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Inconditionné (Unbedingte) - Schelling

Inconditionné (Unbedingte)

• Ce terme désigne ce qui n’est pas susceptible d’être ramené à une chose parmi les choses, mais se situe en amont de toutes les choses. Autre nom de l’Absolu.

•• Avec Novalis, Schelling voit un véritable « trésor philosophique » dont la langue allemande est dépositaire dans le terme das Unbedingte, qui dit à la fois, de manière intraduisible, ce qui ne saurait être conditionné par quoi que ce soit, et ce qui ne peut en aucun cas être assimilé à une chose, ou rendu chose, chosifîé : à la fois l’inconditionnable et l’inchosifiable. Bedingen (conditionner) désignant l’action par laquelle quoi que ce soit devient Ding (chose), une chose inconditionnée serait une contradiction dans les termes.

••• La passion philosophique semble s’être d’abord — et peut-être toujours — confondue pour Schelling avec la recherche de l’inconditionné dans le savoir humain, selon le sous-titre donné en 1794 au Vom Ich {Du Moi comme principe de la philosophie). Un hiatus sépare toutefois l’inconditionné du conditionné, comme l’infini du fini. Si la chaîne de notre savoir procède d’un terme conditionné à un autre, la philosophie doit pourtant présupposer un point ultime auquel tout soit suspendu, et par là quelque chose d’inconditionné. Kant avait fait valoir, dans l’examen de la preuve cosmologique de l’existence de Dieu, cette exigence propre à la raison humaine d’un Inconditionné, tout en refusant à la raison la possibilité d’appréhender l’Absolu en tant qu’objet. Une autre voie restait donc possible, que Fichte puis Schelling devaient explorer : celle d’un absolu subjectif, que le Moi est à lui-même en son autoposition, véritable inconditionné. Il s’agit donc de trouver ce qui ne peut absolument pas être posé à titre de chose, et c’est ce qui s’avère être, en termes fichtéens, le Moi absolu dans l’acte même de son auto-position. L’Inconditionné ne se formule pas par un Il est, mais, comme le Dieu de l’Exode, par un Je suis, ou Moi = Moi, identité qui, loin de dépendre du principe d’identité, le fonde. Ce n’est pas parce que A = A que Moi = Moi, c’est à l’inverse parce que Moi = Moi que A = A, l’autoposition du Moi absolu ne dépendant de rien d’autre qu’elle-même, car elle serait conditionnée si elle devait dépendre d’un quelconque principe extérieur à elle. On peut voir là comme un acte de naissance de ce qu’il est convenu d’appeler l’idéalisme allemand, comme libération du Moi absolu à l’égard de toute règle de la logique formelle, ce qui montre aussi la régression de la philosophie analytique contemporaine par rapport à l’idéalisme allemand.

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