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JALOUSIE

JALOUSIE, nf (gr. zêlos « ardeur », « jalousie »). ♦ 1° Sentiment de regret, d'amertume et d'envie devant les avantages possédés par autrui ou les succès remportés par lui. ♦ 2° Volonté de prééminence ou d'exclusivité qui accompagne l'amour. La Bible révèle Dieu comme un Dieu jaloux, c'est-à-dire qui veut être aimé de ses créatures par-dessus toutes choses parce qu'il est leur souverain Bien : « Tu ne te prosterneras pas devant un autre dieu, car le Seigneur est un Dieu jaloux » (Exode 34, 14). « Le Seigneur votre Dieu est semblable à un feu dévorant, un Dieu jaloux. Il n'accepte pas de rivaux » (Deutéronome 4, 24). — La jalousie comprise comme le respect de l'ordre dans la préférence fait partie de l'essence de l'amour. Elle est aussi l'expression de l'égoïsme humain, de son désir de domination et de possession. L'amour jaloux ne se borne pas à ne pas accepter de rivaux, son désir de possession totale et son avidité le font vivre dans la peur d'être trompé, l'entraînent à mal supporter la liberté et l'altérité de l'autre, empoisonne, finalement, la relation, suscite des scènes. La jalousie fait partie des dérèglements de l'affectivité humaine. Elle peut être persécutrice. Elle prend parfois des formes délirantes et engendre des drames (Othello).

Jalousie, état affectif caractérisé par crainte de se trouver dépossédé de ce à quoi l’on tient (puissance, amour d’une personne). D’une façon plus restrictive, on entend par jalousie le sentiment produit par la crainte qu’une personne aimée n’en préfère une autre. Pour le jeune enfant, tous ceux qui partagent avec lui l’amour et les soins de sa mère sont des usurpateurs (complexes d’Œdipe et de Caïn). Son agressivité à leur égard s’exprime parfois dramatiquement : un enfant bat à mort son frère nouveau-né, un autre, plus âgé, jette au feu l’ours du puîné (conduite symbolique). Une telle agressivité traduit le désarroi de l’enfant qui redoute d’être délaissé, voire abandonné, au profit de son rival. Chez l’adulte, à l’origine de certains crimes (où l’on peut déceler une tendance justicière) ou états névrotiques, il n’est pas rare de retrouver des séquelles de jalousie infantile. Certains auteurs croient que ce sentiment est universel et inné. H. Wallon rappelle que la jalousie se rencontre même chez les animaux (si l’on caresse un chien, l’autre se précipite pour prendre sa place). R. Linton observe qu’aux îles Marquises, où la liberté sexuelle est totale, les indigènes manifestent pourtant leur jalousie quand ils sont ivres, c’est-à-dire quand leur contrôle volontaire est diminué. D’autres psychosociologues (O. Klineberg), au contraire, pensent que ce sentiment est d’origine culturelle. La jalousie ne s’attache pas au désir de jouissance exclusive des faveurs de l’autre, mais au statut social. Dans les sociétés monogamiques, l’adultère ne suscite des réactions jalouses que dans la mesure où il est générateur d’insécurité (matérielle ou affective) et où la notion de valeur personnelle (prestige, honneur) est en cause. Cela est tragiquement vrai pour le jaloux délirant, qui n’hésitera pas à défigurer ou à tuer le partenaire « aimé ». Les jaloux sont des passionnés anxieux, sadomasochistes, qui recherchent avec avidité toutes les preuves de leur infortune supposée et sont inaccessibles aux arguments raisonnables. D’après les psychanalystes (Lagache, 1947), leur conduite serait dictée par des sentiments complexes (homosexualité latente, fixation œdipienne, haine du partenaire, etc.) dont ils n’ont aucunement conscience.

Jalousie

1 Sentiment douloureux qui naît lorsque l’amour est inquiet ou frustré (cf. Tassions, 1) : Béroul et Thomas, Tristan et Iseut; La Rochefoucauld, Maximes; Racine, Andromaque (jalousie d’Hermione, de Pyrrhus), Iphigénie (Ériphile), Phèdre (Phèdre elle-même) ; Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves (le prince de Clèves); Molière, L’École des Femmes (Arnolphe), Le Misanthrope (Alceste); Beaumarchais, Le Barbier de Séville (le docteur Bartholo), Le Mariage de Figaro (le comte Almaviva, Figaro); Stendhal, La Chartreuse de Parme (le comte Moscal, la duchesse Sanseverina) ; Proust, À la recherche du temps perdu (Swann à cause d’Odette de Crécy, le narrateur à cause d’Albertine); Yourcenar, Le Coup de Grâce; Aragon, Aurélien; Robbe-Grillet, La Jalousie.

2 Sentiment haineux d’envie lié à des rivalités sociales : Saint-Simon, Mémoires; Balzac, Le Père Goriot(Anastasie et Delphine), La Cousine Bette.

JALOUSIE. Exagération morbide de la captativité portant le malade à persécuter les personnes de son entourage par hantise de la dépossession. Se développe le plus souvent sur un fond paranoïaque.

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