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LE BONHEUR - texte d’Épicure extraits de la « Lettre à Ménécée »

LA PRUDENCE COMME CLEF DU BONHEUR

 «  Nous disons que le plaisir est la fin de la vie; nous ne parlons pas des plaisirs des hommes débauchés ni de ceux qui consistent dans la jouissance, comme l'imaginent certaines gens, mais nous entendons le plaisir comme l'absence de douleur pour le corps, l’absence de trouble pour l'âme. Car ce ne sont ni des beuveries et des festins à n'en plus finir, ni la jouissance de jeunes garçons ou de femmes, ni la dégustation de poissons et de bonne chair que comporte une table somptueuse, qui engendrent la vie heureuse, mais c'est un entendement sobre et sage, qui sache rechercher les causes de tout choix et de toute aversion et chasser les opinions fausses, d'où provient pour la plus grande part le trouble qui saisit les âmes. Or le principe de tout cela, et par conséquent le plus grand bien, c'est la prudence. Et voilà pourquoi la prudence est une chose plus précieuse que la philosophie elle-même ; car c'est elle qui donne naissance à toutes les autres vertus, en nous enseignant qu'il est impossible de vivre heureusement sans vivre avec prudence, honnêteté et justice, comme il est impossible de vivre avec prudence, honnêteté et justice sans vivre par là même heureusement.  »

L'AUTOSUFFISANCE COMME CLEF DU BONHEUR

 «  Ainsi, nous considérons l'autosuffisance comme un grand bien : non pour satisfaire à une obsession gratuite de frugalité, mais pour que le minimum, au cas où la profusion ferait défaut, nous satisfasse, Car nous sommes intimement convaincus qu'on trouve d'autant plus d'agréments à l'abondance qu'on y est moins attaché, et que si tout ce qui est naturel est plutôt facile à se procurer, ne l'est pas ce qui est vain. Les nourritures savoureusement simples vous régalent aussi bien qu'un ordinaire fastueux, sitôt éradiqué& toute la douleur du manque galette d'orge et eau dispensent un plaisir extrême, dès lors qu'en manque on les porte à sa bouche. L'accoutumance à des régimes simples et sans faste est un facteur de santé, pousse l'être humain au dynamisme dans les activités nécessaires de la vie, nous rend plus aptes à apprécier, à l'occasion, les repas luxueux et, face au sort, nous immunise contre l'inquiétude. »


LA MODERATION DES DESIRS COMME CLEF DU BONHEUR

INTRODUCTION:


Ces lignes, extraites de la « Lettre à Ménécée », se rapportent aux thèmes du désir et du bonheur. Quel problème soulèvent-elles ? Celui de savoir comment accéder au bonheur, cad un état durable de plénitude et de satisfaction, où la souffrance, l'inquiétude et le trouble sont absents. Or, ce bonheur réside-t-il dans la satisfaction de tous nos désirs ? Ou, au contraire, dans la seule satisfaction des désirs naturels ?

Selon Epicure, il faut, pour atteindre le bonheur, distinguer les désirs et leur donner la satisfaction qu'ils méritent en revenant à la mesure définie par la nature. Pour le philosophe grec, ne pas souffrir (de la faim, de la soif), c'est déjà jouir. L'homme heureux est celui qui connaît l'absence de souffrance corporelle et l'absence de trouble psychique.  L'absence de plaisir en tant que telle, c'est l'absence de désir, donc l'absence de trouble, de manque, cad le bonheur lui-même. Pour Epicure, la vie bienheureuse se définit négativement par la cessation de la "douleur" et de l' "angoisse".

Le texte se divise en deux grandes parties principales :

Dans la première partie du texte (ligne 1 à 10), l'auteur effectue une classification des désirs en « naturels et nécessaires », « naturels et non nécessaires » et enfin ceux qui sont « vains ». Epicure nous incite à classer nos désirs, et à adopter face à eux une stratégie telle que nous serons facilement comblés et rarement insatisfaits.

Dans la seconde partie du texte (ligne 10 à fin) Epicure explique comment atteindre le bonheur. Rien ne manque à celui qui est heureux. Et en effet, le bonheur défini comme absence de douleur physique et psychique, plénitude du corps et de l’âme, est incompatible avec toute idée de manque. L’épicurisme est la quête de la stabilité, de la tranquillité - synonyme de bonheur.




DEVELOPPEMENT:



CONCLUSION:

Ainsi l'éthique épicurienne s'affirme-t-elle comme naturaliste (la nature sert de référence), en appelant à la simplicité (il ne faut pas chercher, dans l'alimentation par exemple, les mets les plus rares, mais seulement de quoi assouvir la faim) et débouche sur l'ataraxie: celui qui est à l'abri de la faim, de la soif et du froid est déjà heureux de ne pas souffrir. Selon Epicure, le plaisir se trouve déjà dans l'absence de souffrance. En cela, il va à l'encontre de la pensée commune qui ne voit de plaisir que dans une excitation positive, un toujours plus.