KANT : L'HISTOIRE COMME PROGRÈS

KANT : L'HISTOIRE COMME PROGRÈS

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Kant développe ici Vidée que l'histoire n'est pas faite de changements incompréhensibles, qu'elle n'est ni répétition, ni décadence inévitable, qu'elle est peut-être progrès : l'humanité s'améliore, ou, plus précisément, peut s'améliorer. D'où l'importance d'une éducation qui devrait éléver les enfants en vue d'un état meilleur, “d'après l'idée de l'humanité et de son entière destination". « Que le monde est mauvais, c’est là une plainte aussi ancienne que l’histoire et même que la poésie plus vieille encore, bien plus, aussi ancienne que le plus vieux de tous les poèmes, la religion des prêtres. Pour eux tous néanmoins le monde commence parle Bien ; par l’âge d’or, la vie au Paradis, ou par une vie plus heureuse encore, en commun avec des êtres célestes. Toutefois ils font bientôt disparaître ce bonheur comme un songe ; et alors c’est la chute dans le mal (le mal moral avec lequel le physique alla toujours de pair) qu’ils font se précipiter en l’accélérant pour notre chagrin ; en sorte que maintenant (mais ce maintenant est aussi vieux que l’histoire) nous vivons aux derniers temps, que le dernier jour et la fin du monde sont proches [...]. L’opinion héroïque opposée qui s'est établie sans doute seulement parmi les philosophes et à notre époque notamment chez les pédagogues, est plus nouvelle, mais bien moins répandue, à savoir que : le monde progresse précisément en sens contraire, du mal vers le mieux, sans arrêt (il est vrai d’une manière à peine sensible) et que tout au moins on trouve une disposition à cet égard dans la nature humaine. »

Kant

ordre des idées

1) Conception ancienne de l'histoire : le devenir du monde nous éloigne du bien (passé) et nous précipite dans le mal (présent et futur). a) Exemples de cette conception. On la trouve : — dans la poésie (cf. Hésiode, l'idée d'une succession des « âges » : âge d’or etc.) — dans la religion (cf. La Genèse, l'idée du Paradis originel ou Eden). b) Traits communs à ces récits :ils posent un passé parfait, suivi d'une chute dont le présent serait la conséquence aggravée. 2) Une conception nouvelle : l'idée d'un progrès de l'humanité, d'une progression vers un mieux. a) Caractère de cette idée : sa nouveauté. Elle apparaît chez les philosophes [cf. les “philosophes” du XVIIIe siècle, Fontenelle, Condorcet...) b) Nuance : le progrès, s'il est possible de contester sa réalité sur certains plans, est au moins une possibilité : l'homme est par nature capable de s'améliorer l'histoire peut l'éduquer et l'éducation peut nous rapprocher de l'idéal humain.