Databac

HOBBES : LA PROPRIÉTÉ N'EST PAS UN DROIT NATUREL

HOBBES : LA PROPRIÉTÉ N'EST PAS UN DROIT NATUREL

La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 place parmi les droits fondamentaux de l'homme celui de la propriété, qu'elle juge « inviolable et sacré ». On peut cependant nier, comme le fait Hobbes, que ce droit de propriété relève d'un quelconque droit naturel.

« Avant l’établissement de la société civile, toutes choses appartiennent à tous et personne ne peut dire qu'une chose est sienne si affirmativement qu'un autre ne se la puisse attribuer avec même droit (car là où tout est commun, il n'y a rien de propre). Il s'ensuit que la propriété des choses a commencé lorsque les sociétés civiles ont été établies, et que ce qu'on nomme propre est ce que chaque particulier peut retenir à soi sans contrevenir aux lois et avec la permission de la Cité, c’est-à-dire de celui à qui on a accordé la puissance souveraine. Cela étant, chaque particulier peut bien avoir en propre quelque chose à laquelle aucun de ses concitoyens n'osera toucher et n'aura point de droit, à cause qu'ils vivent tous sous les mêmes lois. Mais il n'en peut pas avoir la propriété en telle sorte qu'elle exclue toutes les prétentions du législateur et qu'elle empêche les droits de celui qui juge sans appel de tous les différends, et dont la volonté a été faite la règle de toutes les autres. »

HobbesLe Citoyen, VI, xv.

ordre des idées

1) Une thèse : « Avant l'établissement de la société civile », c'est-à-dire à l'état de nature, « toutes choses appartiennent à tous » en ce sens que chacun a le droit de s'approprier tout ce qu'il veut (en vertu du droit de nature fondamental selon lequel chaque homme à la liberté d'user comme il veut de son pouvoir propre pour conserver son être et jouir de la vie). En d'autre termes, à l'état de nature, tout est commun, et la propriété au sens strict n'existe pas.

2) Conséquence : La propriété au sens strict n'apparaît qu'avec l'établissement de la société et du droit.

3) Définition de la propriété civile : ce que l'on a et peut garder pour soi seul, dans les limites autorisées par la loi (c'est-à-dire par l'Autorité souveraine, par le pouvoir, source des lois).

4) Remarque : Cette propriété n'est pas absolue (pas inviolable), car elle ne saurait limiter la puissance de l'Autorité souveraine, qui peut donc toujours la remettre en cause.

Liens utiles