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La médecine dans la Grèce antique

médecine. Dès l’époque homérique, la médecine paraît revêtue d'un caractère rationnel; les blessés sont pansés avec des baumes et on n’utilise aucune pratique magique pour les soigner. C’est cependant, dans une certaine mesure, dans les asclêpieions que la médecine scientifique se développe avant de se détacher de l’ascendance du dieu. On ne sait que peu de chose de la médecine avant Hippocrate. Cependant, c'est dans des génos que se transmettaient les connaissances médicales, ces familles recevant d’ailleurs des étrangers qui étaient intégrés au génos. Ainsi se développèrent de grandes écoles de médecine à Crotone, à Cyrène, à Rhodes, et surtout à Cos et à Cnide, qui furent d’illustres rivales. L’école de Crotone donna Démocède (v. 521-483 av. J.-C.) ; il fut médecin public à Égine, puis à Athènes, avant de devenir médecin de Polycrate de Samos, puis, capturé par le roi de Perse Darios, il fut son médecin et son conseiller avant de revenir mourir dans sa patrie. Alcméon, pythagoricien, pratiqua la dissection sur les animaux et découvrit les nerfs. À Cos pratiquait le génos des Asclépiades auquel appartenait Hippocrate; ses successeurs immédiats furent Praxagoras de Cos et Dioclès de Carystos. L’école de Cos, en matière de thérapeutique, recourait aux régimes, alors que les tenants de l’école de Cnide préconisaient les médicaments, en général des décoctions de plantes ; cette méthode pharmaceutique va se développer à mesure que se perfectionneront les médicaments, et c’est elle qui sera le plus largement reprise aux époques ultérieures. La médecine se perfectionne à l’époque hellénistique grâce aux travaux d’Hérophile de Chalcédoine, disciple de Praxagoras et d’Érasistrate de Céos. Leurs disciples tombèrent dans le dogmatisme, en réaction duquel se créa l’école empirique, qui se contentait de décrire les maladies. Au Ier s. av. J.-C., Asclépiade, originaire d’Asie Mineure, remporta un grand succès à Rome; s'élevant contre l’abus des médicaments, il prescrivit l’hygiène, les régimes, les cures d’eau, les massages, les promenades. Hippocrate restait son maître ; il allait être aussi celui d'Apollonios de Citium, qui le commentait à la même époque. Ce fut un disciple d’Asclépiade, Thémison de Laodicée, qui fonda l’école méthodique, selon laquelle les maladies proviennent de l’état général du corps; le plus illustre représentant de cette école est Soranos d’Éphèse (IIe s.), qui fut gynécologue et pédiatre ; il laissa de judicieux conseils sur la manière d’accoucher et de soigner les nouveau-nés. A l’école rivale, on doit la pneumatique, fondée par Athénée (d’Asie Mineure) ; selon ce médecin c’est l’esprit, ou pneuma, qui régit la santé et la maladie. Archigène de Syrie (fin du Ier s.) fut le meilleur représentant de cette école — nous le connaissons par la compilation de ses travaux faite par Arétê de Cappadoce. Ce fut un observateur remarquable et pénétrant, qui sut parfaitement décrire l’évolution des maladies; il préconisait le thérapeutique des régimes, les bains d’eau froide et de soleil. On a conservé quelques écrits de Rufus d’Éphèse (IIe s.), mais c’est Galien qui domine toute la médecine grecque de l’époque romaine et qui en est le dernier représentant. Nous avons signalé les grandes écoles de l’époque hellénique ; aux périodes suivantes, ce sont celles de Smyrne, de Pergame, d’Alexandrie qui vont briller aux côtés de celle de Cos. L’enseignement se dispensait dans ces écoles de trois manières : par des cours, par des études cliniques, par l’apprentissage pratique. L’anatomie, étude du corps, la pathologie, étude des maladies, et la thérapeutique, connaissance des moyens de guérison, étaient les disciplines essentielles. On ne sait combien duraient ces études, sans doute longtemps, car Thessalos de Tralles avait étudié onze ans avant de s’installer. Nul diplôme ne sanctionnait les études, mais les disciples prêtaient un serment par lequel ils devaient fidélité à leur maître et un entier dévouement à leur profession ; ce qui n’empêchait pas l’existence d’un grand nombre de charlatans. La médecine connaissait déjà de nombreuses spécialités : chirurgiens, oculistes, dentistes, gynécologues; les femmes pouvaient être médecins, mais ne s’occupaient que des femmes et des enfants. La pharmacie n’était pas une discipline particulière, les médecins se chargeant de la préparation des médicaments. Il y avait des médecins privés, qui exerçaient pour leur compte ; des médecins militaires, attachés aux armées ; des médecins de gymnases, enfin les médecins publics. On trouve les médecins publics dès le vie s. av. J.-C.. Les cités se disputaient à prix d’or les médecins de renom, tel Démocède de Crotone. Dans les grandes villes, on trouvait plusieurs médecins publics, assistés de leurs élèves et d’esclaves publics; ils étaient choisis par l’ecclésia à Athènes. On mettait à leur disposition un vaste local bien aéré et exposé, l’iatroion, sorte de dispensaire comprenant des salles d’opération, une pharmacie et peut-être des chambres pour les malades, où ceux-ci étaient soignés gratuitement; un impôt spécial servait à rétribuer les médecins et à couvrir les frais. Les médecins particuliers possédaient souvent leur propre dispensaire. Les souverains disposaient en général d’un médecin ; celui des rois de Perse était toujours grec : Ctésias est le plus connu d’entre eux.

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