulant l’existence, dans toutes les cultures, de structures logiques de la pensée qui seraient partout les mêmes. Certains marxistes estiment qu’ils négligent une dimension historique, fondamentale de leur point de vue. Les ouvrages et la démarche de Lévi-Strauss n'en ont pas moins une influence notable qui déborde la seule ethnologie, vers la critique littéraire ou la philosophie.
Œuvres principales : Les Structures ? élémentaires de la parenté (1949) ; Tristes Tropiques (1955) ; Le Totémisme aujourd’hui (1962) ; Anthropologie structurale 1 (1958) et II (1973) ; Mythologiques : Le cru et le cuit (1964), Du miel aux cendres (1967), L'Origine des manières de table (1968), L'Homme nu (1971) ; La Voie des masques (1975) ; Le Regard éloigné (1983) ; La Potière jalouse (1985) ; Histoire de Lynx (1991) ; Regarder Écouter Lire (1993).
Lévi-Strauss (Claude), sociologue et ethnologue français (Bruxelles 1908). Professeur au Collège de France (1959), il occupe la première chaire d’anthropologie sociale. Après avoir effectué plusieurs missions en Asie et en Amérique du Sud, il a publié d’importants ouvrages sur les Structures élémentaires de la parenté (1949), l'Anthropologie structurale (1958) et la Pensée sauvage (1962), qui étudie les manifestations spontanées de la pensée humaine. On lui doit, en outre, Tristes Tropiques (1955) ; le Totémisme aujourd'hui (1962), la série des Mythologiques (1964-1971), De près et de loin (1988), et de nombreux autres travaux. En 1973, il a été élu -à F Académie française.
LÉVI-STRAUSS (Claude), sociologue et anthropologue français (Bruxelles 1908). Il effectue, en Amérique du Sud et en Asie, plusieurs missions, dont il dégage la leçon, tant humaine que sociale, dans les Structures élémentaires de la parenté (1949) et Tristes Tropiques (1955). Il est le promoteur d'une méthode de sociologie fondée sur la compréhension d'autrui, et qui a pris aujourd'hui le nom d'« anthropologie sociale ». La sociologie vient ici au contact de la psychologie, puisque Lévi-Strauss propose de psychanalyser les cultures, à partir des légendes et des mythes religieux qui en constituent le fond véritable, et de dégager ainsi la personnalité propre des collectivités. On lui doit en outre l'AnthropoIogie structurale (1958), la Pensée sauvage (1962), qui analyse les manifestations spontanées de la pensée humaine. Lévi-Strauss occupe au Collège de France, depuis 1959, la première chaire d'anthropologie sociale.
LÉVI-STRAUSS Claude. Anthropologue, ethnologue et écrivain français. Né le 28 novembre 1908 à Bruxelles, mais de parents français, Claude Lévi-Strauss vint habiter avec eux en 1914 une maison située dans le parc de Versailles. Son père, peintre de portraits, collectionnait les curiosités les plus diverses. A son exemple, l’enfant se met à rassembler des œuvres d’art exotiques, ainsi que des instruments de musique, qu’il remet en état et dont il s’essaie à jouer, car, très tôt Lévi-Strauss manifesta une véritable passion pour la musique. L’on sait que la structure musicale jouera plus tard un rôle important dans la composition de ses livres. L’analyse des mythes, écrira-t-il dans l’Anthropologie structurale (1958), est comparable à celle d’une grande partition. Le contact direct avec la nature dans les Cévennes où il passe toutes ses vacances est pour l’adolescent une véritable révélation ; au cours de ses longues promenades, il découvre, sous l’apparent désordre des choses, l’ordre invisible qui les soutient toutes, la géologie. Parallèlement à cette formation personnelle qui permit à Lévi-Strauss d’acquérir très tôt « quelques convictions rustiques » définitives, dont il note dans Tristes tropiques qu’elles devaient demeurer « pas très différentes de Celles de sa quinzième année», Claude Lévi-Strauss poursuit le cycle normal des études classiques, tout d’abord au lycée Janson de Sailly, puis à la Faculté de droit et à la Sorbonne. Reçu à l’agrégation de philosophie en 1931 c’est alors qu’il fait la connaissance de Simone de Beauvoir et de Merleau-Ponty à la mémoire duquel il dédicacera La Pensée sauvage (1962) — Lévi-Strauss enseigne à Mont-de-Marsan en 1932, puis à Laon en 1933. Mais