Jargon (nom masc.)
Jargon (nom masc.)
Langage particulier à un groupe. On parlera par exemple du jargon juridique, philosophique, psychanalytique, etc., pour désigner une manière de parler ou d’écrire très spécialisée. Le terme a une valeur fortement péjorative, et l’on traite généralement de jargon tout discours prétentieux et incompréhensible.
Exemple
Dès qu’on substantive, c’est pour supposer une substance, et les substances, mon Dieu, de nos jours, nous n’en avons pas à la pelle. Il conviendrait peut-être d’interroger à partir de là où peut bien se caser cette dimension substantielle, à quelque distance qu'elle soit de nous et, jusqu’à maintenant, ne nous faisant que signe, cette substance en exercice, cette dimension qu’il faudrait écrire « dit-mension », à quoi la fonction du langage est d'abord ce qui veille avant tout usage plus rigoureux? (Le Séminaire de Jacques Lacan, texte établi par Jacques-Alain Miller.)
Commentaire
Souvent prétentieux, parfois volontairement sélectif, le jargon produit un effet d’opacité qu’un auteur peut utiliser pour mystifier le lecteur. Par son caractère hermétique, il a, dans certains contextes, une valeur comique. Dans tous les cas, il demande un gros effort de lecture.
JARGON nom masc. - Langue utilisée par un groupe donné d’individus pour parler d’un domaine qui leur est commun et qui, de ce fait, reste incompréhensible pour quiconque n’appartient pas à ce groupe. ÉTYM. : a d’abord eu, du XIIe au XVe siècle, le sens de « gazouillement ». Se rattache à une racine guarg évoquant le « gosier » et donc, à l’origine, « faire du bruit avec la gorge ». Sauf dans un sens technique - pour les linguistes, par exemple -, le mot est toujours employé de manière péjorative. Lorsqu’on parle, par exemple, du « jargon de la psychanalyse », on sous-entend que les psychanalystes utilisent à dessein un vocabulaire inutilement compliqué pour rendre incompréhensible leur théorie et s’en réserver le monopole.
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