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Lacan (Jacques) (1901-1981)

Lacan (Jacques) (1901-1981)
Né à Paris le 13 avril 1901, il fera de brillantes études et se passionnera pour la littérature et la philosophie, puis entreprendra des études médicales et se spécialisera en neurologie et en psychiatrie. Cette solide formation médicale et psychiatrique s’accompagnera, par ailleurs, d’une fréquentation des milieux philosophiques et littéraires. Il se liera aux surréalistes et publiera dans la revue Le Minotaure. En 1932 paraît sa thèse, «De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité», où il présente la monographie du cas Aimée pour laquelle il crée la catégorie de paranoïa d’autopunition. Il fera son analyse avec Rudolf Lowenstein, psychanalyste berlinois qui résidera plusieurs années à Paris avant d’émigrer aux États-Unis. En 1936, il donne une communication au congrès de Marienbad dont il ne reste pas de trace, intitulée «Le stade du miroir». Mais deux ans plus tard, il publie dans Y Encyclopédie Française, en 1938, un texte intitulé «Les complexes familiaux dans la formation de l’individu» où le stade du miroir est présenté. Il participe à la vie de la Société Psychanalytique de Paris au nombre de membres alors réduit et il en sera le président. Peu après, en 1953, après de nombreux conflits portant sur l’organisation d’un Institut de Psychanalyse destiné à la formation, il démissionne à la suite de Daniel Lagache, Juliette Favez-Bouton-nier et Françoise Dolto. Il se retrouve donc hors de l’Association Psychanalytique Internationale que Freud avait fondée. C’est de 1953 qu’il convient de dater le début de son «enseignement». Celui-ci se fait sous le mot d’ordre d’un «retour à Freud» qui est retour au texte freudien. Cette même année, il tient une conférence intitulée «Le Symbolique, l’imaginaire et le Réel » où il introduit trois «registres essentiels de la réalité humaine». L’introduction de ces trois concepts, après le stade du miroir, va amorcer une lecture particulièrement riche et féconde du texte freudien qui aura de nombreuses conséquences sur la théorie et sur la pratique de la psychanalyse. Dans ce premier temps de son enseignement, Lacan met l’accent sur le Symbolique, l’ordre du langage, auquel est subordonné l’imaginaire et qui a une fonction pacifiante sur la situation mortifère que créerait le simple rapport du sujet à son image spéculaire. En 1963, une tentative de réintégration à l’API n’est acceptée qu’à condition de restriction touchant les pratiques de Lacan et de Dolto. Lacan fonde alors l’École Freudienne de Paris où Françoise Dolto l’accompagne. Peu à peu c’est vers la question du Réel que s’oriente son enseignement. Avec cette notion et celle d’objet a qu’il avance par la suite, Lacan fait plus que commenter Freud, il «réinvente» la psychanalyse tout en restant dans la perspective freudienne. Sur le plan institutionnel, il tentera de trouver des solutions aux impasses propres à la vie des groupes telles que Freud les avait déjà décrites, en proposant des dispositifs et une interrogation sur la formation du psychanalyste* sans égal avant lui. En 1980, un an avant sa mort, il dissout l’École Freudienne de Paris qu’il avait fondée. Mais le mouvement qu’il avait créé a continué à se développer en de nombreuses associations ou écoles de psychanalyse d’orientation lacanienne. Le retentissement de son œuvre va bien au-delà du mouvement lacanien et son enseignement a profondément remanié la psychanalyse tout entière. Bibl. : Écrits, Le Séminaire (9 volumes parus)
Le nom de Lacan est, en France mais également dans d'autres pays, presque aussi célèbre que celui de Freud. Ses conceptions en matière de psychanalyse, pour originales qu'elles soient, sont, et il les revendique comme telles, dans la droite ligne de la pensée freudienne. Né en 1901 à Paris, Lacan fait des études de médecine et de psychiatrie et publie, en 1932, sa thèse de doctorat sous le titre De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la-personnalité. Les réactions contrastées du milieu psychiatrique français à cette parution préfigurent ce que seront, sa vie durant, les relations de Lacan avec l'institution. En 1936, Lacan présente au congrès international de psychanalyse son interprétation du stade du miroir qui consiste à dire que le moi se constitue d'abord à partir de son propre reflet, image de soi-même, altérité. Ces deux textes et quelques autres sont réunis sous le titre suivant, Écrits. L'ensemble du reste de son œuvre est constitué d'un enseignement oral, dispensé par lui à partir de 1945, sous forme d'un séminaire qu'il tient jusqu'à sa mort, et • qui est édité sous le titre Le Séminaire.