cette carrière sans imprévu, qui consiste à répéter d’année en année le même cours, ne lui apporte que lassitude et ennui. De plus, sa curiosité aussi vaste que vive demeure insatisfaite. A dix-sept ans, Lévi-Strauss a été initié par un jeune socialiste à l’œuvre de Karl Marx dont la rigueur d’analyse le séduit et restera pour lui un modèle. Un peu plus tard, il a découvert les théories de Freud, qui lui « apparurent tout naturellement comme l’application à l’homme individuel d’une méthode dont la géologie représentait le canon ». En 1933 ou 34, un livre rencontré par hasard, la Sociologie primitive de l’ethnologue américain R. Lowie, le met enfin sur la voie. L’ethnographie se révèle alors à lui comme le lieu de convergence où le conduisent des démarches jusqu’alors séparées. En 1935, en acceptant un poste de professeur à l’Université de Sâo Paulo, Claude Lévi-Strauss s’évade enfin; « comme un citadin lâché dans les montagnes », il s’enivre « d’espace tandis que » son « œil ébloui mesure la richesse et la variété des objets ». Dès le début de son séjour au Brésil, il entreprend plusieurs brefs voyages ethnographiques et donne en 1936 son premier travail anthropologique, Contribution à l’étude de l’organisation sociale des Indiens Bororo. En 1938, Lévi-Strauss peut enfin entreprendre la grande expédition dont il rêvait depuis des années. Pendant de longs mois, il parcourt l’Amazonie et le Matto Grosso, entrant dans l’intimité des Indiens Nambikwara et Tupi-Kawahib, dont il parlera avec une extraordinaire compréhension et une sympathie communicative dans Tristes tropiques. Mais en février 1939, l’ethnographe est obligé de rentrer en France, où il est mobilisé. Cette « drôle de guerre » se concrétise pour lui dans un souvenir précis, celui d’avoir admiré la « structure merveilleusement régulière » d’une fleur de pissenlit. Révoqué en application des lois de Vichy, Lévi-Strauss réussit, au printemps 1941, à quitter la France et à gagner, non sans peine, les Etats-Unis. A New York, R. Lowie lui propose un poste à la célèbre « New School for Social Researches ». Lévi-Strauss enseigne également à l’institut des Hautes Études de New York, où Roman Jakobson, exilé comme lui, professe la linguistique. En l’écoutant, Lévi-Strauss a la surprise de constater que cette « analyse structurale » qu’il appliquait spontanément et par pur plaisir est employée en linguistique depuis longtemps, mais de manière tout à fait systématique par Jakobson. On sait l’extension que Lévi-Strauss a donnée depuis à ce principe essentiel d’explication, et aussi les abus qu’en ont fait certains épigones pour qui il est devenu une sorte de panacée. En 1944, Lévi-Strauss rentre en France, mais il en repart pour occuper en 1946-47 le poste de conseiller culturel à New York. De retour à Paris en 1947, il y est nommé sous-directeur du Musée de l’Homme. Il peut désormais commencer son œuvre. Sans doute a-t-il déjà écrit de nombreux articles dans les revues spécialisées, mais c’est seulement en 1948 qu'il publie son premier livre, La Vie familiale et sociale des Indiens Nambikwara , d’ailleurs aussitôt suivi des monumentales Structures élémentaires de la parenté . La rare maîtrise qui s’y affirme n’entraîne pas que des adhésions, certains reprochant à leur auteur de se référer beaucoup plus aux ethnologues américains qu’à ceux appartenant à l’école française. Cette attitude chauvine — et d’ailleurs injustifiée — irrite quelque peu Lévi-Strauss qui, l’année suivante, rend hommage à l’un des derniers grands maîtres de l’ethnologie française dans une longue « Introduction à l’œuvre de Marcel Mauss». En 1950, Lévi-Strauss devient directeur d'Etudes à l’Ecole pratique des Hautes Études, où il occupe la chaire des « religions comparées des peuples sans écriture », s’orientant ainsi vers l’étude des mythes dont il proposera plus tard une méthode originale de déchiffrement intégral. Après avoir publié en 1952 Race et Histoire, Claude Lévi-Strauss écrit en moins de cinq mois Tristes tropiques (1955), œuvre autobiographique autant qu’ethnographique, de réflexion autant que de science, qui lui vaut non plus seulement l’estime des spécialistes, mais