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L'ART (sujets de dissertation et explications de texte)

Dissertations sur l'art Peut-on reprocher à une œuvre d’art de ne rien vouloir dire ? La laideur peut-elle faire l’objet d’une représentation esthétique ? L’art peut-il s’enseigner ? En quoi l’art peut-il être considéré comme une chose sérieuse ? L’œuvre d’art nous apprend-elle quelque chose ? Faut-il avoir acquis des connaissances pour pouvoir apprécier une œuvre d’art ? La beauté artistique est-elle supérieure à la beauté naturelle ? Une œuvre d’art nous invite-t-elle à nous évader du monde ou à mieux le regarder ? La fin de l’art est-elle la vérité ? L’art peut-il échapper au critère du beau et du laid ? Peut-on expliquer une œuvre d’art ? Embellir la vie, est-ce la seule fonction de l’art ? L’artiste est-il simplement un technicien ? L’art peut-il ne pas être sacré ? (Art ; religion) Est-il possible dans le domaine des arts d’avoir tort ou raison lorsqu’on dit : « c’est beau » ? En quel sens peut-on dire que le monde ne serait pas visible sans l’art ? Les qualités de l’artiste sont-elles celles de l’artisan ? Qu’est-ce qui distingue une œuvre d’art d’un objet quelconque ? Les arts sont-ils un langage ? (Art ; langage ; savoir objectif) L’art n’est-il qu’un mode d’expression subjectif ? Les artistes ont un intérêt à ce qu’on croie aux intuitions soudaines, aux soi-disant inspirations ; comme si l’idée de l’œuvre d’art, des poèmes, la pensée fondamentale d’une philosophie, tombait du ciel comme un rayon de la grâce. En réalité l’imagination du bon artiste ou penseur produit constamment du bon, du médiocre et du mauvais, mais son jugement extrêmement aiguisé, exercé, rejette, choisit, combine ; ainsi, l’on se rend compte aujourd’hui, d’après les carnets de Beethoven, qu’il a composé peu à peu ses plus magnifiques mélodies et les a en quelque sorte triées d’ébauches multiples. Celui qui discerne moins sévèrement et s’abandonne volontiers à la mémoire reproductrice pourra, dans certaines conditions, devenir un grand improvisateur ; mais l’improvisation artistique est à un niveau fort bas en comparaison des idées d’art choisies. Sérieusement et avec peine. Tous les grands hommes sont de grands travailleurs, infatigables non seulement à inventer, mais encore à rejeter, passer au crible, modifier, arranger. Nietzsche Il reste à dire maintenant en quoi l’artiste diffère de l’artisan. Toutes les fois que l’idée précède et règle l’exécution, c’est industrie. Et encore est-il vrai que l’œuvre souvent, même dans l’industrie, redresse l’idée en ce sens que l’artisan trouve mieux qu’il avait pensé dès qu’il essaye ; en cela il est artiste, mais par éclairs. Toujours est-il que la représentation d’une idée dans une chose, je dis même d’une idée bien définie comme le dessin d’une maison, est une œuvre mécanique seulement, en ce sens qu’une machine bien réglée d’abord ferait l’œuvre à mille exemplaires. Pensons maintenant au travail du peintre de portrait ; il est clair qu’il ne peut avoir le projet de toutes les couleurs qu’il emploiera à l’œuvre qu’il commence ; l’idée lui vient à mesure qu’il fait ; il serait même rigoureux de dire que l’idée lui vient ensuite, comme au spectateur, et qu’il est spectateur aussi de son œuvre en train de naître. Et c’est là le propre de l’artiste. Il faut que le génie ait la grâce de la nature, et s’étonne lui-même. Un beau vers n’est pas d’abord en projet, et ensuite fait ; mais il se montre beau au poète ; et la belle statue se montre belle au sculpteur à mesure qu’il la fait ; et le portrait naît sous le pinceau. (...) Alain Questions 1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale. 2 Expliquez : « l’idée lui vient à mesure qu’il fait ». 