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La peinture dans la Grèce antique

peinture. Les palais, dans la Crète minoenne et dans la Grèce mycénienne, durant le second millénaire av. J.-C., étaient décorés de grandes fresques peintes (c.-à-d. de peintures sur le plâtre humide), mais, comme la plupart des autres aspects de ces civilisations, la connaissance de l’art de la peinture a disparu en Grèce lors des siècles obscurs qui ont suivi. La peinture figurative a réapparu sur les vases au VIIIe siècle av. J.-C. À part les vases, les vestiges subsistants de la peinture grecque sont très peu nombreux, et aucun n’est de premier ordre. On peut mesurer 1’ampleur de la perte par le fait que les critiques romains avaient de la peinture des Grecs une opinion aussi haute que celle qu’ils avaient de leur sculpture. A partir du viie siècle av. J-C., il y eut des plaques de pierre peintes et des terres cuites (passées au feu après avoir été peintes). A partir du vie siècle av. J.-C,, quelques plaques en bois, et à partir du début du Ve siècle, les peintures murales des tombes souterraines de l'Etrurie (grecque) en Italie. Il y a aussi l’évidence indirecte de la peinture sur vases qui, tout en copiant occasionnellement des tableaux réels, a aussi imité les techniques de la peinture à grande échelle, et il y a quelques copies romaines tardives d’originaux grecs (en particulier la mosaïque dans la maison du Faune à Pompéi, représentant la bataille entre Alexandre le Grand et Darius III à Issos, dérivant d’un tableau grec contemporain, peint par Philoxène). La plupart des peintures étaient faites sur des murs ou sur des panneaux de bois préalablement recouverts d’une couche de peinture blanche, et à partir du viie siècle une bonne palette de couleurs était disponible. Sur les techniques utilisées, nous dépendons largement des informations de Pline l’Ancien, de Pausanias et de Lucien. Sur les murs, il y avait la peinture sur fresques et la peinture a tempera (qui utilisait une substance collante); sur le bois et le marbre, la peinture a tempera et l’encaustique. Dans la méthode de l’encaustique, que l’on n’a pas totalement comprise, les couleurs étaient mélangées à de la cire, appliquées sur la surface, puis brûlées avec une barre rougie au feu; cette technique s’approchait de la richesse de tons propre à la peinture à l’huile, un procédé inconnu des Grecs.