Psychanalyste français. Il publie en 1932 sa thèse, De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, et côtoie les surréalistes aussi bien que des philosophes, auxquels il sera toujours attentif (notamment à Hegel et Heidegger), de même qu'aux poètes (de Mallarmé à Char). Son premier apport important à la théorie analytique consiste, dans les années 30, à repérer le « stade du miroir » (moment où l'enfant se reconnaît pour la première fois dans un miroir) comme constitutif de l’histoire consciente d’un sujet. En opposition à la psychanalyse américaine qui domine dans les années 50 et cherche surtout à adapter l'individu à la société telle qu’elle est, Lacan rappelle (1953, « Rapport de Rome » : Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse) que la cure n’a lieu qu’à travers le langage. Il est exclu de l’Association internationale de psychanalyse et fonde en 1964 sa propre école, l'École freudienne de Paris, où il se préoccupe - notamment à travers les séminaires qu'il organise depuis 1953 -du « retour à Freud » autant que de la formation des analystes ou d’instaurer entre praticiens un système de contrôle qui permette d'échapper à la rigidité des hiérarchies traditionnelles.
♦ C’est en 1966 que sont rassemblés ses Écrits, où, s'inspirant des concepts de la linguistique structurale (« L’inconscient est structuré comme un langage ») et des mathématiques, il fournit des théories freudiennes une interprétation nouvelle : donnant la première place à la dimension symbolique, il tient le réel pour « l'impossible ». Ce réel hors de portée, qui n'est concevable qu'à travers le voile d'un langage exigeant une interprétation sans fin, Lacan va le formaliser dans « l'objet petit a », véritable clé initiale du désir Les Écrits, bien que d'une lecture ardue, rencontrent un énorme succès dans les milieux intellectuels, et Lacan va devenir une figure publique, adulée ou détestée. Son séminaire est religieusement suivi, mais on lui reproche de pratiquer des séances de cure de durée très variable. L’influence des théories lacaniennes se retrouvera plus ou moins durablement en littérature, en peinture, en linguistique - indépendamment des disciples qu'il attire dans les cercles psychanalytiques. Pour déjouer la fascination qu’il finit par exercer - à laquelle s'est ajoutée la mode confuse du « structuralisme » - Lacan dissout en 1980 son École freudienne, et la remplace par la « Cause freudienne », en même temps que s'achève la parution de la revue Scilicet qu'il animait. Les Écrits, les différents tomes publiés du Séminaire, son enseignement et sa pratique lui ont attiré des critiques virulentes, émanant aussi bien de psychanalystes que de linguistes ou de philosophes (Deleuze, Lyotard). Mais on ne peut nier que Lacan, tout en montrant que la psychanalyse n'était pas une histoire close, ait tenté d'en exhiber ce qu'elle pouvait conserver de subversif, pendant qu'il obligeait les philosophes eux-mêmes à relire Freud avec davantage de rigueur.


