La propriété dans la Grèce antique
propriété. À l’origine, chaque génos possède des terres, sur lesquelles il vit; cette propriété est inaliénable, indivisible et collective. Peu à peu, à la suite de l'évolution des idées, et surtout en raison du caractère individuel naturel de la propriété mobilière, de la formation de nouveaux domaines sur les terres en friche, de l’affaiblissement de la solidarité familiale et de la puissance des familles nobles, devant la montée des classes populaires enrichies par le commerce, la navigation et l’artisanat, la propriété immobilière des génê commença à se morceler, sans, toutefois, que les partages entre membres d’un même génos autorisent l’aliénation de l’antique patrimoine au profit d’un acquéreur étranger au génos. Les grands domaines subsistèrent plus longtemps dans les États oligarchiques, mais l’évolution fut rapide dans les cités démocratiques ; la confiscation par l’État et la mise en vente des biens appartenant aux bannis, les nouveaux riches qui, par mariage, entraient dans des familles nobles dont ils renversaient les traditions, les réformes agraires, hâtèrent le morcellement de la propriété foncière, qui, dès l’époque classique, était accessible à tous les citoyens dans à peu près toutes les cités de la Grèce. Seule Sparte, où l’État, propriétaire de la terre civique, la distribuait par lots (kléros) aux citoyens, qui les faisaient exploiter par les hilotes, conserva encore pendant quelques siècles la tradition d’une propriété inaliénable. Ainsi, la Grèce n’a connu qu’un régime de petite propriété pendant toute sa grande période historique, et il faut attendre l’époque romaine pour y rencontrer de vastes domaines, semblables à ceux des eupatrides du début de l’époque archaïque. À la propriété foncière était aussi lié le concept de droits civiques, raison pour laquelle chaque citoyen grec s’attachait d’autant plus à son petit lopin de terre. La propriété immobilière était interdite aux métèques, qui obtenaient rarement le privilège d’y accéder. De nombreuses cités possédaient un cadastre. En Attique, Solon fit dresser le premier cadastre, qui, à partir de Clisthène, fut tenu pour chaque dème par le démarque. Un recensement effectué en Attique en 401 av. J.-C. donne un chiffre global de quinze mille propriétaires fonciers pour vingt mille citoyens. Les champs étaient marqués par des haies et des bornes, et, lorsqu’un terrain était vendu, une copie du contrat passé entre l’acheteur et le vendeur était déposée dans les archives de la cité (arkhia, khréophylokion), conservées par un magistrat (hiérotnnétnon, grammato-phylaque, damosiophylaque) qui apparaît comme le gardien officiel de la propriété foncière. Ces biens-fonds pouvaient être hypothéqués; afin de préserver ses droits, le prêteur disposait d’une borne hypothécaire dans le champ hypothéqué, ou bien celle-ci était mentionnée sur le cadastre. Athènes disposait d’un bureau des hypothèques.