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Jean-Claude Renard

RENARD Jean-Claude
Le premier recueil de ce Toulonnais, Juan, paraît en 1945, deux ans avant Cantiques pour des Pays perdus dont La Tour du Pin salue la spiritualité. Dans Haute-mer (1950) et Métamorphoses (1951), cette spiritualité affirmera une espèce de panthéisme instinctif proche de Swedenborg et de Teilhard de Chardin et qui trouvera dans Père voici l'Homme (1955) une magistrale illustration. Suivront d'autres recueils En une Seule Vigne (1959), Incantation des Eaux, Incantation du Temps, La Terre du Sacre (1966) où Renard affiche le rôle médiumnique du poète qui s'avance vers «l'ultime langage». Affirmation que reprennent ses récents recueils: La Braise et la Rivière (1969) et Toutes les Iles sont secrètes (1984).




Né en 1922, Jean-Claude Renard publie son premier recueil, Juan, en 1945. Il est directeur littéraire d’une maison d’éditions.
D’entrée de jeu, Jean-Claude Renard avec Cantique pour des pays perdus, et surtout en 1951 et 1952 avec Métamorphose du monde et Fable, s’impose plus encore que comme un poète chrétien, comme un poète de la création. Dire ce qui est, mais reconnaître dans les choses, les paysages, les plantes, la chair (Il faut magnifier la chair qui s’est comprise,/ la chair qui sent encore l’odeur de la Genèse...) la marque du créateur, la présence de la parole qui les engendra, telle est la tâche du poète : Son poème devrait restituer cette Parole première. Avec un registre de plus en plus ouvert, jouant de l’alexandrin comme du verset ou du vers libre, soucieux toujours de la cadence du chant, Renard, dans ses recueils suivants, de Père voici que l’homme, à Incantation du temps découvre et déchiffre inlassablement dans le sensible la vérité du réel. « Il n 'est qu ’un Nom dans la rivière, pâte de manne et de poisson : qui boit ici reçoit voyance et mange ici devient vivant ». A la rencontre et à la prière, à l’éblouissement et à l’incantation, à la quête de soi qui se résolvait et s’épanouissait dans la reconnaissance du divin, Jean-Claude Renard à partir de La Terre du Sacre substitue une autre attitude : mise à l’épreuve de la parole, questionnement du mystère, creusement incessant du dire dans sa double relation énigmatique, au réel et au sacré. Plus que jamais la nature est présente, comme lieu où s’incarnent les questions, où prennent chair les réponses : «Le bois d’avant la neige portait peut-être un nom/ Suffisant et fidèle où les oiseaux luisaient. / Le bois d’après le feu connaîtra-t-il la mer ? » Dans Le Dieu de nuit, qui pousse encore plus loin ce questionnent, à travers de larges versets entrecoupés de poèmes brefs, fragments chargés de sens et insécables, il dit tout ensemble la difficulté de la quête et le lien du savoir avec l’évidence de la vie : « Mais il advient que la révélation agisse par la seigneurie d’une loutre ou d’un daim. »

► Bibliographie
Poèmes :
Juan, 1945, Didier; Cantiques pour des pays perdus, 1947, Robert Laffont, 1957, Points et Contrepoints; Haute-Mer, 1950, Points et Contrepoints; Métamorphose du Monde, 1951 et 1963, Points et Contrepoints; Fable, 1952, Seghers; Père, voici que l'homme, 1955, Seuil ; En une seule vigne, 1959, Seuil ; Incantation des eaux, 1961, Points et Contrepoints; Incantantion du temps, 1962, Seuil ; La terre du sacre, 1966, Seuil ; La braise et la rivière, 1969, Seuil ; Le dieu de nuit, 1973, Seuil ; Dans le dédale blanc, 1975, Atelier de l'agneau ;
Essais :
Notes sur la poésie, 1970, Seuil; Notessurla foi, 1973, Gallimard;
A consulter :
André Alter : Jean-Claude Renard, 1966, collection Poètes d'aujourd'hui, Seghers;