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Jean-Pierre Chabrol

Né à Chamborigaud (Gard), où il vit encore, de père instituteur et de grands-parents bergers et paysans, Jean-Pierre Chabrol passe ses bacs à Alès. Après le lycée, il interrompt ses études et prend le maquis. Il gagne d'abord sa vie par des dessins humoristiques et des illustrations, puis par le journalisme. Enfin, il se consacre entièrement au roman. Outre ses œuvres appréciées du grand public, Jean-Pierre Chabrol s’est rendu célèbre grâce à ses talents de conteur que la télévision a popularisés. Depuis son entrée en littérature avec la Dernière Cartouche et Fleur d’épine, romans où l’on reconnaît les échos d’un Maupassant, Jean-Pierre Chabrol ne s’est jamais départi de la veine populiste qui a fait sa notoriété. Attentif au sort du petit peuple, à son langage, à ses préoccupations, a ses rêves, et au combat de ceux qui luttent pour préserver leur liberté ou leur intégrité culturelle, il se fait le récitant érudit d’une réalité que les citadins d’aujourd’hui ignorent superbement : la vie fraternelle des hommes au contact direct et permanent avec la nature et réunis par un idéal imprescriptible. C’est dans les Cévennes que se situent la plupart de ses romans qui révèlent une volonté quasi pathétique de restituer la saveur d’une existence méconnue — la chasse au sanglier, la fabrication du fromage de chèvre, la pêche dans les torrents — et de sauver de l’oubli des histoires qui composent un vaste poème collectif. C’est là, près des Monts Aigoual, Bougés et Lozère, en Ardèche, parmi les descendants des Camisards dont il a exposé la révolte dans les Fous de Dieu, qu’il s’est efforcé de porter témoignage sur une civilisation rurale définitivement morte. D’ailleurs dans ses interventions à la télévision, Jean-Pierre Chabrol s’en prend souvent au mythe — aujourd’hui renaissant grâce à la résurgence du sentiment régional — du retour à la terre dans une France qui a irrémédiablement délaissé ses racines. Ses livres nous en dévoilent quelques-unes, en même temps qu’une certaine forme de qualité de la vie.
► Bibliographie aux éditions Gallimard :Fleur d'épine, 1957 ; Un homme de trop, 1958 ; les Innocents de mars, 1959 ; les Fous de Dieu, 1961, la Chatte rouge, 1963 ; le Bout-galeux, 1965 ; l'illustre Fauteuil, 1967 ; Je t'aimerais sans vergogne, 1967 ; Ma déchirure, 1968 ; le Canon fraternité, 1970 , les Chevaux l'aimaient, 1972 ; le Bouc du désert, 1975.


Conteur et romancier, né à Chamborigaud, Gard. Écrivain de plein vent, de plein air. Qui lit Chabrol est pris tout de suite, conquis, par sa faconde - nous pourrions presque dire : son timbre de voix ; ne serait-ce qu'en évoquant le « conteur » Chabrol à la télévision ; auteur populaire, en un mot, et (le lecteur le sait bien) ce qualificatif n’est pas donné par grâce à tous ceux qui l’ambitionnent ; et « qui font de la littérature pour le peuple ». Tels les fondateurs du « populisme », André Thérive et Léon Lemonnier, célèbres surtout par leur Manifeste publié par Le Figaro en 1930. Chabrol, lui, vit parmi les gens dont il nous parle. Dans le décor qu’il décrit ; où il est né, parmi les bois, les montagnes, les torrents. Il chante ses chers Camisards cévenols (Les Fous de Dieu, 1961), lui qui, à son tour, a choisi naguère le maquis. Il nous dépeint Agrippa d’Aubigné, le huguenot, l’irrédentiste (Le Bouc du désert, 1975) qui fut l’ancien compagnon du « renégat » Henri IV Mais Chabrol n’est pas le chantre nostalgique de ces temps révolus : il admire tout autant la lutte désespérée de la Commune (Le Canon Fraternité, 1970) et jusqu’à nos «jeunes gens en colère » (Vladimir et Jacques, 1980).


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