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Les maisons dans la Grèce antique

maisons. Le palais homérique à mégaron est une demeure de type mycénien. Le mégaron était une salle rectangulaire à foyer central, pourvue d’une ouverture dans le toit pour laisser passer la fumée ; c’était la salle commune autour de laquelle étaient distribuées les pièces : andron, gynécée, communs. La maison du paysan est restée la même à travers les époques. C’était une cabane en pierre ou en torchis, couverte d’un toit de chaume à deux rampants, mais en pente si douce que, l’été, on y plaçait des cruches de vin pour les faire chauffer au soleil. Elle n’a pas de fenêtres, et la lumière entre par la porte. Chez les plus pauvres, il n’y a qu’une salle assez vaste pourvue d’un foyer, où l’on vit et où l’on dort; la fumée obscurcit l’air, bonifie peut-être le vin et s’en va par la porte. Ceux qui sont plus aisés adjoignent deux pièces de part et d’autre de l’aire centrale, servant de chambres à coucher. Au-dessus sont les greniers et les celliers ; à droite et à gauche les étables, les écuries, les remises, qui correspondent avec les pièces de la maison. L’habitation des villes, qui, souvent, est transplantée isolément à la campagne où les riches propriétaires se trouvent entourés des habitations de leurs fermiers, offre les aspects les plus divers. Les maisons des pauvres étaient souvent composées d’une ou deux pièces, ouvertes sur la rue par le seul orifice de la porte, elles étaient faites en pierre, en briques crues, en bois ; dans certains quartiers de Syracuse ou d’Athènes (Koilé, Mélitè), elles étaient taillées dans le roc. Le sol était souvent le rocher aplani ou la terre battue. Ces demeures possédaient parfois un étage en mansarde qui, dans les quartiers commerçants, était loué à de pauvres gens. Après la guerre du Péloponnèse, on augmenta la hauteur des maisons, qui devinrent des immeubles de rapport (syncekia) de trois ou quatre étages ; les appartements à louer étaient en général de deux ou trois pièces, et on y accédait par des escaliers extérieurs et indépendants. Au temps de Démosthène, le banquier Pasion possédait de semblables immeubles, estimés alors à une centaine de mines ; leur rapport était d’environ 8 p. 100. Les locations se faisaient par baux de dix ans au Ve s., de cinq ans au IIe s. av. J.-C., les contrats étant établis suivant des modèles et devant des témoins. Des magistrats, les horistes, étaient chargés de régler les contestations entre les parties et à propos des propriétés. La forme des maisons plus spacieuses a varié selon les régions et les époques. Un des types de demeure hellénique est la maison à péristyle, cour centrale autour de laquelle court une colonnade supportant un toit, formant un préau; cette galerie se retrouve même dans les maisons de rapport à étage. Les pièces sont distribuées autour du péristyle, mais ces dispositions offrent toutes

sortes de variantes ; les péristyles ne sont d’ailleurs souvent que des demi-colonnades, ou encore les salles sont réparties sur seulement deux ou trois côtés de la galerie, l'un des côtés étant adjacent au mur donnant sur la rue. Les colonnes du péristyle sont en pierre ou en marbre, parfois cannelées dans la partie supérieure, en style dorique, moins souvent ionique, exceptionnellement corinthien; au centre du préau on disposait des ornements en mosaïque sur lesquels tombait l’eau du toit recueillie dans une citerne creusée en dessous. L’andron s’ouvrait sur cette cour (aulè) ; il n’était pas toujours distingué du gynécée et, quand celui-ci existait, il arrivait qu’il possédât son aulè particulière. La salle de séjour était l’œcus, qui servait de salle à manger; la cuisine ne semble pas avoir existé avant le Ve s. av. J.-C. ; on préparait le repas soit à l’extérieur sur un réchaud de fortune, soit sur le feu de l’autel d’Hestia. La chambre conjugale (thala-mos) était en général située dans le gynécée, et c’est là qu’on conservait les objets précieux : argenterie, tapis, etc., si l’on en croit les conseils de Xénophon. Les plus grandes maisons comprenaient une dizaine de pièces : l’œcus, l'exèdre (salon situé vers l’entrée de la maison), le vestibule (prothyron), les chambres à coucher. Il y avait peu de fenêtres au rez-de-chaussée; les salles situées du côté de la rue servaient en général d’écuries ou étaient louées en boutiques ; il y avait des fenêtres à l’étage, où se trouvaient parfois le gynécée et le logement des esclaves. Si, dans ce type de maison, l’aulè est le centre de la demeure, le péristyle ne s’y retrouve pas toujours ; à Délos il est même exceptionnel. Certaines demeures étaient pourvues de salles de bains meublées de baignoires du type « sabot » ; on a trouvé aussi des demeures présentant une salle servant d’atelier aux domestiques. Les toits étaient soit inclinés et recouverts de tuiles, soit en terrasses. Jusqu’à la fin du Ve s. av. J.-C., l’ornement des maisons était des plus simples. Les murs étaient enduits de chaux ; on plaçait devant la porte un autel à Apollon Agyieus, pourvu d’une inscription destinée à écarter le mauvais sort; dans le vestibule, une niche abritait une statue d’Hermès Strophaios, et au milieu de l’aulè se dressait l’autel de Zeus Herkéios. Alcibiade paraît être un novateur lorsqu'il fait peindre des fresques sur les murs de sa maison ; cette habitude se développera au siècle suivant et surtout à l’époque hellénistique, Pausias ayant vulgarisé ce goût des lambris peints où volent des Amours au milieu des fleurs. On orne encore les murs avec des lames de bronze, d’ivoire et d'or, ou on les revêt de plaques de marbre. Les tapisseries d’Orient parent les murs, servent de portières, et on jette des tapis à côté de mosaïques compliquées ou de pavés de marbre. Les statues, d’abord simples éléments du culte domestique, deviennent des ornements, et des bassins où coulent des jets d’eau rafraîchissent les péristyles. C’est tout ce luxe que le monde grec fera connaître au monde romain, qui l’adaptera à son goût, ainsi qu’on peut encore le voir à Ostie, Pompéi et surtout Herculanum.

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