Idée - Idéogramme - Idéologie
- Idée
1. Dans la ligne de la pensée de Platon, « essence » d’une réalité. Dans l’« Idée » de carré, il y a un certain nombre d’éléments (quatre côtés-égalité des côtés-angles droits) qui se retrouvent toujours et préexistent dans notre esprit à tous les carrés que nous pouvons dessiner. Par contre, le fait que les carrés soient petits ou grands, de telle ou telle couleur, etc. est accessoire, « accidentel » et ne se rapporte pas à l’« Idée » de carré. Un critique pourra, par exemple, s’arrêter sûr le fait qu’il est impossible de circonscrire d’une façon satisfaisante l’« Idée » de roman. Dans ce type d’emploi, le mot prend une majuscule à l’initiale.
2. Ce qui, dans notre esprit, correspond aux mots que nous employons. Il semble difficile de parler d’« idées » sans se référer au langage. L’idée correspond au « signifié » ou plus exactement à la « dénotation » (car les « connotations » se rattachent à la vie affective alors que les idées correspondent à la vie intellectuelle).
- Idéogramme
Dessin très stylisé représentant une notion ou une réalité. L’ensemble de ces dessins constitue une écriture idéogrammatique. À l’opposé de l’écriture « idéogrammatique » se situe l’écriture « phonétique » dans laquelle les éléments graphiques ne correspondent qu’à des sons. Il n’existe pas d’écriture strictement « idéogrammatique ». Le chinois, l’égyptien ancien (hiéroglyphes) comportent déjà des éléments d’une écriture phonétique.
- Idéologie
Système d’explication des faits sociaux, vision du monde, qui, plus ou moins consciemment, sous-tend l’action d’un groupe. Le mot peut être connoté positivement (dans certains pays, l’idéologie fait l’objet d’un enseignement), être neutre (il correspond alors approximativement à ce qu’on appelle « un système philosophique ») ou, comme c’est le cas en France, être connoté négativement. Le mot est souvent pris en mauvaise part pour désigner un ensemble d’idées dont la fonction est essentiellement mystificatrice. (Rares sont ceux qui échappent à l’idéologie dominante.)
- IDEOGRAMME nom masc. - Signe graphique, tels ceux utilisés en chinois, doté par lui-même d’une signification. Les lettres de notre alphabet n’ont en elles-mêmes aucune signification : elles correspondent à des sons. Ce sont les combinaisons de ces lettres qui constituent des signifiants auxquels un signifié se trouve associé. A l’inverse, dans certaines langues comme l’égyptien, le chinois ou le japonais, les signes graphiques utilisés ont en eux-mêmes, et hors de toute combinaison, une signification. Les idéogrammes sont à l’origine des dessins qui représentent, de manière obligatoirement sommaire, la réalité qu’ils désignent. Ainsi l’idéogramme qui, en chinois, signifie « changement » dériverait de la représentation stylisée d’un lézard, cet animal étant associé soit au changement de- couleur du caméléon, soit à la rapidité du déplacement. Les idéogrammes ont exercé une grande fascination sur certains écrivains occidentaux. C’est qu’avec eux l’arbitraire du lien entre signifiant et signifié disparaît : le mot semble être la chose. De plus, il y a une véritable beauté de l’idéogramme qui donne à l’écriture, au sens le plus matériel du terme, une dimension artistique. C’est sans doute la raison qui a poussé des poètes comme Ségalen (Stèles) ou Pound (Cantos) à intégrer des idéogrammes dans leur propre texte. Dans une perspective assez différente et plus près de nous, il faut également citer Nombres de Philippe Sollers, roman ponctué d’idéogrammes renvoyant à la fois à la Chine de la Révolution culturelle et à celle du taoïsme.
- IDEOLOGIE nom fém. - Système d’idées et de valeurs propre à un groupe. Le mot idéologie est particulièrement difficile à définir dans la mesure où son sens varie selon l’époque et le contexte dans lequel il est employé. Le terme a été forgé à partir du grec à la toute fin du XVIIIe siècle par le philosophe français Antoine Louis Claude Destutt de Tracy pour désigner la « science des idées » à laquelle il se proposait de travailler. Au milieu du XIXe siècle, Marx et Engels se sont emparés du mot en travaillant à un ouvrage décisif dans l’évolution de leur pensée, mais qui est resté inachevé : L’Idéologie allemande. Ils y définissent l’idéologie comme une forme d’illusion par laquelle, dans une société donnée, les valeurs de la classe dominante sont présentées comme les valeurs universelles et diffusées dans l’ensemble de la société. L’idéologie peut alors être définie comme l’ensemble des idées dominantes, idées qui sont en fait celles par lesquelles la classe dominante assure sa domination sur les autres classes sociales. Malgré cette définition, on ne peut dégager du marxisme une conception unique et homogène de l’idéologie. On trouverait en effet dans d’autres œuvres de Marx des vues différentes sur ce problème. De plus, la question de l’idéologie a été reprise par de nombreux philosophes d’inspiration marxiste qui l’ont traitée de manière assez différente. Il faut citer ici le Français Louis Althusser qui a étudié notamment comment l’idéologie est diffusée dans une société par le biais de ce qu’il nomme les « Appareils idéologiques d’État » (A.I.E.), notamment l'École. Le mot garde de son utilisation par Marx et Engels dans L’Idéologie allemande une connotation souvent péjorative : l’idéologie est définie comme une illusion qui masque aux individus la réalité et les assujettit à leur insu à un système injuste. C’est en ce sens que paradoxalement ses adversaires définissent le marxisme comme une idéologie en montrant qu’en Chine ou en URSS il sert à l’endoctrinement du peuple. Il faut souligner cependant que le mot peut être utilisé en dehors de toute visée polémique. On définira alors toutes les grandes visions du monde, tous les grands systèmes qui entendent rendre compte de la société et éventuellement agir sur elle, tous les mots en « isme » comme des idéologies : ainsi le marxisme, mais aussi le socialisme, le libéralisme... De manière différente, enfin, les sociologues définissent, eux, l’idéologie comme le système de valeurs qui donne à une société une grille d’interprétation pour comprendre le monde et qui oriente pour chaque individu, de manière plus ou moins consciente, les choix que celui-ci fait dans sa propre existence. C’est en ce sens, par exemple, que Louis Dumont définit l’individualisme comme l’idéologie des sociétés modernes. —> Weltanschauung
IDÉOGRAMME. Dans une écriture, signe correspondant à une idée ou à un objet et non à un son comme font les lettres de l'alphabet. Les hiéroglyphes égyptiens et les caractères chinois sont des idéogrammes. Voir CUNÉIFORME (Écriture) (Écriture), Pictogramme.
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