Databac

La Chanson de Roland

La Chanson de Roland
début du XIIe siècle, 10/18, Classiques Larousse, Folio
• Cette chanson de geste, la plus ancienne et la plus connue de la littérature française, chante en quatre mille deux octosyllabes et deux cent quatre-vingt-onze laisses (strophes de longueurs inégales) la geste, c’est-à-dire les exploits, de Roland, neveu de Charlemagne, face aux Infidèles. On discute encore de la genèse de ce poème épique d’auteur inconnu (Turold?) qui transforme en croisade contre les Sarrasins une expédition du jeune roi Charlemagne outre-Pyrénées, au cours de laquelle son arrière-garde fut massacrée par des montagnards basques chrétiens (778). Le comte de Bretagne, Roland, qui figurait parmi les victimes, devient, dans le poème, le neveu de l’empereur à la barbe fleurie et le héros d’une lutte épique contre les Sarrasins.
• Devant la menace d'invasion, Marsile, le roi musulman de Saragosse, a offert de se convertir. Pour mener les négociations, Roland propose d’envoyer son beau-père Ganelon dans le dessein de l’honorer; mais Ganelon ne voit que le danger de cette ambassade et, pour se venger de Roland, s’engage dans la trahison : sur ses conseils, Marsile attaque l’arrière-garde de l’armée chrétienne où se trouvent Roland et son ami Olivier. Roland, par point d’honneur, refuse d’abord de sonner du cor pour rappeler Charlemagne. Quand il s'y résigne après un combat gigantesque, il a trop attendu. Il est bientôt seul face aux païens qui n’osent l’approcher, bien qu’il soit blessé à mort. Après avoir tenté de briser son épée, il s’étend sous un pin pour mourir, songeant à Charlemagne, son seigneur qui l’a nourri et demandant à Dieu merci. Il n'a pas une pensée pour la belle Aude, sa fiancée, qui pourtant mourra de chagrin. Charlemagne le venge en écrasant les Sarrasins, et Ganelon est écartelé après un «duel judiciaire» dans lequel le champion de Roland l’a emporté sur celui du traître, rendant ainsi manifeste le jugement de Dieu.
• La Chanson de Roland est à étudier comme l’expression la plus accomplie des valeurs morales du monde féodal (culte de l’honneur et piété) auxquelles le merveilleux épique donne ici tout leur éclat.