3 En quoi la création artistique diffère-t-elle de la création artisanale ? Il est évident, par exemple, que les qualités esthétiques, positives, indéniables et parfois très remarquables, d’une automobile, d’un avion, d’un écouteur téléphonique, d’un barrage hydro-électrique, ne sauraient en rien (dans l’esprit moderne) résulter d’ornements surajoutés, ni d’une intervention de l’artiste professionnel se substituant à l’ingénieur pour en corriger ou pour en remanier l’ouvrage, pour le « surdéterminer »1. Elles sont inhérentes à ces choses mêmes, directement, en tant qu’elles sont « réussies » ou « accomplies » ou « parfaites en leur genre » ; en tant que leur forme est excellente, bien adaptée à la fonction. (...) En les créant, l’ingénieur a fait à la fois et par un même acte, par une même démarche, œuvre d’industrie et œuvre d’art. Etienne Souriau 1 surdéterminer : ajouter des significations supplémentaires. Questions 1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale. 2 Expliquez : « L’ingénieur a fait par un même acte œuvre d’industrie et œuvre d’art ». 3 Une œuvre industrielle peut-elle être une œuvre d’art ? Créer, c’est le propre de l’artiste ; où il n’y a pas création, l’art n’existe pas. Mais on se tromperait si l’on attribuait ce pouvoir créateur à un don inné. En matière d’art, le créateur authentique n’est pas seulement un être doué, c’est un homme qui a su ordonner en vue de leur fin tout un faisceau d’activités, dont l’œuvre d’art est le résultat. C’est ainsi que pour l’artiste, la création commence à la vision. Voir, c’est déjà une opération créatrice, et qui exige un effort. Tout ce que nous voyons, dans la vie courante, subit plus ou moins la déformation qu’engendrent les habitudes acquises, et le fait est peut-être plus sensible en une époque comme le nôtre, où cinéma, publicité et magazines nous imposent quotidiennement un flot d’images toutes faites, qui sont un peu, dans l’ordre de la vision, ce qu’est le préjugé dans l’ordre de l’intelligence. L’effort nécessaire pour s’en dégager est indispensable à l’artiste qui doit voir toutes choses comme s’il les voyait pour la première fois. Il faut voir toute la vie comme lorsqu’on était enfant, et la perte de cette possibilité vous enlève celle de vous exprimer d’une façon originale, c’est-à-dire personnelle. Henri Matisse Questions 1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale. 2 Expliquez : « l’artiste doit voir toutes choses comme s’il les voyait pour la première fois ». 3 La création artistique peut-elle se rapprocher de la démarche philosophique ? C’est un vieux précepte que l’art doit imiter la nature... D’après cette conception, le but essentiel de l’art consisterait dans l’imitation, autrement dit dans la reproduction habile d’objets tels qu’ils existent dans la nature, et la nécessité d’une pareille reproduction faite en conformité avec la nature serait une source de plaisirs. Cette définition assigne à l’art un but purement formel, celui de refaire une seconde fois, avec les moyens dont l’homme dispose, ce qui existe dans le monde extérieur, et tel qu’il y existe. Mais cette répétition peut apparaître comme une occupation oiseuse et superflue, car quel besoin avons-nous de revoir dans des tableaux ou sur la scène des animaux, des paysages ou des évènements humains que nous connaissons déjà pour les avoir vus ou pour les voir dans nos jardins, dans nos intérieurs ou, dans certains cas, pour en avoir entendu parler par des personnes de nos connaissances ? On peut même dire que ces efforts inutiles se réduisent à un jeu présomptueux dont les résultats restent toujours inférieurs à ce que nous offre la nature. C’est que l’art, limité dans ses moyens d’expression, ne peut produire que des illusions unilatérales, offrir l’apparence de la réalité à un seul de nos sens ; et, en fait, lorsqu’il ne va pas au-delà de la simple imitation, il est incapable de nous donner l’impression d’une réalité vivante ou d’une vie réelle : tout ce qu’il peut nous offrir, c’est