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La loi de la chute des corps

Avec la révolution scientifique du XVIIe siècle, on passe d'une conception qualitative et substantialiste du monde à une conception homogène, mesurable, où les objets sont dans des rapports quantifiables. Avec Galilée se met en place l'idée d'une unique intelligibilité des phénomènes de la nature.

Problématique

La connaissance scientifique ne se développe pas de manière linéaire, mais tout développement des idées en sciences s'accompagne toujours d'une remise en question des idées antérieures et, par conséquent, le progrès dans les connaissances ne se fait pas par simple accumulation, mais par rupture. La révolution galiléenne au XVIIe siècle repose sur une critique et un dépassement de la conception pré-scientifique de la physique aristotélicienne.

Enjeux

Pour les Grecs de l'Antiquité, la nature comme ensemble de phénomènes ne peut faire l'objet d'une connaissance rationnelle parce que les phénomènes sont hétérogènes et non mesurables. L'apport essentiel de Galilée est de réunir le monde sublunaire au monde supra-lunaire. Cela signifie que les lois qui sont valables dans le cosmos sont aussi valables sur terre. Autrement dit, Galilée propose une conception homogène des phénomènes de la nature. Le monde est connaissable et la raison est l'instrument de cette connaissance.

La loi de la chute des corps

Les philosophes aiment à donner comme exemple de loi physique la loi universelle de la chute des corps. Mais ils explicitent rarement la contradiction qui donne vie à la loi. Oui, tous les corps tombent, même ceux qui ne tombent pas. Le vol est une chute niée. La feuille morte qui descend en une capricieuse spirale vers le sol tombe verticalement. Si les souffles de l'air d'automne troublent apparemment la verticalité de la chute, ils sont comptés pour accidents par la pensée rationnelle qui a découvert la loi profonde, la chute droite malgré les apparences de chute oblique. La rationalité de la loi de chute, pourvue d'une algèbre simple, est inscrite dans le mouvement de tous les corps à la surface de la terre. Il faut convertir l'immense variété de la phénoménologie de la chute des corps en l'absolue universalité de la nouménologie du mouvement de la chute des graves. Et ainsi le verbe tomber passe du langage empirique au langage rationnel ; la chute, dès qu'on a réduit les aspects immédiats, les aspects phénoménaux reçoit son noumène. Elle peut donner lieu à des problèmes rationnels, à des problèmes mathématiques. Ainsi, la science n'est pas le pléonasme de l'expérience. Ses concepts ne sont nullement les concepts d'un empirisme par principe attaché aux objets séparés présentés par l'aperception. Nous aurons à revenir, pour les caractériser philosophiquement, sur les interconcepts qui forment la contexture d'une science particulière. Pour l'instant, il suffit de noter le travail d'extension des notions en dessous des apparences immédiates, par l'action d'une essentielle réflexion qui critique sans cesse les données premières. En somme, l'empirisme commence par l'enregistrement des faits évidents, la science dénonce cette évidence pour découvrir les lois cachées. Il n'y a de science que de ce qui est caché. Dans ces conditions, on pourra donner comme axiome de l'épistémologie : découvrir est la seule manière active de connaître. Corrélativement, faire découvrir est la seule méthode d'enseigner.

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