LENAIN DE TILLEMONT Sébastien Louis
LENAIN DE TILLEMONT Sébastien Louis. Historien français. Né à Paris, le 30 novembre 1637, mort près de Montreuil le 10 janvier 1698. Fils de Jean Lenain, maître des requêtes au Parlement de Paris, Sébastien Lenain entra à l'âge de dix ans aux Petites Ecoles de Port-Royal où il se fit tôt remarquer par sa passion pour l’histoire. A dix-huit ans, Lenain accumulait déjà des notes pour l’ouvrage auquel son nom reste attaché, les Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles. Dès les commencements de la persécution contre Port-Royal, Lenain doit quitter ses maîtres et se retire avec quelques amis qui professent les mêmes idées que lui au château de Saint-Jean-des-Trous où il séjourne de 1660 à 1668, puis il se réfugie à Beauvais auprès de l’évêque qui avait pour lui, malgré son jeune âge, la plus vive admiration. En 1672, après la paix de l’Eglise, il s’établit à proximité de Port-Royal des Champs, où il fut ordonné prêtre après avoir longtemps décliné cet honneur dont il ne s’estimait pas digne. En 1679, il doit de nouveau s’éloigner de la maison-mère et s’installe alors dans sa terre de Tillemont, près de Montreuil (Seine-St-Denis). A part une visite en Hollande à Arnauld pour qui il eut toujours de vifs sentiments d’admiration et de déférence, il n’en devait plus bouger jusqu’à sa mort. Homme d’une incroyable modestie, affable avec tous, Lenain de Tillemont présente un des types les plus purs qui soient de solitaire de Port-Royal. Sa vie, tout entière consacrée aux exercices de piété et à l’étude, était d’une très grande régularité, à laquelle il ne se permit jamais d’échapper. Très grand travailleur, il composa une œuvre immense, qui soutient le parallèle avec les travaux entrepris dans le même temps par les bénédictins de Saint-Maur. Nous avons vu que dès l’adolescence, il avait rassemblé des notes sur l’histoire de l’Eglise primitive. Poussé par ses amis, il se décida à présenter un premier volume de ce travail à la censure ecclésiastique sans l’avis de laquelle il ne pouvait paraître. Cet avis fut défavorable et Lenain se décida à ne pas publier son œuvre. Toutefois, quelques années plus tard, il céda aux instances de ses amis et subdivisa son manuscrit qui traitait conjointement de l’histoire de l’Empire romain et de celle de l’Eglise et publia a part l'Histoire des empereurs et des autres princes qui ont régné durant les six premiers siècles de l’Église, des persécutions qu’ils ont faites contre les chrétiens... dont le premier volume vit le jour en 1690. Les tomes II à V parurent entre 1690 et 1697, le sixième et dernier volume ne parut qu’à titre posthume en 1738. Cet ouvrage qui, malgré son austérité, obtint un beau succès, est un modèle du genre. C’est une suite de monographies fort complètes où se manifestent la conscience de l’auteur et ses dons d’historien. On peut encore le consulter avec profit de nos jours. Pour Lenain, ce n’était qu’une tentative faite auprès du public en vue de la parution de l’œuvre essentielle. Le succès l’entraîna à la publier sans plus attendre. En 1693, paraissait le premier volume des Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique; les quatre autres volumes suivants furent édités du vivant de l’auteur, le reste de l’œuvre, qui comprend en tout seize tomes, fut publié par les soins du biographe de Lenain, Tron-chay, jusqu’en 1712. Comme l’indique le titre, les Mémoires sont avant tout une collection de matériaux accompagnés de notes, d’éclaircissements et de discussions qui sont des modèles de critique historique. L’œuvre, attaquée, procura à Lenain une réputation encore supérieure à celle que lui valut l'Histoire des empereurs, elle est encore fort estimée et a été utilisée par presque tous les historiens de l’Église. Lenain de Tillemont composa également une Vie de saint Louis, roi de France, qui circula en manuscrit — Filleau de La Chaise s’en servit pour composer sa Vie de saint Louis du vivant de l’auteur — mais resta inédite jusqu’à sa publication par J. de Gaulle en 1847-1851. C’est encore maintenant le travail le plus complet qui existe sur ce sujet. En appendice à cette Vie, Lenain avait écrit une Histoire de la conquête de la Sicile par Charles d’Anjou et une Vie de Guillaume de Saint-Amour. Il avait de plus collaboré à des œuvres collectives de Port-Royal comme les Vies de saint Jean Chrysostome, de saint Athanase, de saint Ambroise. On connaît encore de lui plusieurs inédits dont des Commentaires sur les Êpîtres de saint Paul. C’est usé par le travail et les privations de toutes sortes qu’il s’imposait, que Lenain de Tillemont s’éteignit, le 10 janvier 1698, à l’âge de soixante ans.
♦ « Les Histoires de M. de Tillemont sont des chefs-d'œuvre de conscience, mais la conscience n'est pas la critique. » E. Renan. ♦ « Un des plus doctes et des plus doux solitaires de Port-RoyaL » Sainte-Beuve. ♦ «L'inimitable exactitude [de Tillemont] prend presque le caractère du génie. » Gibbon.
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