Databac

JANKÉLÉVITCH (Vladimir)

JANKÉLÉVITCH (Vladimir). Philosophe français d’origine russe (1903-1985). Fut professeur à la Sorbonne. Analyste minutieux de la vie intérieure et des notions morales. Principaux ouvrages : l'Alternative (1938), le Mensonge (1943), le Mal (1947), Philosophie première (1953), le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien (1957), Traité des vertus (1968-1972) et un Bergson que ce dernier considérait comme parfaitement fidèle.
Jankélévitch (Vladimir, 1903-1985.) Philosophe français, fils du premier traducteur des œuvres de Freud en français. Musicologue éminent, spécialiste de la philosophie allemande (une thèse sur Schelling) jusqu'à ce que les horreurs nazies l’en écartent, il se consacre ensuite à une phénoménologie subtile, attentive aux nuances et aux contradictions de la vie psychique. Moraliste, il s'oppose à l'optimisme de la pensée hellénique - sa référence constante - et étudie les déchirements de la conscience soumise au « chiasme », à l'incompatibilité des valeurs qui l'habitent, le mal, par exemple, pouvant avoir la séduction de la beauté. La morale étant essentiellement un mouvement vers autrui, Jankélévitch en dégage le paradoxe : « Plus il y a d'être, plus il y a d'amour, et plus il y a d'amour, moins il y a d'être. »
Œuvres principales : La Mauvaise Conscience (1933) ; L’Alternative (1938) ; Traité des vertus (1949) ; Le Mal (1947) ; Le je-ne-sais-quoi et le presque rien (1957) ; Le Pur et l’impur (1960 ; La Mort (1966) ; Le Pardon (1967) ; Le Paradoxe de la morale (1981).

JANKÉLÉVITCH Vladimir. Philosophe français. Né à Bourges le 31 août 1903. Après des études secondaires au Lycée Louis-le-Grand, il entre à l’Ecole Normale Supérieure et est agrégé en 1926. Il enseigne ensuite, après avoir passé son doctorat en 1933, à l’institut Français de Prague et dans divers lycées. Sa carrière proprement universitaire commence à Toulouse en 1936; il enseignera successivement à Lille et à Paris, après avoir momentanément perdu son poste pendant la guerre. Vladimir Jankélévitch est à la fois un philosophe de la morale et un éminent connaisseur de la musique. Sa pensée possède certaines affinités avec le christianisme d’un Kierkegaard, qu’il a profondément étudié. Mais, dans son œuvre, l’influence de Bergson, qui a été son maître, est tout aussi importante. C’est d’ailleurs avec un ouvrage consacré à ce dernier qu’il commence son œuvre philosophique en 1933. De nombreux autres livres suivront : La Mauvaise Conscience (1933), L’Odyssée de la conscience dans la dernière philosophie de Schelling (1933), L’Ironie ou la bonne conscience (1936), L’Alternative (1938), Du Mensonge (1943), Le Mal (1947), le monumental Traité des vertus (1949), Philosophie première (1954), Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien (1957), L’Aventure, l'Ennui, le Sérieux (1963), La Mort (1966), œuvres auxquelles il faut ajouter les livres consacrés à la musique et aux musiciens : Gabriel Fauré et ses mélodies (1938), Maurice Ravel (1939), Le Nocturne (1942). Moraliste, Jankélévitch prend pour thème de réflexion — fidèle en ceci à Bergson — l’existence de la conscience dans le temps. Il salue la « vertu de l’instant », et donc du concret, s’élevant contre l’intellectualisme et l’ironie qui ne sont qu’une manière de nier le temps et l’existence. Cette réflexion sur la valeur morale du temps et de l’instant ne tombe à aucun moment dans les abstractions que, du reste, elle dénonce. Jankélévitch fait également preuve d’originalité en analysant des expériences humaines comme l’ennui ou le mensonge, généralement fort peu étudiées par les philosophes. Mais cet élève de Bergson, cet admirateur de Schelling et de Kierkegaard est aussi un disciple indirect des grands moralistes français. Comme eux, il aime le style, la mélodie des phrases, et refuse la sécheresse des traités philosophiques traditionnels. On retrouve ces mêmes qualités d’analyse et d’écriture dans ses livres sur les musiciens romantiques ou impressionnistes, auxquels il a consacré des pages d’une extrême finesse. Avec Jean Wahl, son contemporain, Vladimir Jankélévitch témoigne d’une certaine école de la philosophie contemporaine. On a pu lui reprocher son dédain presque total des « systématiques », son mépris presque évident pour les architectures conceptuelles trop ordonnées. Il reste que ses ouvrages, qui donnent souvent une impression d’improvisation continue, ont redonné une certaine vie à la philosophie française de l’entre-deux-guerres, dominée par un kantisme abstrait et desséchant. Jankélévitch a su unir réflexion éthique et réflexion esthétique, comme Bachelard et Wahl ont su, presque à la même époque, unir réflexion poétique et réflexion épistémologique ou métaphysique. Bien que les grands philosophes de l’après-guerre, comme Sartre et Merleau-Ponty, l’aient fait passer quelque peu à l’arrière-plan, il serait injuste d’oublier sa contribution à la philosophie française contemporaine.