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ILLUSION (étymologie)

ILLUSION vient du latin illusio, terme de la rhétorique latine (art de l'orateur), qui signifie «ironie». Illusio est une sorte de jeu par lequel l'orateur se moque de son adversaire en ayant l'air de dire autre chose que ce qu'il veut dire. Le mot est fait du préfixe in, marquant la destination et du verbe ludere (jouer, se jouer de, se moquer), d'après le nom latin ludus (jeu). Le mot français illusion est un emprunt savant (avec prononciation distincte des deux l). Il a perdu son sens technique (figure de rhétorique) pour signifier « erreur de perception » ou « erreur de jugement ». Mots de la famille : illusionner, illusionniste (prestidigitateur), illusoire, désillusion, désillusionner.


Illusion. Phénomène créé par l’auteur qui cherche à donner pour vraie une œuvre de fiction, romanesque, dramatique ou cinématographique. L’illusion suppose l’adhésion du lecteur ou du spectateur. Les baroques, qui recherchent la confusion du réel et de la fiction et font du trompe-l’œil la base de leur esthétique, jouent constamment sur l’illusion. L’illusion théâtrale, c’est-à-dire l’illusion de réalité que le public occidental vient chercher au théâtre, est celle qui vise le plus à l’effet de réel. Le théâtre repose sur tout un système de conventions. Le spectateur sait bien qu’il ne se passe rien de réel sur scène, mais assiste au spectacle comme si les événements représentés se déroulaient hic et nunc. Telle est la complexité du plaisir théâtral. Il faut distinguer l’illusion créée par l’acteur qui, par son jeu, nous fait croire à l’existence de son personnage et celle que suscite éventuellement le décor, en reconstituant les lieux dans la réalité de leur apparence. Ce second aspect n’est très marqué qu’à l’époque du réalisme qui veut provoquer une illusion maximale. On parle alors de réalisme illusionniste.
L’illusion théâtrale est toujours « imparfaite », selon Stendhal, le spectateur n’étant jamais dupé par la véracité du spectacle, sauf dans de rares cas où il éprouve « l’illusion parfaite ». Ex. : l’enfant qui interrompt de ses cris un spectacle de Guignol pour prévenir du danger le héros auquel il s’identifie. L’acteur est-il lui-même victime de l’illusion? Selon Diderot, s’il veut convaincre le spectateur de la vérité de son rôle, il ne doit pas s’identifier totalement à son personnage, mais le regarder jouer, afin de trouver le ton juste.

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