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HOMME

HOMME. n.m. (lat. homo « homme »). La réflexion sur l'homme a toujours été au centre de la démarche philosophique. Les Grecs étaient convaincus qu'ils pouvaient se prononcer sur l'être de l’homme, définir son essence. Ils nous ont laissé l’idée de l’homme animal raisonnable, fait pour vivre en société, animal politique, corps et âme, grand et précieux par son âme, « plante non point terrestre mais céleste » (PLATON, Timée, 90). La tradition judéo-chrétienne a considérablement enrichi la conception que l'homme avait de lui-même en lui révélant son origine première et sa finalité. — Descartes a trouvé comme évidence première celle de sa réalité substantielle comme « chose qui pense », c’est-à-dire «qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent » (Méditation deuxième). En dépit des difficultés que rencontre la philosophie pour penser l’unité de l’homme « corps et âme », la pensée, l’exigence morale, l'amour désintéressé, la volonté, la liberté, le sens esthétique sont des faits majeurs qui s'imposent dans le concept de l'homme. — De nos jours, l’homme est l’objet d'une étude scientifique. Les multiples sciences humaines nous rendent de grands services ; elles nous font connaître tous les déterminismes auxquels l’homme est soumis en tant qu’être de la nature et nous permettent de les maîtriser. Mais elles ne répondent pas à la totalité de la question : Qu'est-ce donc que l'homme ? L’homme contemporain souffre d'une crise d’identité. Une reprise de l'anthropologie philosophique est, actuellement, urgente.

homme, être vivant doué de raison. — La question de l'homme (qu'il s'agisse de la question métaphysique de sa «nature» ou de la question morale de sa « destination ») constitue l'intérêt fondamental de la philosophie moderne. Celle-ci se distingue ainsi des philosophies du passé, pour lesquelles le problème central était celui de l'existence du monde extérieur (Berkeley, Hume, Kant), ou celui de l'existence et de la nature de l'âme seule (Descartes). L'homme désigne la totalité concrète d'un corps animé et d'une âme intelligente. Peut-on vraiment connaître ce qui est humain et comment peut-on le connaître : tel est le problème philosophique d'aujourd'hui.

1. La constitution de la science de l'homme. Après Hegel, qui a découvert que l'« histoire » pouvait être une méthode de connaissance des réalités humaines, c'est A. Comte qui a, le premier, parlé d'une « science de l'homme ». Son problème était de fonder une science véritable, une sociologie et une psychologie « positives », qui dégageraient la connaissance de l'homme des interprétations subjectives que nous suggèrent les passions et les émotions. Mais il ne trouva rien d'autre que de transposer les méthodes des sciences de la nature au domaine des « réalités humaines ». De ce point de vue, la « philosophie positive » n'apporte aucune méthode adaptée à la connaissance de l'homme comme intériorité et personnalité. C'est Dilthey qui est le véritable fondateur de la « science de l'homme ». Selon lui, la science devait se définir comme la « théorie des intuitions du monde » (Welfanschauungslehre) ; il groupait ces intuitions du monde sous trois rubriques selon que dominaient en elles l'élément sentimental (religion), l'élément rationnel (science) ou l'élément volontaire (morale) : la science de l'homme se décomposait fondamentalement en philosophie de la religion, théorie de la science et morale. La méthode générale de la science de l'homme devait être la « compréhension », et Dilthey opposait I'« explication » des réalités physiques à la « compréhension » des phénomènes humains. « On n'explique pas un homme en colère, on le comprend », écrira Jaspers; et fous les hommes peuvent comprendre la relation de l'injure à la colère, bien qu'il ne s'agisse pas d'une relation causale de type physique, mais d'une relation spirituelle. C'est cette universalité qui confère à la méthode de compréhension une certaine objectivité. De nos jours, la connaissance de l'humain s'est approfondie grâce à la psychologie et à la sociologie : 1° la psychanalyse, ou « psychologie des profondeurs », a révélé l'existence d'une personnalité seconde, inconsciente et agissante, cachée sous les traits de la personnalité superficielle et sociale; 2° la sociologie a découvert qu'un individu peut changer totalement si on le prend isolément et qu'ensuite on le prend en groupe. L'homme paraît donc « ondoyant et divers »; et, bien que Jung ait déduit de ses analyses psychanalytiques l'existence d'une vocation religieuse de l'homme, la psychanalyse et la sociologie les plus modernes se refusent à parler d'une « nature » de l'homme : le sociologue constate les ressources infinies de l'adaptation humaine, et le psychologue découvre l'impossibilité, pour les personnes analysées, de se reconnaître jamais totalement dans les images d'elles-mêmes qu'on leur découvre. L'homme est libre, et par là rebelle à toute science objective.

II. Le problème philosophique de l'homme. II se définit comme la recherche d'une synthèse globale de tous les aspects de l'homme. La tâche est de « révéler l'unité d'une fonction générale qui coordonne toutes les créations de l'homme et présente le mythe, la religion, l'art, etc., comme des variations sur un même thème » (Cassirer). L'homme serait toujours identique à lui-même dans toutes ses manifestations. Toute la difficulté vient de ce que la philosophie contemporaine (l'existentialisme, la phénoménologie, la philosophie réflexive, le marxisme) veut saisir l'homme total, non plus partagé arbitrairement en « activité, affectivité et connaissance », mais à la fois comme action, sentiment et raison. Disons qu'elle n'y est pas encore parvenue. Mais n'est-il pas contradictoire de vouloir connaître « par sa pensée » une existence en elle-même irrationnelle? Et, puisque c'est seulement dans l'expérience de la vie que l'homme peut réellement connaître l'homme, ne faut-il pas conclure qu'en l'absence de toute solution spéculative la solution se trouve dans une « philosophie engagée » (Sartre, Merleau-Ponty, Jaspers)? L'homme est moins à « connaître » qu'à « réaliser ». III. La véritable science de l'homme est la morale. Son problème est celui de la destination de l'homme dans le monde. On peut distinguer, à ce sujet, les morales « formelles » (Kant), qui affirment que l'homme doit agir « par devoir », sans préciser concrètement le contenu des devoirs qu'il doit réaliser; et les morales « concrètes » (Fichte, Max Scheler), qui identifient le devoir avec la « vocation », la loi profonde et créatrice d'une personnalité. Comment l'homme peut-il connaître sa destination? Il n'en a pas une connaissance théorique positive, mais une conscience pratique négative : il prend conscience des fausses orientations qu'il donne à sa vie, et sa destination véritable se dégage de ses erreurs par une « théologie négative pratiquement vécue » (Scheler). C'est en travaillant, en prenant conscience de ses limites et de ses véritables possibilités, que chaque homme peut connaître et réaliser sa voie, qu'il pourra « faire et, en faisant, se faire » (Nietzsche).

Homme

Du latin homo, « homme ».

Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l’espèce Homo sapiens (« homme sage »). • Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique ». Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature l'aurait pourvu du langage. • Rousseau observe, dans la préface de son Second Discours, que la connaissance de l'homme est « la plus utile et la moins avancée de toutes les connaissances humaines ». • Pourtant, depuis l'émergence des sciences humaines (xixe siècle), l'homme, qui était sujet de la connaissance, est devenu lui-même objet de la connaissance - mutation qui risque, selon Michel Foucault, d’entraîner la dissolution même de l'homme (en tant qu'objet d’investigation scientifique). • Pour Sartre, l'homme n'existe que dans la mesure où il se réalise ; il « n'est rien d'autre que son projet ».

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