JÉRÉMIE
Né vers 650 av. J.-C., Jérémie est le fils de Hilqiya, membre du clergé d'Anatoth, près de Jérusalem, sur le territoire de Benjamin. Prophète (627-587 av. J.-C.), son interprétation des événements historiques, notamment de la captivité à Babylone, le rendit impopulaire au point qu'il dut s'exiler en Égypte. Il y mourut en 580, lapidé par les Juifs exilés comme lui, qui refusaient ses accusations. En effet, il accusait Israël d'être responsable de sa chute parce qu'il adorait des divinités étrangères. Jérémie est l'auteur des Lamentations et d'un grand livre prophétique qui porte son nom, sans doute écrit sous la dictée par son secrétaire Baruch (605 av. J.-C.).
JÉRÉMIE. Prophète hébreu, auteur du livre de la Bible qui porte son nom. Fils d’un prêtre de la tribu de Benjamin, il naquit vers 650 av. J.-C. et passa ses premières années à Anatôt. D’un naturel tendre et délicat, il aurait volontiers passé le reste de ses jours dans ce village de Judée situé non loin de Jérusalem. Jérémie prophétisa très jeune (628 av. J.-C.), mais l’accomplissement de sa mission lui inspirait une vive répugnance. Néanmoins il s’y résignait avec beaucoup de courage et de modestie, se sachant promis au martyre. Le prophète sacrifia tout à Dieu. Avide d’affection, il ne prit point femme; dévoré d’amour pour son pays, il fut maintes fois jeté en prison par ses compatriotes, furieux de ce qu’il leur prédisait ; sensible au plus haut point et couvert d’opprobres, son courage était tel qu’on l’eût dit « insensible comme un mur ». Mais ce mélancolique maudissait le jour de sa naissance et ressentait avec angoisse les malheurs de sa patrie. Alors que s’avançaient les troupes de Nabuchodonosor, Jérémie n’en fit pas moins un acte suprême de foi, en demandant à son fidèle secrétaire Baruch de lui acheter un champ à Anatôt, parce que, disait-il, « on achètera encore des maisons, des champs et des vignes en ce pays »... Estimé par les Babyloniens, il voulut demeurer dans la capitale détruite et tombée sous la domination chaldéenne, pour collaborer avec le gouverneur Godolias au relèvement des ruines. Après le meurtre de ce dernier, Jérémie, âgé de soixante-dix ans, fut entraîné malgré lui en Egypte par les Juifs pris de panique. C’est là que le prophète, si l’on en croit une tradition incertaine, aurait été lapidé par ses coreligionnaires. On attribue à Jérémie une Épître et les Lamentations. ♦ «Jérémie est de tous les prophètes d’Israël celui qui a entrevu le plus clairement cette religion de l’esprit opposée à la religion de la lettre. » A. Lods.
Jérémie (v. 650-après 587 av. J.-C.) ; prophète juif.
Malgré les prédictions des prophètes, Jérusalem, capitale du royaume de Juda, n’a pas été prise par les armées des Assyriens en 701, ce que les Juifs interprètent comme un signe visible du secours de leur Dieu Yahvé. Né dans une famille sacerdotale d’Anatoth, près de Jérusalem, J. inaugure son ministère en 627 par des oracles menaçants pour Juda et Jérusalem : il s’opposera toujours avec zèle à une confiance abusive en l’aide divine, ne se lasse pas de prédire la chute de Jérusalem, la destruction du sanctuaire national et appelle le peuple au repentir, seul capable d’éviter le châtiment. Mais la protection de l’Assyrie donne une impression de sécurité et ces avertissements sont négligés, d’autant plus qu’avec le règne de Josias [640-609], le royaume de Juda connaît un redressement national : indépendance politique (622), découverte, au Temple, du Livre de la Loi, ce qui donne naissance à un vaste ensemble de réformes politiques et religieuses (purification du Temple, monopole du culte dans ce sanctuaire, extension du pouvoir des prêtres, extirpation des cultes païens, appel à la guerre sainte) qui font du Deutéronome la charte religieuse et sociale du royaume de Josias, et partant une des pierres angulaires du judaïsme. Rien d’étonnant alors à ce que les exhortations de J. blessent l’amour-propre du peuple et du roi. Ayant prêché la soumission aux Chaldéens (néo-Babyloniens), qui remplacent après 612 les Assyriens, et ayant prédit la victoire de Nabuchodonosor qui incarne la volonté de Dieu, J. est accusé de trahison et échappe de justesse à la mort. En 597, le roi Joïachin, comptant sur l’aide égyptienne, refuse de payer le tribut à Nabuchodonosor : Joïachin et 10 000 notables sont exilés à Babylone. Lorsque, sous le règne de son successeur Sédécias, se produit (589) un nouveau soulèvement, Jérusalem est prise par Nabuchodonosor (587). Le Temple de Yahvé, qu’on croyait indestructible, est démoli, et le reste de la population déporté en Mésopotamie (« l’Exil de Babylone »). Ainsi est scellé le destin de la nation. Non seulement J. voit ses prophéties réalisées (ses derniers oracles datent précisément de 587), mais il est contraint, à un âge avancé, d’émigrer en Égypte où il meurt. De grandes parties du Livre de Jérémie semblent être la dictée authentique du prophète à son secrétaire Baruch.
Bibliographie : P. Garelli, V. Nikiprowetzky, Le Proche-Orient asiatique, 1974 ; Sous la direction de G. Bellinger, Dictionnaire illustré de la Bible, 1990.