la célébrité auprès d’un très vaste public. Avec cet ouvrage, il se révèle comme l’un des plus éminents penseurs de notre temps, mais aussi comme l’un de nos meilleurs écrivains. Le premier volume de l'Anthropologie structurale, qui sera suivi en 1973 d’un second volume, apparaît en 1958 comme la charte de cette nouvelle discipline que l’année suivante Claude Lévi-Strauss est invité à professer au Collège de France dans la chaire d'Anthropologie sociale créée pour lui, qu’il occupera pendant près de vingt ans, et qui est doublée du Laboratoire d'Anthropologie sociale qu’il dirige également. En 1962, Lévi-Strauss donne coup sur coup Le Totémisme aujourd’hui , dont les premiers mots donnent le ton : « Il en est du totémisme comme de l’hystérie... », car pour lui il ne s’agit là que d’une illusion spéculative qui se dissipe au fur et à mesure qu’on l’étudie, et un de ses ouvrages majeurs, La Pensée sauvage qui est, non pas la pensée des sauvages, mais bien un « attribut universel de l’esprit humain » qui se manifeste par exemple dans la poésie et dans l’art. Avec La Pensée sauvage s’annonce dans l’œuvre un nouveau cycle, celui qui conduira auteur et lecteur, guidés par les mythes, dans les Mythologiques (mytho-logiques), à un gigantesque voyage d exploration de la perception sensible du monde par l’homme. Les Mythologiques présentent en effet une logique des qualités sensibles, fondée sur les données les plus élémentaires et les plus concrètes de la vie quotidienne, ainsi qu’en témoignent les sous-titres de leurs quatre volumes : Le Cru et le cuit (1964), Du miel aux Cendres (1967), De l’Origine des manières de table (1968), L’Homme nu (1971). Si l’ethnologie fournit encore ici les points de repère, l’œuvre la déborde de toutes parts, ou plutôt la prolonge et l’étend prodigieusement, car Lévi-Strauss a su se taire rejoindre ces disciplines — indûment — séparées, auxquelles il s'était adonné d’abord successivement, l’anthropologie et la philosophie, au sens le plus large et le plus ancien, c’est-à-dire d’étude et de pratique de la sagesse. Si toute philosophie nouvelle ne peut que s’appuyer sur l’enquête anthropologique, comment cette dernière ne tiendrait-elle pas compte à son tour de la réflexion philosophique, de l’exigence personnelle d’une sagesse vitale ? Les Mythologiques possèdent également une haute valeur artistique, qui est loin d’être seulement formelle; leur rythme musical, une langue aussi scrupuleusement exacte que sensible, aussi intuitive que rationnelle font d’elles un modèle pour un humanisme à venir. Par là, les Mythologiques s’adressent aussi au public cultivé et peuvent se lire comme une sorte de « Recherche du temps perdu ». Malgré l’apparente impersonnalité du ton, l’auteur y apparaît sous les multiples facettes qui font de lui l’un des penseurs les plus fascinants de la seconde moitié du XXe siècle. L’une d’elles, et ce n’est pas la moindre, nous présente un grand humaniste, dominant la culture de son temps, dont il connaît tous les aspects — cf. Les Entretiens avec Claude Lévi-Strauss de Georges Chardonnier, diffusés par la Radiodiffusion-Télévision française en 1959, et publiés en 1960, qui portent principalement sur la peinture. C’est cet humaniste-là qui fit son entrée en 1973 à l’Académie Française.

Sociologue et ethnologue français (né en 1908). • Fondateur de l’anthropologie structurale, Claude Lévi-Strauss cherche à dégager les structures mentales inconscientes qui organisent tous les faits sociaux, des systèmes de parenté aux mythes. • La prohibition de l’inceste dans les sociétés dites « primitives » est ainsi analysée comme le moyen d’assurer rationnellement la communication (par l’échange des femmes) entre les différentes familles du groupe. • De même, Lévi-Strauss repère dans la « pensée sauvage », ou pensée totémique, une logique rigoureuse qui s’emploie à distinguer, à classer et à combiner les espèces vivantes en vue de construire une vision cohérente du monde. Principales œuvres : Les Structures élémentaires de la parenté (1949), Tristes Tropiques (1955), Anthropologie structurale (1958), La Pensée sauvage (1962), Mythologiques (4 vol., 1964-1971).