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La Terre d'Émile ZOLA, 1887, Le Livre de poche

• À l'origine, le plan des Rougon-Macquart ne comportait pas de roman sur les paysans. C'est son installation à Médan (1878) qui semble avoir conduit Zola, en le rapprochant de la campagne, à reconnaître et combler cette lacune. • Ayant souvent reproché à George Sand (La Mare au diable) et à Balzac (Les Paysans) d'avoir ignoré les vrais drames du village, Zola a présenté son livre d'abord comme une oeuvre de vérité sociale : J'y veux faire tenir tous nos paysans, avec leur histoire, leurs moeurs, leur rôle; j'y veux poser la question sociale de la propriété... Toutes les fois maintenant que j'entreprends une étude, je me heurte au socialisme. Je voudrais faire pour le paysan avec La Terre ce que j'ai fait pour l'ouvrier avec Germinal. Mais il l'a aussi conçu comme un poème : Ajoutez que j'entends rester artiste, écrivain, écrire le poème vivant de la terre, les saisons, les travaux des champs, les gens, les bêtes, la campagne entière. (Lettre à Van Santen Kolff, 27 mai 1886.) Zola a choisi de peindre la terre beauceronne, du côté de Cloyes. Le lien avec les Rougon-Macquart est établi par Jean Macquart, frère de Gervaise (L'Assommoir), qui, à son retour de la campagne d'Italie de 1859, s'est placé comme valet dans une ferme. L'action repose sur les passions que suscite la possession de la terre, surtout chez les petits propriétaires. Quand le père Fouan se résigne à partager ses champs entre ses enfants, Jésus-Christ, braconnier ivrogne, Buteau, brute grossière, et Fanny, qui est bien mariée à un riche cultivateur, ceux-ci le dépouillent peu à peu de tout et guettent sa mort. C'est encore un héritage qui dresse Buteau et sa femme Lise contre Françoise, soeur de celle-ci, qui a épousé Jean, l'étranger, le gueux qu'on refuse d'admettre au partage. Buteau et Lise en viennent aux pires violences : Françoise meurt d'un coup de faux mis au compte d'un accident. Et quand ils s'aperçoivent que le père Fouan a été témoin de l'affaire, ils le tuent à son tour et mettent le feu à sa paillasse pour camoufler leur crime. Jean doit se résoudre à quitter le pays. • Excepté Françoise et Jean (dans La Débâcle, celui-ci symbolisera la solidité de la France), il n'est guère d'êtres sains dans cette fresque des campagnes, que l'on considère les protagonistes ou les nombreuses figures secondaires, toutes d'un grand relief. Certains traits violents ont été ressentis comme des calomnies ou des outrances. Ils tiennent pour une part à une vision épique qui, si elle a été discutée dans son application aux moeurs, a été louée sans réserve quand elle anime la peinture de la Beauce tout au long des travaux et des jours.

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