une caricature de la vie. Hegel Questions 1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale. 2 Expliquez : « l’art... ne peut nous offrir qu’une caricature de la vie » 3 Une œuvre d’art nous invite-t-elle à nous évader du monde ? La philosophie n’est pas l’art, mais elle a avec l’art de profondes affinités. Qu’est-ce que l’artiste ? C’est un homme qui voit mieux que les autres car il regarde la réalité nue et sans voiles. Voir avec des yeux de peintre, c’est voir mieux que le commun des mortels. Lorsque nous regardons un objet, d’habitude, nous ne le voyons pas ; parce que ce que nous voyons, ce sont des conventions interposées entre l’objet et nous ; ce que nous voyons, ce sont des signes conventionnels qui nous permettent de reconnaître l’objet et de le distinguer pratiquement d’un autre, pour la commodité de la vie. Mais celui qui mettra le feu à toutes ces conventions, celui qui méprisera l’usage pratique et les commodités de la vie et s’efforcera de voir directement la réalité même, sans rien interposer entre elle et lui, celui-là sera un artiste. Mais ce sera aussi un philosophe, avec cette différence que la philosophie s’adresse moins aux objets extérieurs qu’à la vie intérieure de l’âme. Bergson (Art ; philosophie) Questions 1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale. 2 Expliquez : « Lorsque nous regardons un objet, d’habitude, nous ne le voyons pas ». 3 L’art nous apprend-il quelque chose sur le réel ? Le but de l’art, son besoin originel, c’est de produire aux regards une représentation, une conception née de l’esprit, de la manifester comme son œuvre propre ; de même que, dans le langage, l’homme communique ses pensées et les fait comprendre à ses semblables. Seulement, dans le langage, le moyen de communication est un simple signe, à ce titre, quelque chose de purement extérieur à l’idée et d’arbitraire. L’art, au contraire, ne doit pas simplement se servir de signes, mais donner aux idées une existence sensible qui leur corresponde. Ainsi, d’abord, l’œuvre d’art, offerte aux sens, doit renfermer en soi un contenu. De plus, il faut qu’elle le représente de telle sorte que l’on reconnaisse que celui-ci, aussi bien que sa forme visible, n’est pas seulement un objet réel de la nature, mais un produit de la représentation et de l’activité artistique de l’esprit. L’intérêt fondamental de l’art consiste en ce que ce sont les conceptions objectives et originelles, les pensées universelles de l’esprit humain, qui sont offertes à nos regards. Hegel L’œuvre d’art vient de l’esprit et existe pour l’esprit, et sa supériorité consiste en ce que si le produit naturel est un produit doué de vie, il est périssable, tandis qu’une œuvre d’art est une œuvre qui dure. La durée présente un intérêt plus grand. Les évènements arrivent, mais aussitôt arrivés, ils s’évanouissent ; l’œuvre d’art leur confère de la durée, les représente dans leur vérité impérissable. L’intérêt humain, la valeur spirituelle d’un évènement, d’un caractère individuel, d’une action, dans leur évolution et leurs aboutissements, sont saisis par l’œuvre d’art qui les fait ressortir d’une façon plus pure et transparente que dans la réalité ordinaire, non artistique. C’est pourquoi l’œuvre d’art est supérieure à tout produit de la nature qui n’a pas effectué ce passage par l’esprit. C’est ainsi que le sentiment et l’idée qui en peinture ont inspiré un paysage confèrent à cette œuvre de l’esprit un rang plus élevé que celui du paysage tel qu’il existe dans la nature. Hegel L’art peut ainsi être un luxe mensonger. On ne s’étonnera donc pas que des hommes ou des artistes aient voulu faire machine arrière et revenir à la vérité. Dès cet instant ils ont nié que l’artiste ait droit à la solitude et lui ont offert comme sujet non pas ses rêves mais la réalité vécue et soufferte par tous. Certains que l’art pour l’art, par ses sujets comme