peinture. Pour les Grecs, elle fut tout aussi importante que la sculpture ou la musique mais, tandis qu’il nous a été conservé une multitude de copies des grandes œuvres de la sculpture ainsi qu’un grand nombre d’originaux, il ne nous a quasiment rien été conservé de la peinture. Nous connaissons les grands peintres par ce que nous en ont rapporté les Grecs et plus particulièrement Pline l’Ancien et Pausanias, et nous ne pouvons nous faire une vague idée de leurs œuvres que par les peintures de poteries qui s’inspiraient des grands peintres à la mode, quelques rares fragments de peintures sur pierre ou sur terre cuite, et à travers les peintures de Campanie (Pompéi, Herculanum) qui ne sont souvent que l'écho affaibli de grandes œuvres grecques; à quoi il faut ajouter les portraits du Fayoum, en Égypte qui appartiennent à la peinture grecque, quoique datant de l’occupation romaine. Après l’invasion dorienne les conquêtes de la peinture préhellénique furent oubliées et la peinture réapparut modestement comme auxiliaire de la poterie, de la sculpture et de l’architecture. Si les vases étaient peints de couleurs mates, certaines parties des temples (chapiteaux, corniches, triglyphes, fond des métopes...) étaient peintes de vives couleurs et d’or ; il en était de même pour les statues, et la sculpture archaïque a rendu un certain nombre d’œuvres peintes. Selon la tradition antique, la peinture aurait commencé avec Cléanthe de Corinthe et Philoclès l’Égyptien, qui auraient indiqué le relief du corps par les traits de pinceau. Aridikês de Corinthe et Têléphanês de Sicyône marquèrent les lignes intérieures sur un fond noir, auquel Ec-phantos de Corinthe ajouta des touches de rouge. Cette technique est celle de la peinture sur poterie et il est possible que ce soit plus particulièrement d’elle que soit née la peinture indépendante. Le premier peintre dont on connaisse une œuvre est Boularkhos, qui peignit un tableau pour le roi Candaule (Lydie, fin du VIIIe s. av. J.-C.) ; c’était une peinture monochrome. Craton de Sicyône, un peu plus tard, peindra sur un fond blanc, technique que va reprendre Eumarês d'Athènes, qui brilla sous les Pisistratides. La peinture archaïque atteint sa perfection une génération plus tard avec Cimon de Cléonæ, qui, le premier, observe la nature, peint des athlètes nus ou des personnages drapés, invente le raccourci, souligne l’expression des corps. La grande peinture de l’époque hellénique s’ouvre magnifiquement avec l’école attique, illustrée par le grand Polygnote de Thasos, Micon, Panainos, Apollodore et Agatharque de Samos. Ce dernier, contemporain d’Eschyle (première moitié du Ve s.), exécuta pour la première fois une décoration peinte pour une tragédie du grand poète ; il paraît que ce décor à plusieurs plans offrait un premier essai de perspective. L’école ionienne est représentée par Zeuxis, Parrhasios et Timanthe. Le fondateur de l’école de Sicyône est Eupompos, le maître de Pam-philos d’Amphipolis. Ses élèves furent Mélanthios qui, paraît-il, surpassait Apelle pour la composition et l’art de grouper les personnages, et surtout Pausias. L’école thébaine brilla d’un éclat particulier avec Nicomaque, Aristide Euphranor et Nicias auxquels il faut joindre Philoxène d’Érétrie, élève de Nicomaque. Le règne d’Alexandre fut illustré par deux des plus grands peintres grecs, Apelle et Protogène, et l’époque hellénistique s’ouvrira avec Aétion. Mais cette époque, pas plus que celle de l’occupation romaine, ne va plus donner de grande œuvre originale. Apelle laissa bien un disciple, Ctésilochos; Alexandrie donna surtout Antiphile (né d’ailleurs à Naucratis) et les portraits du Fayoum sont des chefs-d’œuvre de réalisme. Somas donna encore Théon et Dioscouridès, auteur d’admirables mosaïques à Pompéi; l’école de Pergame est illustrée par le peintre de mosaïques Sôsos; Timomaque de Byzance est connu par la copie de sa Médée et d’une Iphigénie retrouvées sur les murs d’une maison d’Herculanum. Les peintures de Campanie nous font aussi connaître une copie de l’Achille à Skyros d’Athénion de Maronée, élève de Glaukion de Corinthe, et sans doute contemporain de Nicias. Les couleurs utilisées par les peintres grecs jusqu’au ive s. av. J.-C. étaient le blanc (terre de Mélos), le jaune (sil attique, ocre), le rouge (sinopis pontique), le noir (atramentum, noir de fumée et matière agglutinante). Pline nous dit que, avec ces quatre couleurs, Apelle, Échion, Mélanthios et Nicomaque ont exécuté des œuvres immortelles. Cependant, c’était là une volonté de simplicité, car, avant eux, les peintres disposaient du bleu et du vert, qu’on trouve dans la polychromie des lécythes contemporains ; ils pouvaient ainsi décliner toute la gamme des couleurs, comme en témoignent les peintures de Campanie. Les peintres créèrent d’ailleurs des couleurs diverses à partir d’autres procédés ; on avait des variétés de jaune avec les terres de Skyros ou le jaune lydien; Polygnote faisait du violet foncé avec de la lie-de-vin cuite; Kydias de Kythnos, à l’époque hellénistique, obtint du vermillon en brûlant du jaune. L’un des procédés de peinture était la détrempe : on délayait les couleurs dans une substance liante (colle, gomme, blanc d’œuf) et on les étalait sur une surface préparée avec une substance identique. Le procédé de l’encaustique fut inventé par Polygnote ou par Aristide; Pamphilos y excella. Ce procédé délicat consistait à utiliser des pains de cire qu’on liquéfiait dans des godets ; on étalait au pinceau la cire mêlée de couleur puis on retouchait et on précisait les traits et les teintes à l’aide d’un fer chaud. Cette technique était surtout employée pour les petits tableaux, et une femme peintre, Laia de Cyzique, installée à Rome au Ier s. av. J.-C., se fit une réputation dans la peinture à l’encaustique de miniatures sur ivoire. La peinture murale utilisait le procédé à la fresque, c’est-à-dire qu’on diluait les couleurs dans de l’eau avant de les étendre sur un fond préparé. C’est ce procédé qu’utilisèrent les peintres du Ve s. av. J.-C., dont les œuvres ornaient les monuments publics ou les intérieurs de maisons, comme cet Agathaclos qu’Alcibiade paya pour peindre les murs de sa maison, ce qui était alors une grande nouveauté. Les peintures libres étaient exécutées sur bois, en général du buis. Ce n'est qu’à une époque tardive qu’on fit des peintures sur toile. Les tableaux étaient insérés dans les cadres de bois et, à partir du ive s. av. J.-C., posés sur chevalet. C’est sur un chevalet que devait être placé le tableau de Protogène, qu’Apelle aperçut en lui rendant visite. Les tableaux étaient exposés dans les temples ; dans les maisons et les pinacothèques, dans les rues et sur les places publiques. C’est bien sur une place qu’Apelle exposait ses peintures, qu’il laissait corriger par les passants.

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