Databac

IMPRESSE

IMPRESSE, adj. N’est employé que dans l’expression espèce impresse, par opposition à espèce expresse. Désigne, dans la théorie scolastique de la connaissance, la présence intentionnelle (non naturelle) de la chose connue dans la faculté connaissante (sensible ou intellectuelle). C’est la part subjective de l’acte commun du sentant et du senti, ou de l’acte commun du connaissant et du connu. Ainsi, quand je vois une forme grande, colorée, mouvante, etc., ce n’est pas la chose qui pénètre matériellement dans ma faculté perceptive, mais ma faculté (la vue) devient forme sensible de la chose (sans sa matière : je n’ai pas la chose dans l’œil, mais seulement sa forme sensible) : c’est l’espèce impresse. J’y perçois en même temps telle personne : cette perception constituée, c’est l’espèce expresse. Ou quand, depuis cette perception, je saisis que c’est une être humain puis je forme une idée connaissant l’homme et se développant (animal raisonnable, conjugal, social, etc.). Le début est l’espèce impresse de l’intelligence, la fin, l’espèce expresse, ou verbe mental. L’espèce impresse est le «moyen par lequel» (quo) je connais ; l’espèce expresse est le «moyen dans lequel» (in quo) je connais. Ces distinctions ne doivent pas être séparées de l'acte connaissant la réalité, car elles sont purement abstraites. Ce fut l’erreur de Malebranche, puis après lui des modernes, de les tenir pour des sortes de petites choses qui voltigeraient (ainsi dans le Vocabulaire de Lalande). Ces distinctions ont pour fonction de permettre de comprendre le comment de la connaissance et de ses progrès dans son rapport permanent à la réalité. C’est la partie la plus méconnue de la philosophie médiévale.