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INFÉRIORITÉ (complexe d')

INFÉRIORITÉ (complexe d'). Impression irrésistible et obsédante, et de ce fait pathologique, d'être inférieur à ce qu'on croit devoir être ou faire, surtout en comparaison à autrui. Sentiment d’infériorité : peut être normal chez un enfant, un élève, etc. si c'est la perception de sa situation exacte et des progrès à accomplir.

infériorité (complexe d’), sentiment d'insuffisance. Le complexe d’infériorité fut étudié, surtout, par A. Adler, qui en a fait le fondement de sa théorie psychologique. Ce sentiment naît dans l’enfance quand le sujet prend conscience de sa faiblesse naturelle. Dès ses premières années, l’enfant s’aperçoit qu’il est contraint de faire ce qu’il ne veut pas et empêché de réaliser ce qu’il voudrait. Par rapport à l’adulte, il est dans une situation d’infériorité qui, parfois, l’accable. Si les parents exigent de leur enfant qu’il agisse au-delà de ses possibilités, le sentiment d’incapacité se confirme et s’installe, avec ses effets déprimants. L’enfant se replie sur lui-même, se retire de l’action et se réfugie dans la rêverie consolatrice, pansant ses blessures avec des illusions. Parfois, le complexe d’infériorité se cristallise autour d'une infirmité réelle (trouble de l’élocution, laideur) ou d’une caractéristique personnelle jugée déplaisante (petite taille, taches de rousseur...). Le plus souvent, il donne lieu à des comportements de qualité inférieure (brutalité, taquinerie, despotisme, vantardise) ou se traduit par des idées dépressives. Pour éviter la formation du complexe d’infériorité, il est nécessaire de veiller à créer autour de l’enfant un climat propice à son épanouissement. Tout en l’habituant à une discipline de vie indispensable, les parents doivent supprimer les excès d’autorité ; d’autre part, ils auront à lui faire prendre conscience de ses possibilités et de sa valeur en suscitant autour de lui des occasions de succès.

infériorité (complexe d'), sentiment d'être inférieur aux autres individus. — le complexe d'infériorité conduit un sujet à se sous-estimer et à se déprécier, entraînant par là même des échecs sur les plans sociaux, familiaux,, sexuels; le sujet y réagit souvent par une agressivité excessive. Le complexe d'infériorité est dû, en général, à une éducation trop rigide, qui a érigé certains principes sociaux ou religieux en absolus, et où la personnalité du père (pour le garçon) ou de la mère (pour la fille) a écrasé celle de l'enfant et inhibé son développement; il peut être dû aussi à une éducation insuffisante. Mais ce qui le détermine, ce sont les premiers échecs : c'est pourquoi les échecs de l'adolescence (où se fixent la personnalité et le caractère d'un individu), dans l'ordre des études (début des études supérieures) ou dans l'ordre affectif, peuvent déterminer l'existence d'un véritable complexe; ces échecs peuvent alors marquer la personnalité si elle ne réagit pas en appréciant sainement leur importance.

