La guerre dans la Grèce antique
guerre. On a pu dire que le monde grec vivait en permanence dans un état latent de guerre et que la paix n’apparaît que comme un accident. Néanmoins, malgré les guerres qu’ont soutenues les diverses cités de l’Hellade, les temps de paix, ou, si l’on préfère, de non-belligérance, étaient nombreux, prolongés et, finalement, s’étendaient sur des laps de temps bien plus longs que ces moments de crise que sont les guerres. À l’époque archaïque, il arrivait qu’on recourre à l’arbitrage pour départager des cités, mais, le plus souvent, l’issue des litiges était la guerre. Cependant, les cités ne s’engageaient pas dans une guerre sans s’entourer de précautions religieuses. On envoyait d’abord consulter un oracle, généralement celui de Delphes, afin de connaître l’issue de la guerre plutôt que de savoir si l’on pouvait entrer en guerre. Un héraut était ensuite dépêché pour faire la déclaration officielle de guerre ou pour porter un ultimatum. Une guerre sans déclaration préalable était une chose exceptionnelle. On tentait même, surtout à l’époque archaïque, de réduire la portée du conflit en n’y engageant qu’un nombre réduit de guerriers de part et d’autre. La tradition arcadienne mentionne des combats de trois hommes contre trois, et Hérodote rapporte que, dans les contestations entre Sparte et Argos pour la possession de Cynosoura, on opposa seulement 300 Spartiates à 300 Argiens, qui furent vaincus. Des accords étaient aussi passés sur les armes qui seraient employées; ainsi, au début de la guerre Lélantine —> Eubée, les hippobotes, nobles éleveurs de chevaux, convinrent de ne pas faire usage de javelots. Le soldat qui jetait ses armes et demandait merci ne pouvait non plus être tué. Les prisonniers étaient échangés contre rançon (celle-ci étant souvent convenue d’avance entre les cités), ou bien réduits en esclavage. Avant de se mettre en campagne, aussi bien qu’avant de déclencher une bataille, on consultait les dieux par la voix d’un oracle et par l’intermédiaire d’un devin, qui observait les entrailles d’un animal sacrifié. De même, on ne se met pas en route un jour néfaste, ni pendant une période de fête, et on ne manque pas d’offrir des sacrifices avant de partir. L’armée emmène avec elle les images des dieux tutélaires et un autel portatif où brûle un feu allumé au foyer de la cité. Après la bataille, le vainqueur dressait un trophée et accordait au vaincu le droit d’ensevelir ses morts, droit sacré qui n’était jamais refusé, à moins que le vainqueur ne se réservât ce pieux soin, comme le fit Philippe après Chéronée. Lorsqu’une ville assiégée se rendait, il arrivait que les hommes fussent massacrés et le reste de la population réduit en esclavage, mais c’était une chose exceptionnelle, qui ne se produisait en général que lors de la prise de la ville par la violence. En revanche, les lieux consacrés, propriétés des dieux, étaient toujours respectés et seuls des Barbares osaient incendier des temples comme les Perses le firent à Athènes. Dans l’ardeur du combat, les personnages religieux, les devins, les pyrophores, qui portaient devant les armées en marche le feu allumé, étaient épargnés. Lors de certaines fêtes et surtout des grands jeux panhelléniques, une trêve sacrée était déclarée, et le territoire où avait lieu la fête ainsi que les pèlerins qui s’y rendaient, étaient sacrés.