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Les revues littéraires du XXe siècle

ACTION POETIQUE Fondée en 1950 à Marseille par Gérald Neveu, poète trop tôt disparu, Action poétique qu’anima un temps Jean Malrieu a son siège depuis une quinzaine d’années à Paris. Sous la direction d’Henry Deluy et d’un comité comptant quelques uns des meilleurs poètes d’aujourd’hui (Charles Dobzynski, Gil Jouanard, Alain Lance Lionel Ray, Maurice Régnault, P. L. Rossi, Jacques Roubaud, Bernard Vargaftig) Action Poétique est un des lieux où se manifeste de la manière la plus vive l’activité poétique contemporaine et la réflexion sur les formes et le devenir de la poésie comme sur son rapport à l’histoire et à l’idéologie. Comme Henri Deluy qui dans son beau recueil L’infraction (Seghers) tout ensemble dénonçait les horreurs du Vietnam et du Chili et se gardait des écueils d’un certain réalisme militant, portant attention au travail de la langue, intégrant dans un mouvement lyrique parfaitement contrôlé, dans une violence verbale singulièrement efficace toute la charge politique de son dire, Action Poétique est une revue engagée. Son orientation est délibérément marxiste (plusieurs de ses animateurs sont inscrits au P.C.) et elle n’hésite pas à prendre position sur les événements : le Vietnam, le Chili, mai 68, etc. Mais c’est aussi la revue la plus attentive à défendre les poètes menacés par la censure — ou la prison — dans les pays socialistes, et on y accorde une grande importance à la publication et à l’analyse de textes poétiques ou théoriques de Maïa-kovski, Khlebnikov, Tynianov, Ten-draiakov, Boulgakov, etc. qui valurent souvent à leurs auteurs des ennuis avec les autorités staliniennes. Si elle est engagée politiquement, Action Poétique l’est aussi poétiquement et se veut un lieu d’ouverture et de discussion. Elle publie, souvent autour ou à l’intérieur d’un ensemble thématique (le futurisme, l’idéologie dans la critique, les troubadours, la cuisine) .../... DIGRAPHE Digraphe, qui s’est imposé en une douzaine de numéros, se veut à l’articulation de la théorie et de la fiction. Si la théorie sembla l’emporter au départ, la part faite à la fiction, à l’invention, n’a cessé de croître, Derrida (ses travaux sur l’écriture et surtout Glas, son beau livre où les lectures de Hegel et de Genet* se conjuguent jusqu’aux limites de la fiction) et Ponge demeurant toujours les grandes références. A Digraphe la relation théorie-fiction est toujours ouverte. Pour les écrivains de la revue, Danièle Sallenave, Michel Falempin, Mathieu Bénézet (qui tous trois ont publié des livres fort neufs dans la collection Digraphe ou Denis Kamboucher, Jean-Louis Baudry, Dominique Grandmont, il s’agit d’exploiter toutes les ressources de la poétique, toutes les possibilités de la narration. Jean Ristat, l’animateur de la revue montre par ses textes que l’avant-garde peut être réinvention radicale et non pas pure mise à mort des formes anciennes. Loin de supprimer la prosodie classique, le récit ou l’histoire, il plie l’alexandrin à de nouvelles cadences, transforme le .../... TEL QUEL Le premier numéro de la revue Tel Quel est publié au printemps 1960. Le comité de rédaction est composé comme suit : Boisrouvray, Jacques Coudol, Jean-René Huguenin, Renaud Matignon, Philippe Sollers, Jean-Edern Hallier. Le titre de la revue, qui fait référence à Nietzsche autant qu’à Paul Valéry (une citation de l’auteur de Crépuscule des Idoles ouvre ce numéro : « Je veux le monde et le veux tel quel») est explicité dans une déclaration liminaire qui dit les intentions du groupe : — refus de se soumettre à des impératifs moraux et politiques, refus des idéologies; — choix de l’art et affirmation des prérogatives de la littérature, qui est une prise de position globale dans et sur le monde, et plus précisément de l’écriture « qui est un peu notre fonction vis à vis du monde extérieur, notre façon de le saluer, de créer entre lui et nous une connivence, une intimité, une amitié de plus en plus grandes » ; .../... TXT Fondé en 1969 TXT se voulut d’entrée de jeu doublement révolutionnaire : poétiquement et politiquement. Autant que casser le rituel poétique, ses principaux animateurs (Prigent, Steinmetz, Jaissaud, Jean-Pierre Verheggen, Daniel Busto, Valère Novarina, etc.) souhaitaient changer la société. Discussions et contradictions idéologiques entraînèrent en 1973 une suspension de publication. TXT reparut en 1974 avec un numéro spécial sur Denis Roche*, mettant ainsi l’accent sur les problèmes de langue, tout en poursuivant d’autre part l’ap-prondissement des rapports écriture-peinture amorcé depuis 1971 par une collaboration avec les peintres du ...




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