par son style, échappe à la compréhension des masses ou bien n’exprime rien de leur vérité, ces hommes ont voulu que l’artiste se proposât au contraire de parler du et pour le plus grand nombre. .. Dès lors, les artistes qui refusent la société bourgeoise et son art formel... doivent être réalistes et ne le peuvent pas... Comment, en effet un réalisme socialiste est-il possible alors que la réalité n’est pas tout entière socialiste ? (...) On se vouera donc d’une part à nier et à condamner ce qui dans la réalité n’est pas socialiste, d’autre part à exalter ce qui l’est ou le deviendra. Nous obtenons inévitablement l’art de propagande, avec ses bons et ses méchants, une bibliothèque rose, en somme coupée autant que l’art formel de la réalité complexe et vivante (...) L’art culmine ici dans un optimisme de commande, le pire des luxes justement, et le plus dérisoire des mensonges. Albert Camus Si l’on me demande si je trouve beau le palais que je vois devant moi, je puis sans doute répondre : je n’aime pas ces choses qui ne sont faites que pour les badauds, ou encore répondre comme ce sachem iroquois qui n’appréciait à Paris que les rôtisseries ; je peux bien encore déclamer, tout à la manière de Rousseau, contre la vanité des grands qui abusent du travail du peuple pour des choses aussi inutiles ; enfin je puis me persuader bien facilement que si je me trouvais dans une île inhabitée, sans espoir de jamais revenir parmi les hommes, et que j’eusse le pouvoir par le simple fait de le souhaiter d’y transporter magiquement un tel palais, je n’en prendrais même pas la peine, supposé que je possède une masure assez confortable pour moi. On peut m’accorder tout cela et l’approuver ; toutefois ce n’est pas là la question. On désire uniquement savoir si la seule représentation de l’objet s’accompagne en moi par une satisfaction, aussi indifférent que je puisse être à l’existence de l’objet de cette représentation. On voit aisément que ce qui importe pour dire l’objet beau et prouver que j’ai du goût, c’est ce que je découvre en moi en fonction de cette représentation et non ce par quoi je dépends de l’existence de l’objet. Chacun doit reconnaître qu’un jugement sur la beauté en lequel se mêle le plus petit intérêt est très partial et ne peut être un jugement de goût pur. Pour jouer le rôle de juge en matière de goût il ne faut pas se soucier le moins du monde de l’existence de l’objet, mais bien au contraire être indifférent en ce qui y touche. Kant En ce qui concerne l’agréable, chacun consent à ce que son jugement fondé sur un sentiment particulier, et par lequel il affirme qu’un objet lui plaît, soit restreint à une seule personne. Il admet donc, quand il dit : le vin des Canaries est agréable, qu’un autre corrige l’expression et lui rappelle qu’il doit dire : il m’est agréable ; il en est ainsi non seulement pour le goût de la langue, du palais et du gosier, mais aussi pour ce qui plaît aux yeux et aux oreilles de chacun (...) Il en va tout autrement du beau. Ce serait ridicule, si quelqu’un, se piquant de bon goût, pensait s’en justifier en disant : cet objet (l’édifice que nous voyons, le concert que nous entendons, le poème que l’on soumet à notre appréciation) est beau pour moi. Car il ne doit pas appeler beau ce qui ne plaît qu’à lui. Beaucoup de choses peuvent avoir pour lui du charme et de l’agrément, il n’importe ; mais quand il dit d’une chose qu’elle est belle, il attribue aux autres la même satisfaction ; il ne juge pas seulement pour lui, mais au nom de tous, et parle alors de la beauté comme d’une propriété des objets ; il dit donc que la chose est belle et ne compte pas pour son jugement de satisfaction sur l’adhésion des autres parce qu’il a constaté qu’à diverses reprises leur jugement était d’accord avec le sien, mais il exige cette adhésion. Kant

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