IDÉE (étymologie)

IDÉE est un mot de formation purement savante emprunté à la langue latine philosophique où le mot idea (forme typique, représentation d'une chose) était reproduit du grec idea. En grec, idea (aspect extérieur, forme, idée d'une chose, idée générale) venait du verbe eidein (voir de ses yeux) fait sur le nom eidos (aspect extérieur). On voit l'étroite parenté de forme et de sens qui relie tous ces termes. Ce n'est pas tout. Sur le mot eidos a été formé le terme eidôlon (image, simulacre, fantôme) qui a donné notre mot idole (représentation vaine d'une divinité païenne). Enfin ce même mot eidos a engendré un diminutif eidullion (petit tableau évoqué, exprimé sous la forme d'une poésie légère). Par le latin idyllium et l'italien idillio ce mot est devenu idylle en français. Voici la descendance de ces trois termes idée, idole et idylle venus de l'ancêtre commun eidos. 1° Idée a donné idéal, idéalisation, idéaliser, idéalement, idéalisme, idéaliste, idéologie, idéologue, idéogramme. 2° Idole a donné idolâtre (qui adore les idoles), fait sur le grec latreuein (adorer). Idolâtre, qui a été emprunté au XIIIe siècle au latin idololatres (grec eidôlolatrès), offre ce qu'on appelle un cas d'haplologie (mot venu du grec qui signifie «simplification du mot») ; deux syllabes consécutives commençant par l sont réduites à une seule. L'accent circonflexe s'explique par analogie avec les finales en -âtre de blanchâtre, bleuâtre. Dérivé : idolâtrie. 3° Idylle, après avoir désigné le «petit tableau» ou le «petit poème lyrique conçu comme un tableau», s'est appliqué au «sujet» traité, généralement un thème amoureux (histoires tendres de bergers et de bergères comme les évoquent les idylles — poèmes — du poète grec Théocrite et du poète latin Virgile). D'où le dérivé idyllique = «qui évoque l'idylle; merveilleux comme les histoires racontées dans les idylles ».