LACAN Jacques. Psychiatre et psychanalyste français. Né le 13 avril 1901 a Paris. Il est connu pour avoir promu une nouvelle conception de la théorie psychanalytique, dont l’élaboration lui paraît exigée par une lecture attentive de l’oeuvre de Freud elle-même. Les premières esquisses de sa doctrine remontent à 1932, dans sa thèse de doctorat portant sur La Psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, suivie en 1936 par une conférence célèbre prononcée à Marienbad (Tchécoslovaquie) sur Le Stade du miroir. Fréquentant alors de très près les milieux littéraires et artistiques parisiens, en particulier les surréalistes, Lacan enrichit sa culture de connaissances qu’il saura mettre au service de ses spéculations personnelles. Cependant, c’est en 1952 seulement qu’il affirmera définitivement sa doctrine en rompant avec l’Association internationale de psychanalyse fondée par Freud en 1912, pour ouvrir, l’année suivante, l'Ecole freudienne de Paris, qui regroupera les psychanalystes fidèles à sa doctrine. Dans ces mêmes années, Lacan ouvre, pour la formation de ceux-ci, un séminaire qui, de plus en plus fréquenté, prendra au fil des ans l’allure d’une série de conférences dans lesquelles il livre au public ses points de vue originaux sur la psychanalyse, parallèlement à la publication d’un certain nombre d’articles dans différentes revues de psychanalyse qu'il collectera en 1966 dans un recueil qu’il titre Ecrits. Quel est donc l’apport de Lacan à la tradition psychanalytique ? Alors que Freud a pu paraître révolutionner la conception que l’homme avait de lui-même par la découverte en lui d’une dimension pratiquement inconnue jusque-là, l’inconscient, dont la conscience ne représente plus qu’un épiphénomène, Lacan en vient pour sa part à dénier au sujet humain toute réalité substantielle et ne lui assigne d’autre consistance que celle du mirage, dans la mesure même où il le tient pour conditionné jusque dans ses moindres désirs, s’aveuglant perpétuellement sur lui-même en se croyant quelqu’un, alors qu’en fait il n’y a personne. Lacan retrace ainsi la genèse psychologique de l’enfant en mettant l’accent sur la dépendance du développement de celui-ci vis-à-vis de circonstances, identiques cependant pour tous au départ, qui, lors qu’elles se diversifient, seront responsables de la maturation — ou de l'absence de maturation — de l’individu humain. Ainsi celui-ci, séparé douloureusement de sa mère à sa naissance, n’en cessera pas moins de s’identifier à elle jusqu’au moment où il subira de plus en plus ses absences et cherchera alors à contrevenir à cette véritable dissociation d’avec elle par des manoeuvres séductrices à son égard : ne pouvant plus être en elle, c’est lui qui, alors, tentera de l’absorber, en suscitant de sa part un désir permanent de lui qui exclurait chez elle tout autre intérêt. Vers l’âge de six mois, l’enfant va réaliser peu à peu son autonomie, corporelle et psychologique : pressentant par anticipation cette unité organique qu’il va conquérir par la suite, grâce à l’image de la mère a laquelle il s’identifie, l’enfant, qui, jusqu’alors, ne s’appréhendait que d’une façon fragmentaire, va peu à peu éprouver l’existence d’un lien étroit entre lui (c’est-à-dire un sentiment cinesthésique) et cette image que lui renvoie le miroir (ou, en son absence, le regard des autres) sur laquelle il va progressivement se fixer. Alors qu’auparavant il identifiait spontanément les autres à lui, par le processus de l’introjection, et lui aux autres, par celui de la projection, l’enfant se sentira désormais, au terme de cette expérience spéculaire, tel que le voient les autres et appréhendera les autres tels qu’ils se voient, tout à la fois intérieur et extérieur à lui-même, regardé-regardant, identique et échangé à lui-même, capturé définitivement par l’apparence — en fin de compte fantasmatique — dans laquelle il s’exténue (stade du miroir). Cependant, ces expériences appartiennent uniquement à ce que Lacan dénomme l’imaginaire, c’est-à-dire au domaine de l’image, qui ne présente guère de signification puisqu’elle ne renvoie à aucune réalité différente d’elle-même; elle ne symbolise donc rien, car le symbole ne