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Le Ventre de Paris d'Émile ZOLA, 1873

• Ce roman est le troisième des Rougon-Macquart. Zola y associe un travail documentaire sur les Halles de Paris construites par Victor Baltard sous le Second Empire à partir de 1854, une étude artistique de ce «sujet moderne» et une action politique et sociale qui illustre ses griefs contre Napoléon III et les classes sociales qui l'ont soutenu. • Un républicain déporté lors du coup d'État du Deux Décembre 1851, Florent, rentré clandestinement du bagne de Cayenne, arrive affamé aux Halles de Paris. Il se présente chez son demi-frère Quenu-Gradelle, maintenant patron prospère d'une charcuterie héritée d'un oncle commun. Maigre parmi les Gras, il est accueilli sans chaleur, surtout par sa belle-soeur Lisa, fille aînée des Macquart de Plassans et cousine du Saccard de La Curée. Il s'installe chez les Quenu et se laisse persuader d'entrer aux Halles comme inspecteur de la marée. Il retrouve le soir, chez le marchand de vin Lebigre, quelques républicains qui se donnent des airs de conspirateurs, si bien qu'il est dénoncé à la police à la fois par Lebigre, par Lisa et par une vieille fille du quartier, Mlle Saget, et déporté à nouveau. Zola peint avec soin le ventre de Paris. Il le fait en journaliste attentif aux réalités techniques de la ville moderne, en moraliste appliqué à démasquer les comportements et les passions, en artiste grisé du spectacle des denrées déversées, qui compose des tableaux plastiques où les personnages entrent en harmonie avec les choses. Un de ses personnages, Claude Lantier, le relaie dans l'explication des formes, des lignes et des couleurs et le roman prend la portée d'un manifeste sur la beauté moderne, dans lequel se prolonge son action en faveur des peintres de l'avant-garde du moment, ses amis Courbet, Manet, Pissarro, Jongkind. • On cherche aujourd'hui dans Le Ventre de Paris un témoignage sur un monde disparu, mais il a d'abord été un témoignage sur la vie urbaine moderne.

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