INFERIORITE. En 1907, Adler publie son premier ouvrage important : Etude sur l'état d'infériorité des organes (Studie über die Minderwertigkeit der Organe), édité en France sous le titre : La compensation psychique des états d'infériorité organique. Partant d’une étude de l’appareil urinaire, il montre que les différents organes et appareils de l’organisme humain ne résistent pas de façon identique aux agressions microbiennes, physiques ou chimiques et que leur seuil de tolérance varie. Leur résistance dépend de la solidité de leur structure. On constate ainsi que certains organes sont partiellement ou totalement sous-développés, leur structure cellulaire, leur histologie se trouvant anormale (dyspeasie), certains tissus ne s’étant pas développés (aplasie) ou encore ne l’étant qu’insuffisamment (hypoplasie). Dans d’autres cas, toute une moitié du corps peut être insuffisamment formée. Il en est de même pour certains segments métamériques de la vie embryonnaire. Il peut s’agir d’une prédisposition familiale, héréditairement transmise, touchant tous les membres d’une famille ou d’une insuffisance acquise au cours de la vie intra-utérine n’intéressant alors qu’un seul individu. La médecine connaît cette notion de l’infériorité organique pour laquelle elle a créé le terme de méyopragie (ou miopragie). La médecine et la biologie savent que l’état d’infériorité peut être compensé. Des insuffisances du cœur se trouvent compensées par une hypertrophie du muscle cardiaque. En cas de fracture un mécanisme réparateur permet la soudure des fragments, soudure consolidée par un cal. En cas d’ablation chirurgicale d’un rein, son homologue assume la fonction des deux organes ; le taux des déchets toxiques (urée) n’augmente pas. L’immobilisation d’un poumon en vue de sa cicatrisation comme elle se pratiquait autrefois par le pneumothorax, incite l’homologue à assurer une oxygénation suffisante de tout l’organisme, grâce à un surcroît de travail ; c’est la fonction vicariante. Dans leur état d’insécurité les organes aspirent à un nouvel équilibre. Vers 1930, le chercheur Cannon a confirmé l’exactitude des vues d’Adler. Il a dénommé cette tendance, l’homéostasie, besoin des différents composants de l’organisme de maintenir leur équilibre. D’autres fois, c’est le jeu des glandes à sécrétion interne ou le système nerveux ou encore la fonction psychique qui se chargent de la compensation. Si dans certains cas la fonction de l’organe en état d’infériorité est amoindrie, ou la réaction réflexe de son innervation réduite, il peut également se produire des exagérations. On constate ainsi pour les glandes tantôt une hyposécrétion, tantôt une hypersécrétion, pour la réaction réflexe une hypo ou hyperréflectivité. Adler introduit en médecine une notion de relativité, de valence et de résistance de l’organe. Par rapport à une moyenne fictive certains organes ou appareils se trouvent en état d’infériorité. Ils résistent moins bien aux agressions de toutes sortes, infections, agents physiques et chimiques. Ils représentent les points de moindre résistance au niveau desquels la maladie fera son apparition. Le corollaire psychique de l’infériorité organique est le sentiment d’infériorité. Il aiguillonne le psychisme pour trouver une compensation : « être homme, c’est se sentir inférieur », disait Adler. Dans la perspective adlérienne le sentiment d’infériorité est une manifestation normale. Il n’en est pas de même pour le complexe d’infériorité, manifestation psychopathologique qui remplit la personnalité de doutes, de scrupules, d’interrogation, la condamne à d’éternels échecs. Le complexe d’infériorité est le point de départ de toute névrose. Dès 1912, Adler s’est rendu compte que la notion d’infériorité ne concerne pas seulement le monde des organes, de la biologie, mais aussi celui du psychisme. L’enfant peut se sentir inférieur face à l’apparente toute-puissance et omniscience de l’adulte. Le benjamin peut se sentir inférieur par rapport au cadet et à l’aîné, une fille peut se sentir inférieure par rapport à ses frères. La notion d’infériorité devient ainsi une donnée tout à fait relative.

SENTIMENT D’INFERIORITE. Le cheminement de la pensée adlérienne part d’une considération biologique pour aboutir à une considération psychologique et philosophique sur le sens de la vie. Dans son étude sur l’état d’infériorité des organes, Adler montre que les organes et appareils du corps humain ne présentent pas une valence identique, une égale résistance aux agressions. Certains de ces organes se trouvent en état d’infériorité par rapport à une moyenne fictive. Le corollaire psychique de cette situation est le sentiment d’infériorité. Il exprime, d’une part, l’équivalent psychique d’une situation d’infériorité organique et, d’autre part, la prise de conscience d’une position d’infériorité psychosociale. La notion de compensation, que Adler emprunte à la biologie, complète cette constatation avec l’apparition d’un besoin irrésistible pour rétablir l’équilibre. Cette démarche dialectique explique le développement du psychisme humain. Le sentiment d’infériorité est de ce fait un des aiguillons le plus puissant du devenir de la personnalité.

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