peut exister sans un « objet » différent de lui, qu’il symbolise. C’est seulement après le stade du miroir que l’enfant va pouvoir accéder à l’ordre du symbolique : éprouvant douloureusement les absences répétées de sa mère, l’enfant va alors tenter de les dominer par la possession d’un substitut, le langage, qui lui offre figurativement les mêmes modes d’alternance (ici... là) que les répétitions de présence et d’absence de la mère et dont il se sentira libre de disposer. Ce langage, il l’apprendra de son père, auquel il va chercher maintenant à s Identifier dans la mesure où il le tient responsable des dérobades maternelles : se sentant lésé par ce père qui lui paraît accaparer l’amour maternel, il n’aura en effet d’autre issue que d’être lui, pour en rester l’objet. Par le langage, cependant, c’est son Propre désir que le père communique à enfant de toute la force impérative du verbe qui est en même temps celle de la Loi à laquelle le petit d’homme va se soumettre — cf. le Lux fiat de la Bible au kun (« sois ») des Védas. Telle est la dernière phase de la genèse de l’homme, correspondant au complexe d’Oedipe freudien, et qui recouvre les deux autres identifications précédentes de l’enfant : 1) à sa mère, 2) à sa propre image. Ces trois identifications régiront par la suite sa vie tout entière. L’homme en effet la passera à s’identifier, encore et toujours, à bien des formes secondaires qui représentent autant de leurres dont il va s’habiller pour être désiré, désir qui s’adresse en fait toujours à la mère dont il n’accepte pas d’être séparé. Il s’agit là d’une attitude contradictoire puisque ce comportement témoigne uniquement de la quête de son absence primitive corrélativement à une affirmation de soi comme individu autonome, c’est-à-dire séparé, car c’est dans cette mesure qu’il peut accaparer le désir des autres qu’il éprouve obscurément comme celui de cette mère dans laquelle il veut se réabsorber. L’inconscient, pour Lacan, se révèle ainsi être le lieu du désir de l’Autre, de l’Autre que soi-même en tant que la conscience, loin de présenter une transparence totale à elle-même, apparaît dans sa discontinuité étrangère à elle-même; de l’Autre en tant qu’incarné par le père dont l’individu a assumé le désir en s’identifiant à lui; de l’Autre, impersonnel, médiatisé par le père, qui équivaut au langage considéré dans sa totalité, dont la parole du père ne représente qu’une modulation particulière qui m’impose sa loi pour autant que je parle. C’est cet Autre, dans le sens le plus général, qui désire à ma place et qui ne désire en fait rien d’autre que cet Autre même. Témoin, pour Lacan, les manifestations de l’inconscient telles que les rêves, qui figurent autant de messages adressés à un Autre virtuel par cet Autre auquel le sujet humain s’est aliéné par ses identifications passées (et toujours présentes). Cette aliénation paraît d’autant plus évidente que les processus qui régissent l'inconscient se révèlent semblables pour Lacan aux règles qui commandent la langue. Ainsi interpréte-t-il les notions freudiennes de condensation et de déplacement en termes linguistiques de métaphore (la substitution d’un terme par un autre) et de métonymie (la substitution du tout par la partie). La cure psychanalytique de la part du patient consistera à développer le champ de sa parole, riche de nombreuses implications contenues potentiellement dans la langue, pour parvenir à prendre conscience de sa propre contingence face à ce langage impersonnel et retrouver, par-delà cet ordre symbolique où il s’est inséré, son désir primordial à l’état pur (le « phallus ») du vide initial dont il se trouve issu. Il est sans doute regrettable que Lacan ait communiqué ses aperçus théoriques dans un style fort obscur pour le profane et qui semble parfois démarqué des préciosités mallarméennes. Les influences notables, qu’on peut également déceler dans sa doctrine sur le plan philosophique, telles que celles de Sartre et de Heidegger, ne suffisent pas cependant à épuiser la richesse et la fécondité d’une pensée dans laquelle on peut voir aussi une adaptation originale des enseignements bouddhistes contenus dans les écrits canoniques du Tripitaka.