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Le mystère dans la Grèce antique

mystères, ensemble de rites tenus secrets et réservés à des initiés. Dans les religions antiques, ils constituaient une forme de culte à côté des cultes publics, domestiques et populaires. La raison du secret est encore discutée; cependant, on peut rejeter d'office l’explication donnée à partir de certaines accusations des Pères de l’Église suivant laquelle il recouvrait des cérémonies licencieuses. On l’a expliqué par les accords passés entre une cité et un dieu, qui réserverait sa bienveillance à la communauté qui l’honorerait ; si cette explication peut être admise pour certains cultes restreints, comme celui de Sosipolis à Élis, elle ne peut être généralisée. Ce seraient aussi les cultes de peuples vaincus qui se seraient ainsi poursuivis à l’insu des nouveaux maîtres, mais cette explication se heurte à de graves objections, bien qu’elle puisse être en partie retenue. C’était surtout en raison de la croyance primitive à la valeur magique des rites et à leur puissance sur les dieux et les éléments qu’on réservait la connaissance de ces pratiques religieuses à des hommes dont l’intégrité morale garantissait qu’ils n’utiliseraient pas cette science dans leur propre intérêt. Il existait deux sortes de cultes à mystères : d’une part, les cultes qui étaient entièrement revêtus du secret et réservés à des initiés ; d’autre part, les cultes publics, dans lesquels intervenaient des rites célébrés dans le secret des temples et qui étaient souvent des hiérogamies, union du prêtre (ou de la prêtresse) avec une divinité. On trouve de ces éléments « mystérieux » dans de nombreux cultes : Zeus (en Crète), Athéna (à Athènes), Héra (à Argos), Artémis (à Pergê), Hécate (à Égine), etc. Les cultes à mystères se retrouvent dans tout le monde antique. En Égypte ce sont les mystères d’Isis et d’Osiris, en Syrie ceux d’Adonis, en Asie Mineure ceux de Cybèle et d’Attis, en Orient ceux de Mithra. Tous ces cultes furent introduits en Grèce à diverses époques et reçurent plus ou moins droit de cité. À côté de ceux-ci, la Grèce connaissait des religions à mystères, qui, si elles n’étaient pas autochtones, avaient été adoptées à une époque très ancienne : mystères des Cabires à Samothrace, ceux de Déméter et Coré, et les mystères orphiques (pour ces derniers, —►orphisme). Les mystères de Déméter et de Coré étaient pratiqués dans plusieurs cités de la Grèce, mais les plus connus, les seuls sur lesquels nous disposons de quelques données sont ceux d’Éleusis. Les mystères des Cabires, peut-être d’origine phénicienne, furent institués à Samothrace soit pour les Cabires, divinités ou génies de caractère complexe, soit par les Cabires pour honorer les grands dieux. Nous connaissons fort mal ces mystères, ils étaient ouverts aux hommes, aux femmes (Olympias, mère d’Alexandre, y fut initiée) et même aux enfants. L’initiation était une purification — on purifiait même les homicides — et requérait une confession et une absolution donnée par le prêtre. Cet officiant, chargé de purifier les meurtriers, s’appelait Koès, et sans doute les fumigations jouaient-elles un rôle important dans ces cérémonies. Par ailleurs, les Cabires étaient des protecteurs de la navigation et de nombreux marins se faisaient initier. On sait que les adeptes se passaient autour du corps une bandelette rouge pour se protéger des dangers de la navigation. Les Cabires ont été assimilés à diverses divinités dans d’autres cultes à mystères : à Amphissa, en Locride, se célébrait une fête secrète des Dioscures, assimilés aux Curètes et aux Cabires; près de Thèbes existait un alsos (« bois sacré ») réservé aux initiés des mystères des divinités cabiriques Déméter et Coré ; on entrevoit là les relations entre les divers mystères et les divinités qui les présidaient et qui s'assimilaient réciproquement. Cependant, Déméter et Coré resteront surtout les divinités chthoniennes maîtresses des mystères d’Éleusis.

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